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Et si nous mettions fin à la violence ?

Dans notre famille nous avons décidé d'arrêter d'être violents avec notre chien. Oui, comme ça : pffiou ! Parce que nous croyons qu'un monde sans violence est bien plus agréable à vivre.

On arrête de lui crier dessus (vu ses oreilles aussi grandes que deux paraboles, c'était un peu stupide), on arrête de le frapper (avec ses crocs capables de couper un poulet en deux, vaut mieux pas lui montrer que ça se fait chez nous…), et on arrête aussi de s'exaspérer lorsqu'il ne fait pas bien quelque chose.

Bon, ok, c'est bien joli tout ça, mais sans violence vous faites comment ?

J'aimerais bien vous répondre tout en devenant énervante. Avec un truc du style : "Bah, on fait tout le reste." Gonflant, non ? Pourtant, c'est tout à fait ça. Quand on décide de ne plus utiliser la violence, en terme d'éducation, on est obligé de se concentrer sur le reste. On lui apprend les bons comportements. On soutient ses bonnes actions. On lui consacre un peu de temps pour qu'il soit heureux de vivre avec nous. On lui offre sa place. Et on réfléchie.

Parce que c'est un peu ça la différence entre un humain archaïque, pas capable d'user un autre outil que le gourdin, et un bon homo sapiens sapiens : la réflexion. Et quand je dis réflexion, je ne parle pas d'un long théorème de maths, ni d'une dissert de philo, mais juste d'un peu d'empathie, d'un peu de mémoire, d'un peu d'humanité.

Bien faire les choses, évite sacrément quelques embarras. Du genre avoir un chien agressif. Un chien peureux. Un chien qui ne connait pas sa place au sein de la famille, d'une communauté. Un chien qui n'est pas heureux parce qu'il ne fait jamais les choses correctement. Un chien qui finit abandonné sur un balcon.

Ne banalisons pas notre propre violence. Vous pouvez ressembler à ça dans les yeux de l'autre.

Mais, et s'il va trop loin ? Vous ne le frappez même pas dans ce cas ?

Et bah non. C'est un animal, voyez-vous. Un animal, c'est fragile. Et puis on part du principe qu'il ne désobéit jamais par malice. Il le fait parce que l'ordre ne lui plait pas, pour une raison qui lui est propre. Parce qu'il ne se sent pas capable de l'exécuter. Parce qu'il n'a pas bien compris ? Je ne dis pas souvent des gros mots mais… Dans tous ces cas, le frapper, c'est con.

Et s'il teste nos limites ? S'il veut voir jusqu'où on va ? Vous croyez vraiment que ce qu'il veut voir, c'est que ses maitres sont capables d'être violents avec lui ? Vous croyez vraiment que le cabot, il va être désagréable avec nous, juste exprès, de façon claire et prémédité, pour qu'on le frappe ?

Non, mais vous croyez vraiment qu'elle a envie d'être frappée, notre boule de neige musclée ?

Alors, je vous vois avec vos grands airs et vos haussements d'épaules : ne croyez pas surtout pas qu'on a un chien parfait. Enfin, si, il est parfait : quatre pattes, une belle queue touffue, des coucougnettes bien descendues, des dents blanches, une intelligence hors du commun. Il est parfait mais il ne fait pas toujours tout comme on le voudrait. Du genre, il bouffe TOUT dès qu'on le laisse un peu seul. Il fait le cirque. Il fait le zouave devant nos voisins qui craignent (quoi ? je ne sais pas) pour leur York flippé du slip.

Dès que je dis : “Regardez comme ce chien est bien élevé ! Jedi, attends-assis!”, il se sauve mettre les vaches du voisin en un cube bien compact. Le truc qu'en ordinaire, il ne ferait jamais. Voilà, il est parfait. Mais nous en tant que nouveaux éducateurs bienveillants, nous faisons parfois des erreurs, nous ne nous comprenons pas toujours, nous n'avons pas toujours l'idée du siècle qui va tout arranger. Dans le genre dire : “On rentre !” plutôt que “Au pied !” à un chien qui fait sa tête de mule. Ce genre de détail qui nous rend meilleurs de jour en jour.

Eduquer dans la bienveillance n'est pas toujours facile. On est placé face à ses propres faiblesses, tous les jours, du matin au soir. Il faut accepter qu'on éduque une autre personne que soit. Une personne qui ne connait encore rien à des codes établis bien avant sa naissance, une personne qui a tout à apprendre. Enfin, je voulais dire un chien. Parce que c'est bien de mon chien que je vous parle là. Un chien qui doit tout apprendre d'un couple d'humain.

Cette démarche, nous la faisons pour notre confort personnel mais également pour enrichir l'humanité. Parce que nous savons que la violence engendre la violence. Que lorsqu'elle est banalisée, admise dans l'éducation, elle est enregistrée comme une alternative possible au dérangement. Votre voisine fait quelque chose qui ne vous plait pas ? Bah, allez donc la menacer devant chez elle, ce n'est rien ! Vous voyez ce que je veux dire… ?

Je ne sais pas comment vous vous débrouillez avec vos enfants, mais l'atmosphère est bien plus paisible depuis que toute la famille, humains et animaux, s'est mise à la bienveillance.

Pour une fois qu'une mode promet de rénover notre société, foncez !

Jedi : “Ne me demandez rien entre 10h et 17h… Je dors !”

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Céline.

Et si ça tournait mal… ?


Ce soir, je ne vais pas terminer l'article que j'avais prévu pour vous.

Ce soir, mon voisin est venu cogner à ma porte pour me menacer. Parce que j'avais déplacé sa poubelle.

Je suis choquée par la tournure que les événements ont pris.

