Cela fait maintenant plus de trois mois que nous vivons dans notre petit camion et je tiens à vous dire que cette vie-là nous convient très bien. C’est un plaisir pour moi de l’écrire ici car je suis certaine de ne pas me prendre en réponse le moindre « Oh, moi, je ne pourrais pas ! » Non mais franchement, qu’est-ce que je peux dire après ça ?
J’ai tenté plusieurs petites phrases pour répondre à cette réplique et je me tâte bien à créer ici un sondage pour que vous m’indiquiez laquelle est la plus appropriée.
Il y a la simple : « Moi ça va. » mais qui ne relance pas plus l’échange