Après tout, ne l'avais-je pas cherché ? J'ai déplacé la poubelle alors que je savais pertinemment que mon voisin est une personne très territoriale, et qu'elle a tendance à confondre ma propriété avec la sienne. Le problème vient d'ailleurs de là.

Voilà. Je l'ai cherché. J'ai vu. Mais je n'ai pas vaincu.

J'ai été agressée verbalement par mon voisin, devant la porte de mon appartement. Et je le vis mal.

Bonne soirée à vous.
Moi je vais tenter de me changer les idées.

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Céline.

Tu as dit moléculaire

Avec le temps, j'avais tendance à oublier. Je ne me rappelais plus que tout ce que j'ai offert à ma fille, je n'ai pu le faire que parce que tu me l'avais offert bien avant.

Tu est arrivée plus tôt que prévu. La petite loutre finissait de manger, alors tu as à peine pris le temps de nous saluer pour t'asseoir à côté d'elle et l'aider à finir son assiette. L'adorable t'a acceptée à ses côtés sans réfléchir. Elle t'a fait un petit bisou et vous avez mangé ensemble comme si notre maison était aussi la tienne. C'était clair et naturel. La grand-mère, pourtant encore bien jeune !, et sa petite-fille, assises à table côte à côte. Pourtant tu habites bien loin et pourtant vous vous voyez très peu, si bien que la petite loutre n'est pas gênée d'appeler "Mamie" toutes les dames de vingt ans plus âgées que sa mère. Ca en vexe certaines, les autres trouvent ça mignon. Moi je réponds toujours : "Peut-être, je ne sais pas si c'est une mamie. Mais je suis sûre que c'est une dame." Alors l'adorable me dit oui, comme elle dit oui à tous les mots qu'elle n'arrive pas à dire elle-même mais qu'elle connait quand même.

Le lendemain soir, nous étions tous assis au tour de la table. L'adorable avait mis beaucoup de temps pour se coucher, peut-être craignait-elle qu'à son réveil tu ne sois partie ? Les cartes entre les mains, nous venions de t'expliquer les règles et c'était à ton tour de jouer. Tu ne voulais pas te lancer. Tu voulais passer ton tour. Je connais bien ta timidité. Tu ris facilement, mais tu n'oses pas toujours faire une blague. C'est vrai qu'elles tombent parfois à l'eau, ou alors tu rigoles tellement en les racontant qu'on ne comprend pas bien l'histoire. Mais nous faisions silence, nous attendions ton tour. Je t'ai dit que tu étais obligée de jouer, que tu ne pouvais pas attendre le tour suivant. Tu as tourné autour du pot, tu perdais tes mots en nous expliquant ton désarroi et puis tu t'es lancée.

Je ne saurais pas comment décrire de quelle façon je t'aime, ma petite maman. Tu es énervante lorsque tu me répètes mille fois la même chose et pourtant tes remarques me rassurent toujours. Lorsque je te parle de l'éducation de ma fille, tu as peur je crois de ne pas avoir bien fait, avec nous, mes frères et moi. Alors je te dis que nous sommes tous heureux et épanouis, que c'est ce qui compte, et tu es contente. Est-ce que tes yeux ne brilleraient pas plus si je te disais que je te suis reconnaissante d'être capable d'aimer, d'être heureuse, de vivre mes rêves et d'être libre dans mon intelligence ? Je sais que la vie que j'ai choisie te fais un peu peur, et que si tu savais vraiment, tu le serai encore plus, et pourtant c'est bien en partie grâce à toi si je suis ainsi.

Quand tu nous as dit ton mot, j'ai tout de suite su qu'il était parfait. Tu avais tout compris. C'était mystérieux et à la fois simple. Tu as hésité quelques secondes, tu avais peur de t'être plantée, et puis en voyant nos têtes tu as été plus sûre de toi. Tu as fait la modeste, mais nous te l'avons interdit : "Il est super ton mot maman ! Ca ne va pas être facile, mais c'est parfait !" Tu as rougi, à moins que tu avais déjà rougi avant ? Je ne sais plus. Je t'ai trouvé belle. Belle comme une maman, une femme heureuse, qui a une famille qui devient grande, des enfants en âge de se marier, une petite fille en pleine santé, des cheveux colorés et la peau fine. Tu n'as peut-être pas percé tous les secrets de la vie, mais la tienne est déjà très belle et complète. Tu prends une petite voix feutrée lorsque tu répètes des commérages, mais tu restes incapable de dire la moindre méchanceté.

Quand je tombe sur des photos de toi d'il y a quelques années, j'ai l'impression de me voir avec des vêtements des années quatre-vingt-dix. Des rayures, des T-shirt larges, des cols ronds, des ceintures plates sur les robes. Nous nous ressemblons tellement et pourtant je crois que nous avons une vision du monde et des rêves très différents. Dans le jeu, tu as dit : "moléculaire". C'était parfait. Précis, savant, sans être élitiste. Libre d'interprétation. J'ai retrouvé ta carte parce que, pour moi, c'était carrément toi qui était dessinée. Un coeur pulsant dans un feu ardent, sous une cloche de verre. La chaleur de la vie. Un certain conformisme. Le plaisir d'offrir et la peur de ne pas être suffisamment présente. C'était tout toi, ma chère maman. Quand une jeune mère peut reconnaître les cris de son enfant dès le premier jour, sache que ta fille te reconnaîtra toujours, quelque soit la distance, même entre mille autres femmes pourtant gentilles avec elle.

Maman, tu seras toujours ma maman. N'aie pas peur de ne pas assez me donner, j'ai déjà tout reçu de toi.

Elle est trop belle ma Maman !

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Céline.

Ils sont là !

Quelle ne fut pas mon émotion lorsque j'ai vu l'ENORME camion reculer dans la cours pour s'approcher du bâtiment. Gueule grande ouverte, je voyais au fond de sa gorge une petite pile de cartons magnifique. Mon coeur battait. Je les ai tout de suite reconnus. C'était eux.

Je crois que vous l'avez compris, j'ai écrit un roman. Mieux que ça : j'ai fait un livre ! Un vrai, avec des pages, des mots dedans et une belle couverture dessus. Avec mon nom. Avec mes phrases. Mes idées. Mes rêves. Mes souffrances. Mais une histoire qui n'est pas la mienne. Un roman, quoi. De plus de 350 pages 140x210, un format idéal à tenir en main.

Et maintenant… Va falloir lui fatiguer les pages, à ce livre.
Et je compte sur vous !

Allez, permettez que je vous présente :

Ce que le souffle m'a donné
Céline Dehors

Ahila Naviskaïa, alors trop âgée pour connaître son âge, s'avance vers le siège des Nations Unies pour défendre les terres qui l'ont vue naître. Dernière descendante de son peuple disparu depuis plusieurs années, elle nous livre ici ses mémoires pour que chacun puisse toucher du bout des yeux la magie de la nature, la violence des hommes ainsi que leur amour.

356 pages.
15 €
Alors pour vous, chers lecteurs de mon blog, pour fêter l'arrivée de mes livres, pour fêter toutes vos visites ici-bas, j'ai décidé d'organiser un tir4ge 4u s0rt. J'ai trouvé pour l'occasion un super partenaire (moi ^^) qui est prêt à mettre en jeu deux livres !! Il y aura donc deux gagnants !

Qui peut participer ? Tout le monde ! Il suffit pour cela de poster un commentaire sous cet article et d'envoyer un e-mail à l'adresse suivante : celine2hors(petit "a" commercial)gmail.com en précisant le pseudo que vous avez choisi pour votre commentaire, que je sache qui est qui. Donc, après réflexion, tout le monde peut participer sauf les anonymes qui n'ont pas d'adresse e-mail ! Il reste quand même du monde…

Pas besoin de poster quoi que ce soit sur Facebook ou ailleurs, juste un commentaire et un e-mail. Déjà si vous faites trop de pub aux alentours, il y aura plus de participants et ça va réduire vos chances de gagner, et puis je n'ai pas trop envie d'attirer des non-lecteurs du blog. C'est VOUS que j'ai envie de remercier.

Et je suis certaine que dès que le concours sera passé, vous n'hésiterez pas à faire un peu de pub autour de vous !

Je vous dis ici clairement comment participer :
  • inscription possible jusqu'au 13 septembre 2015 minuit.
  • pour s'inscrire : poster un commentaire sous cet article + envoyer un email en précisant votre pseudo
  • deux gagnants choisis par deux tirages consécutifs sans remise.
  • le livre pourra être envoyé sur les territoires suivants : La France métropolitaine, Guyane, Guadeloupe, Martinique, La Réunion, St Pierre et Miquelon, St Barthélémy, St-Martin, Mayotte et Monaco, Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, y compris Liechtenstein, Saint-Marin, Vatican.

Le tirage au sort aura lieu le 15 septembre 2015.

Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas !

Bonne chance !

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Céline.

Lettre ouverte à la Paix


Chère madame Paix,

J'ai appris au cours de ma vie deux-trois choses à votre sujet. Deux-trois choses, ce n'est rien, et pourtant je me sens riche de cette connaissance tellement elles m'ont été difficiles à obtenir. J'ai peu à peu compris pourquoi vous étiez si précieuse, pourquoi il était important de faire la paix, mais aussi pourquoi vous êtes si difficile à trouver.

Paix, vous êtes lorsque les deux entités qui se faisaient la guerre ont décidé de se pardonner et ont trouvé entre elles un état où ni l'une ni l'autre ne se sent lésée. Paix, vous êtes lorsqu'il y a eu réparation, reconnaissance de la souffrance de l'autre, ouverture, compréhension, partage. En fait, on ne peut pas faire la paix tout seul. Il faut que les deux partis veulent la paix pour l'avoir. Vous ne pouvez pas être en paix avec quelqu'un si ce quelqu'un n'est pas en paix avec vous.

Paix, vous êtes si importante car lorsque vous êtes installée il n'y a plus de blessures, sans qu'il y ait besoin de vainqueur. En ce sens, vous êtes magnifique, vous la paix, et ceux qui ne veulent pas de vous s'enlaidissent chaque jour.

tha thứ : le pardon. Je ne savais pas qu'il était aussi difficile
d'être pardonnée que de pardonner soi-même.

Voyez-vous, je vous écris parce que j'ai besoin de vous. J'ai besoin que vous vous installiez entre moi et un autre. Cet autre, je le connais depuis longtemps. Et depuis bien longtemps nous nous blessons mutuellement tout en tenant à rester proches l'un de l'autre. Vous l'avez bien compris, il s'agit là d'un conflit de longue date qui ne veut jamais se finir. De vous, la paix, j'en voudrais bien mais j'ai l'impression que dès que lance mon processus de paix, l'autre en profite pour se venger et utilise la moindre de mes erreurs pour crier haut et fort mon manque de sincérité : "Céline ! Si tu voulais vraiment faire la paix, tu ne dirais pas ça !" A force, je ne sais pas quoi faire.

Comment faire la paix avec quelqu'un qui n'est pas prêt à vous recevoir ? Comment être pardonnée par quelqu'un dont je ne comprends même pas ce qui le blesse ? Dois-je accepter la situation, encaisser quelques attaques malsaines, le temps que sa rancoeur soit satisfaite, si elle est satisfaite un jour ? Qu'est-ce que j'aimerais avoir la paix le temps que nous le soyons tous les deux, en paix !

Je crois pourtant que je suis prête. Je ne le juge pas. J'ai compris nos différences et je les respecte. Je me contente de ses réussites, j'accepte ses choix. Si jamais nous avions la paix, l'un et l'autre, ce serait réciproque, n'est-ce pas ? Je pourrais lui parler sans avoir peur de toucher à la petite bête qui le grâtouille, sans craindre de le fâcher. Au lieu de cela, dès que nous nous voyions, je me force à disparaître, pour ne pas rallumer la mèche d'une bombe qu'il met sous mon nez. C'est fatigant. Je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Paix, vous avez dû en voir des milliers, des situations comme la mienne.

Je me doute bien qu'il doit en avoir sur le coeur lui aussi, pour ne pas vouloir de vous. Mais, je suis là. Je l'aime bien, cet autre, je voudrais passer de bons moments avec lui, compléter les souvenirs que j'ai déjà de lui. Je me doute bien que ça ne doit pas être facile de son côté, s'il rumine encore des ressentiments, si je continue à nourrir ses peines par mon ignorance. Si seulement il me disait, si seulement il n'avait pas peur de vous, de voir qu'en fait, tout ça, c'est fini. Car moi, je suis prête à nous aider, à l'écouter et à le comprendre. Après tout, ne suis-je pas sa sœur ?

J'attends de vos nouvelles, madame Paix, et je vous souhaite de trouver des lieux agréables où  vous installer en attendant de pouvoir habiter chez moi.

Bonne route.

Céline.

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Céline.

Et s'il suffisait d'se lancer ?

Parfois j'ai l'impression que la vie est trop courte pour pouvoir compter jusqu'à trois. Alors je fais un pas, loin devant moi et… le pas ne touche jamais le sol car on a tiré le tapis que j'avais sous mes pieds. Ca doit bien vous le faire, vous aussi, non ? Vous êtes prêt à avancer droit devant vous et puis non, vous perdez votre courage, ou quelqu'un vous tient par la manche, ou alors vous vous rendez compte que vous avez oublié votre téléphone portable sur le guéridon de l'entrée. Vous vous lancez, et puis non, vous faites demi-tour.

Ca peut bien tomber, hein, j'dis pas. Il y avait de toute façon une crotte de chien sous le pas que vous vous apprêtiez à poser. Ou un billet de banque. On ne sait jamais, ça peut glisser un billet de banque. Mais voilà. Vous restez à la même place. Même que parfois, moi, je fais carrément marche arrière. Et ça me saoule. Ça me pèse sur le ciboulot parce que sais, qu'en fait, il suffit de se lancer. Une bonne fois pour toute. Et puis, fis des crottes de chien ou des peaux de banane ! J'y vais !

Plutôt pas mal comme gars, hein ? C'est un comme ça que je veux !

C'est pourtant facile. Je marche droit devant moi, qui m'aime me suive et les autres tant pis parce que des autres j'en trouverai bien à foison sur mon chemin. C'est comme ce mec, là, que j'adore. Je coucherais bien avec lui s'il voulait lui aussi mais, voilà… Il n'a pas la coiffure qu'il faut. Je lui dis, gentiment : dis, tu voudrais pas te couper les cheveux ? Et bien, il se vexe ! Il me dit qu'il faut faire avec. Non mais oh ! On n'inverse pas les rôles ! Je couche avec qui je veux. Je voudrais bien avancer un peu mais… je ne peux pas ! Je ne peux pas parce que j'espère. Je me dis que ses cheveux vont bien être coupés un jour à l'autre et là… ce sera le gars parfait et vous le verrez toutes les semaines en photo sur mon blog ! Comme celui de la photo de mon article en fait.

Rêve toujours. Les autres, c'est comme la vie, on n'en fait pas ce que l'on veut. Et ça se saurait s'ils voulaient nous plaire. En fait, les autres et la vie, c'est pareil. Vous en rencontrerez toujours, quelques soient vos choix, et ils seront toujours là pour, à tour de rôle, vous aider ou vous enquiquiner. Vous enquiquiner la vie, j'dis bien.

Alors je reviens à mon sujet d'aujourd'hui : et s'il suffisait d'se lancer ? Il pleut aujourd'hui, donc, je ne dis pas pour aujourd'hui, entendons-nous bien, je parle au futur. Enfin, au conditionnel, avec un sens de futur. Pour faire simple : dès qu'il fait beau, je me lance, ça vous pose un problème ? Je prends ma fille sous le bras droit, mes 200 kilos de livres sous le bras gauche, et j'écume les routes de France avec le sourire aux lèvres.

Il y en aura toujours pour me dire que "écume" n'est pas un vrai mot. Comme "dérivatif". Sauf que c'est exactement ce que je veux dire. Dans les mots et dans la vie, c'est pareil. Il suffit d'y croire. Et j'y crois ! C'est pas celui qui, quand je dis "arrête de manger comme un cochon", me rétorque "t'es méchante, tu dis que je suis un cochon", qui va m'arrêter. Alors je lève le pied. Pas pour ralentir (j'ai beau avoir mon permis, c'est pas pour ça que je passe ma vie dans une voiture) mais pour avancer. Faire un pas, un peu plus loin que celui d'avant. Je suis prête à le poser. Je vois les visages qui se vexent derrière moi. Je voudrais bien leurs dire que je m'en fiche, qu'ils n'ont qu'à venir, eux aussi, et puis en fait, c'est trop tard. L'attraction terrestre a fait le boulot à ma place.

Je suis tombée. J'ai froid. Je suis mouillée. Les vagues m'attrapent. La berge est trop haute. Je fais coucou de la main et je pars nager de l'autre côté.

Et s'il suffisait d'se lancer ?

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Céline.

Et je lui ai dit oui !


La pression pesait sur moi. J'ai eu peur soudain de m'être trompée, comme lorsque j'étais dans l'avion, seule, pour le Québec et que je ne savais plus ce qui m'avait menée là. Je me suis relue, je ne voulais pas faire d'erreur dans mon nom, dans le sien, car ça, je n'aurais pas pu l'accepter. Enfin, les autres l'auraient vu, non ?, s'il y avait une erreur là-dessus.

Et j'ai dit oui.

Des centaines d'exemplaires.

Comme une mariée, je signe pour toute une vie, et même au delà. Des centaines de petits enfants. Que deviendront-ils ? Finiront-ils au fond d'une cave, les pages gondolantes d'humidité ? Serrés comme dans un métro à l'heure de pointe, tout en haut de la plus haute étagère d'une bibliothèque ? Annotés par une personne trop critique qui n'aurait pu supporter leurs quelques imperfections ? Lus et relus, la couverture plissée et les pages se décollant presque, les coins cornés, au fond d'un sac de toile ? Ce qu'ils deviendront, je n'en saurai probablement rien, ce que les gens penseront d'eux n'arrivera peut-être jamais jusqu'à moi…

Et pourtant j'ai tout donné. Mon coeur. Mon temps. Mon travail. Ma créativité. Mon espoir. Plus de onze mois de travail pour écrire, pour financer le projet. Le seul livre que je ne voudrai jamais lire. Je commence déjà à préparer la femme que je serai dans quelques années, plus mature, plus expérimentée, plus grande, pour qu'elle sache me pardonner les petites imperfections de ce premier livre. Les répétitions qui sont passées à la trappe, le "e" à la fin d'un participe passé qui n'avait rien à faire là, l'accent aigus alors que le temps était trop grave pour jouer. Oh misère !

Excusez-moi de vous révéler tout ça, de vous dire tout ça alors que je devrais au contraire vous le vendre, ce livre. Mon livre, mes petits quadri-centuplés que j'aime tant, tous partis chez l'imprimeur pour se faire tatouer d'un roman tellement merveilleux qu'il donne des larmes et des frissons à ceux qui le lisent. Et qui le liront. Faites qu'ils le liront ! Qu'ils l'aimeront ! Qu'ils feront défiler les pages, arrosant leurs visages d'un air au doux parfum de papier. Qu'ils verront cette police magnifique choisie avec amour et sagesse. Qu'ils apprécieront les mots. Que l'histoire coulera au fond de leur coeur.

J'ai dit oui. Des centaines d'exemplaires.

Photo prise par ma fille ! A un an et demi, elle se débrouille pas trop mal, n'est-ce pas ?

Encore des mois de travail devant moi pour faire vivre ce roman. Pour le faire connaître. Des heures devant la glace pour savoir ce que je dirais, en quelques phrases, lorsqu'on me demandera : "Et il raconte quoi ?" Il raconte quoi ? Le monde, l'amour, la peine, le courage, la chance, la magie… En quelques phrases ? Comment ça, en quelques phrases, alors qu'il m'a fallut plus de trois cents pages pour à peine effleurer tout ce que je voulais vous dire ?

Oui, mais il raconte bien une histoire ? Oh oui, il raconte bien une histoire ! La longue histoire d'Oyun, cette femme qui avait décidé d'être immortelle pour ne pas mourir avant la renarde. La belle histoire d'Ahila, qui, pour payer ses faux papiers, devint un emblème pour sauver ses terres d'une industrialisation hasardeuse et dangereuse. L'histoire de celle qui connut mille vies, qui traversa la Mongolie, qui retrouva au milieu de nul part le chaman de Gobi, celui dont les paroles la plongeront loin au fond de la peur de passer à côté de sa vie. L'histoire d'une femme courageuse mais tellement sensible que le vol d'un aigle suffit à la nourrir.

Une histoire incroyable, et pourtant vous vous reconnaîtrez chez elle. Homme ou femme, vous vous reconnaîtrez. Je vous l'assure, parce que c'est de vous dont je parle, vous que j'ai rencontré au coin de la rue, sur une photo du web, dans un article de presse, au cours d'une embrassade, d'une histoire hasardeuse… Vous, vous dis-je !

J'ai dit oui. Malgré tous les risques, ça valait la peine. De vous faire exister, imprimés dans ces pages magnifiques.

Vous finirez entre les mains de ma Grand-Mère. Le livre ne lui est pas dédié, mais c'est comme si. Ma Grand-Mère dont le sourire a charmé mon enfance, dont les folies et la vie ont inspiré mon plaisir de vivre. Ma Grand-Mère dont je voulais entendre parler d'elle, parce que mon âme me dit tous les jours que si nous n'étions pas grand-mère et arrière-petite-fille, nous aurions pu être amies. Elle lira, elle lira ma moelle, la moelle d'une jeune femme qu'elle a aidé à grandir. Comprendra-t-elle que c'est elle qui, parfois, parle dans la langue à jamais disparue d'Oyun ?

Alors, à mon imprimeur, je lui ai dit oui. J'ai validé mon BAT. Pour toujours.

Et j'espère pour vous aussi. Allez ! Je vous invite bientôt à me lire, avec plaisir! 

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Céline.

La diversification alimentaire… Vue autrement !


Il y a bien longtemps que je voulais vous parler de la diversification alimentaire des bébés. Il me semble qu'il s'agit-là d'un sujet intéressant car avec la petite loutre, l'Explorateur et moi avons essayé une méthode très différente de ce que je vois autour de moi. On parle parfois de la diversification alimentaire autonome, je ne crois pas que c'est ce que nous avons réellement fait, bien que ça y ressemble beaucoup. J'écris cet article pour les parents qui aimeraient faire un peu autrement, qui ne veulent pas s'enquiquiner avec les purées et les petits pots, qui ne veulent pas continuellement donner à manger à leurs enfants à la petite cuillère. Dans un article précédent, je vous avais dit que nous avions au maximum rejeté tous les objets et les attitudes qui bébétisent les enfants, l'alimentation n'a pas échappé à la règle et le résultat est plutôt… concluant !

Les enfants sont généralement curieux et la petite loutre l'est jusqu'au bout des doigts ! A quatre mois, elle tendait ses mains vers la nourriture de maman et papa. Je voulais attendre ses six mois pour commencer à lui faire découvrir l'alimentation solide alors son intérêt me troublait quelque peu. Pour rigoler (oh la mère infâme que j'étais à l'époque !), j'ai coupé une petite tranche de citron pour elle et je lui ai offert, me disant qu'elle le jèterait bien loin, bien rapidement. Elle a vite porté sa petite tranche en bouche et une première grimace passée, a sucé l'intégralité du citron que je lui avais donné ! Il ne restait que l'écorce !! J'ai bien ri, mais j'ai réfléchi.

Elle savait à peine marcher que déjà elle faisait la coquine !

Si un bébé de quatre mois, sans dent, sans aucune expérience de la nourriture, est capable de manger une tranche de citron, il peut également manger une tranche de pêche, de poire ou de pomme de terre, n'est-ce pas ? De plus, il me semblait qu'elle avait parfois mal aux gencives, je lui ai donné des frittes de fenouil et de céleri crues à mâchouiller. La petite loutre aimait beaucoup le goût et je voyais qu'elle appréciait beaucoup partager son "repas" avec moi. Grâce à ces petites branches très fibreuses (dont elle ne pouvait tirer aucun morceau ni aucune chair, que du jus !), la petite loutre a appris à mâcher ! Elle savait parfaitement téter après quatre mois de pratique, entre ses quatre et cinq mois, elle a appris à mâcher. Si bien, que lorsque je lui ai proposé de la purée la première fois, elle voulait porter elle-même la cuillère à sa bouche, qu'elle essayait de mâcher, que ce fut un véritable désastre, qu'il y en avait partout, que j'avais passé un temps fou à la mixer cette foutue purée, que j'avais eu des pertes énormes, que j'avais utilisé quatre bavoirs pour un seul repas, que vraiment j'ai ri… mais un peu jaune quand même.

J'ai jeté le reste de purée, j'ai discuté avec l'Explorateur sur le sujet, nous avons pris notre décision. La petite loutre ne mangerait pas de purée. C'est trop pénible. Et la préparation des petits repas devinrent un véritable plaisir ! Je coupais quelques légumes en tranches, de façon à ce que la petite loutre, qui entre temps avait appris à se tenir assise, puisse bien les tenir dans ses mains, je les passais quelques minutes dans le cuit-vapeur avant de lui proposer dans une assiette. Et débrouille-toi !

La petite loutre ne s'est jamais étouffé parce qu'elle avait auparavant appris à mâcher, parce que ce que nous lui donnions était mou (carotte, pomme de terre, pomme, …, tout ça cuit à la vapeur, c'est facile à manger !), parce qu'elle faisait seule, qu'elle pouvait recracher à tout moment dans son assiette, parce qu'elle se tenait parfaitement assise. Et au fils des mois, nous avons vu les progrès. La nourriture ne tombait plus de sa chaise. Elle tentait de plus en plus de se servir de sa cuillère, en parallèle nous lui proposions de plus en plus de plats cuisinés, avec des sauces, des épices, des morceaux de différentes tailles, des yaourts… ! Nous avons quand même investi dans un magnifique bavoir pélican, qui nous a bien simplifié la vie.

Imaginez un petit bout d'à peine quelques mois, croquer dans une magnifique pêche, devant sa Grand-Mamie qui désespère à l'hôpital. Voyez le sourire de la Grand-Mamie ! "Oh regardez comme elle croque avec plaisir dans cette pêche ! Elle est vraiment incroyable. Et le noyau, elle le donne à sa maman ! Ça a déjà de la connaissance à cet âge-là, ça a déjà de la connaissance… C'est bon, la pêche, petite loutre ?"

Manger ainsi a beaucoup aidé l'adorable dans la découverte de l'usage de ses mains. Dès qu'elle a commencé la diversification, sa motricité fine a explosé ! Je pense que durant les repas, elle avait autant de plaisir en attrapant les petits grains de riz entre ses doigts qu'en les mangeant. Cela nous permettait également de lui laisser la responsabilité de son alimentation. Lorsqu'elle buvait au sein, je ne me posait jamais la question de savoir si elle avait mangé assez. Avec l'alimentation solide, nous avons gardé la même philosophie. Elle mangeait les quantités qu'elle désirait, je ne pesais rien, je ne préparais pas de portions. Parfois elle me disait : "encore !" et puis d'autres fois elle picorait plus qu'elle ne mangeait. En voyant le nombre d'enfants en surpoids dans les cours d'école, il me semblait important qu'elle comprenne l'importance de la sensation de satiété et qu'elle la respecte.

Maintenant, elle a un an et demi. Elle mange de tout. Viande, comme légumes, comme fruits. Un peu moins les oeufs car la texture ne lui plait pas trop. Nous ne salons que très peu nos plats, elle ne fait alors jamais bande à part. A table, nous apportons la grande poêle et chacun est servi selon sa taille, dans son assiette, et nous mangeons tous avec des couverts. Cuillère, fourchette, et même teau-teau. Je vois autour de moi les autres petits qui, a plus d'un an, tètent encore leur cuillère de purée, la langue sortie, ne savent ni mâcher ni tenir des couverts, et je me dis que c'est un peu gâcher leur intelligence. Enfin, d'ici peu, vers ses deux ans, tous la rattraperont et elle pourra enfin faire des gouters avec les enfants de son âge ! J'ai hâte !

Suivant mes observations de la petite loutre, je vous donne ici quelques recommandations dont vous pourrez vous inspirer si vous voulez tenter une diversification alimentaire similaire :

• Attendez que votre enfant se tienne assis, c'est plus facile pour mâcher et déglutir.

• Laissez-lui le temps de découvrir la sensation d'avoir un aliment dans la bouche, de mâcher. Les frittes de céleri et de fenouil ont été parfaites pour ça !

• Rappelez-vous qu'au tout début, l'enfant goûte plus qu'il ne mange et que les vrais repas, ceux qui remplacent le lait, ne viennent qu'au fur et à mesure.

• N'hésitez pas à l'aider à manger si c'est trop difficile pour lui, ou s'il est fatigué ou déconcentré par quelque chose ! Ne soyez pas fanatique ^^ Par exemple, un yaourt avec les doigts, c'est pas évident. En écrivant cette ligne, je me dis qu'un yaourt à boire pourrait être une bonne solution. A essayer !

• Pas de pression inutile s'il en met à côté, s'il fait tomber volontairement sa nourriture, s'il ne veut pas manger un jour, si un aliment ne lui plait pas. Expliquez-lui calmement que la nourriture n'est pas faite pour apprendre que les objets ne disparaissent pas une fois hors de sa vue, que manger est un privilège, qu'à vingt ans il saura manger aussi proprement que vous, qu'il n'a qu'à s'entrainer, qu'un beau bavoir peut l'aider…

• Ecoutez votre instinct de maman, moquez-vous de ceux qui vous disent que les bébés sont OBLIGÉS de manger de la purée.

J'ai pas une photo où la petite loutre ne sourit pas en mangeant !

Je vous souhaite plein de bonheur en partageant les repas avec votre nouveau petit omnivore !
ou autre chose, selon vos convictions :-D

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Céline.

J'ai vu la fessée


C'est mon petit voisin. Il n'est pas souvent là parce que ses parents sont séparés. Il vit entre deux maisons. C'est un jeune garçon, trop jeune encore pour aller à l'école, bien assez grand pour parler et désobéir à sa maman. Il est plutôt attachant. Il est en fait peau de colle. La petite bulle repousse sans arrêt ses avances. Il lui touche la bouche, les yeux, elle crie "non !" mais rien n'y fait. C'est un petit garçon qui manque un peu de confiance en lui. Il voit sa soeur et la petite loutre marcher en équilibre sur un banc, mais lui ne veut pas essayer. Il vole les jeux de sa soeur. Il ne veut pas attendre devant le toboggan. Mais il sourit tout le temps à sa maman.
Il m'a suivit dans la maison. Il voulait savoir d'où venait le chien qui aboie, il était déçu de voir que ce n'était pas chez moi. Je lui ai proposé un verre d'eau, il avait déjà disparu dans la chambre de ma fille. Il tournait comme un bourdon de jeu en jeu. Il en prenait un, le lâchait, en prenait un autre, le lâchait… Sans arrêt. Il renversait les perles, les billes de couleur, il mélangeait tout, les animaux avec les légumes. Il ne faisait rien. Je le suivais à la trace, rangeant au fur et à mesure derrière lui pour que la chambre de ma fille ne devienne pas un champ de bataille.

"Calme-toi, lui disais-je, je vais te montrer si tu veux mais calme-toi. Assois-toi ici… Non stop. Il faut que tu ne bouges plus. Stop !"

Et sa mère est arrivée. Elle n'a rien dit. Elle a prit son bras. Elle a tourné son fils de trois-quart. Une choré bien menée. Il ne bougeait plus. Elle a frappé ses fesses. Une petite fois. Mais devant moi. Il ne bougeait pas. Il ne se débattait pas. Il n'a pas pleuré. J'ai baissé les yeux.

Le petit voisin ne bougeait plus. Sa maman lui a demandé de ranger les perles. Il s'est empressé de les prendre à pleine main pour les poser sur l'étagère. Sans se dire qu'une perle, ça roule. Sans voir que je lui tendais un petit récipient. "Mais non ! Tu fais n'importe quoi ! Mets-les ici !" Sa maman criait des ordres à un pantin. Il n'arrivait plus à saisir la moindre perle. J'ai fini le rangement toute seule.

Et puis le petit voisin a fait un bisou à sa maman, il a pleuré dans son cou. "Dis au revoir à Céline !" Il a fait coucou de la main sans me regarder dans les yeux.

Ah ça oui, la fessée c'est efficace ! D'un petit garçon turbulent et sourd, vous faites un aveugle végétatif !

Et je vais accuser. J'en veux à notre société de ne pas apprendre aux parents comment élever leurs enfants dans le respect et la dignité. J'en veux à tout le monde lorsque j'entends qu'on ne peut pas faire autrement, que les enfants sont des manipulateurs-nés, que c'est essentiel à une bonne éducation. J'en veux à jenesaispasqui qu'on ne dise pas clairement que, même une petite tape punitive, peut faire souffrir un enfant. J'en veux toujours à ces gens-là qu'on s'indigne lorsqu'un mari frappe sa femme, lorsqu'on bat un animal, mais que ne dise trop rien lorsqu'une mère frappe son enfant.

Est-ce vraiment un choix d'éducation de frapper son enfant ? Même "pas fort" ? Qu'avons-nous appris à ce petit voisin ? Qu'il pouvait être humilié et battu devant sa voisine, comme ça, sans être prévenu. Et je crois que la plupart des défauts de comportement que j'ai noté chez ce petit garçon sont dus à la fessée. A la violence.

J'ai vu mon père fesser mon frère. Le fesser parce qu'il avait frappé ma mère. On s'aligne comme les Dalton, les plus grands frappant les plus petits. J'ai vu un jour les muscles se bander sur les bras de mon autre frère, je l'ai vu me menacer, parce que notre discussion lui faisait de la peine.

Chers parents, réfléchissez.

Merci à Cendra et son article d'avoir réveillé mon envie de parler de ce sujet.

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Céline.

Ecrire et les mathématiques


Ecrire a toujours fait parti de moi. Même lorsque je ne savais pas écrire. J'invente, je crée, je transmets d'une manière à ce que l'autre ne puisse que m'entendre, jusqu'au bout. Et puis je le laisse posséder l'idée à son tour. Il en fera ce qu'il veut, mon travail est terminé lorsque le dernier mouvement a été transmis dans toute son amplitude. J'aime ce métier au plus profond de mon coeur et pourtant, si vous lisiez mon CV, jamais vous ne vous seriez dit que je pouvais l'exercer. Car, voyez-vous, j'ai fait des mathématiques.

"Et toi, tu travailles où ?
- Moi, je suis écrivain, je travaille principalement chez moi.
- Ah bon ? C'est étrange d'être écrivain après avoir fait maths spé.
- Non, pas vraiment. C'est une bonne formation pour être écrivain, vous savez."

Analysons un peu mes études. Au lycée général, comme en classe préparatoire, j'avais toujours littérature-philosophie et mathématiques dans mon emplois du temps. Que faisions nous en lettres ? Nous étudions des textes. Nous les analysions, nous les décortiquions. Nous repérions les figures de style, les intentions de l'auteur. Et que faisions nous en mathématiques ? Nous créions. Nous imaginions des mondes étrange. Parfois certains étaient peuplés d'une infinité d'êtres parfaitement déterminés et distincts, possiblement descriptibles en quatre dimensions. Ses êtres étaient capables de s'attrouper, ils étaient également capables de reproduire des chorégraphies linéaires. Les attroupements et l'ensemble de motifs appartenaient encore à leur monde ?

Et à votre avis, là je fais quoi : lecture, maths ou écriture ?
Mes "fans" sauront où trouver la réponse…

Les mathématiques me faisaient entrer dans des univers fantastiques. Je devais déplacer les personnages, les tordre, leurs faire vivre des aventures incroyables afin de faire ressurgir leur personnalité. Et puis je touchais à leur monde. J'en découvrais les limites, je l'agrandissais, je le réduisais à l'infiniment petit, et les petits êtres répondaient à la perfection à chacune de mes expériences. Parce que les entités mathématiques ont cela de magique : il n'est pas possible d'oublier la moindre caractéristique, nos petits sujets en perdraient leur valeur. Il faut faire avec, se jouer d'elles et en comprendre les conséquences. On manipule un monde miniaturisé pour qu'il tienne sur les lignes d'un papier, un monde dont il faut respecter chacune des lois. Les mathématiques ne sont pas la répétition sportive d'un exercice, c'est davantage se tenir dans le rôle d'un créateur respectueux et équitable.

Petros Papachristos : "[…] En réalité, l'attitude psychologique
d'un véritable mathématicien
est plus proche de celle d'un poète ou d'un compositeur,
c'est à dire de quelqu'un qui a affaire avec la création de la Beauté,
qui recherche l'Harmonie et la Perfection. […]",
écrit par Apostolos Doxiadis, son neveu.

La création en français m'a longtemps posé problème. Parce que je n'avais pas encore compris que ce que je pouvais parfois si bien faire en mathématiques, devait être aussi fait en français. Je n'avais pas compris qu'écrire devait être comme de prouver la conjecture de Goldbach : un travail de l'Univers, creuser jusqu'à rencontrer la moelle du monde, sans temps limité, sans trouver jamais le point final. Mais créer sur son passage, avec perfection, ne pas faire de fausses notes, tracer avec légèreté et plénitude un point de vue nouveau sur ce qui nous a toujours paru évident.

Ecrire est si proche des mathématiques. Comment peut-on encore s'étonner lorsque je raconte que j'ai étudié sur les deux tableaux ? Ce n'est pas une vue de l'esprit, ce n'est pas la gentille défense des mathématiciens contre leur réputation d'humains sans poésie, c'est une réalité que j'ai vécue et comprise bien tard. Non pas au détriment des mathématiques (ahah ! J'avais toujours un professeur sur le dos pour m'encourager dans cette voix), mais à celui de l'écriture.

L'une de mes amies a écrit récemment un article parlant de cette autre écriture justement. Ecrire c'est plutôt facile —comme de compter—, mais écrire pour créer c'est tout autre chose —comme de faire des mathématiques. Une phrase, un synonyme, une virgule, peut changer tout un univers, peut changer l'idée transmise, peut changer le mouvement d'un être qui, pris dans l'apesanteur de la poésie, dérivera jusqu'au bout du monde. Si bout il y a.

On lit, on ne se rend pas compte. On écrit parfois sans en avoir conscience. Et pourtant, ça se saurait si c'était si facile. Personne n'aurait alors peur des mathématiques.

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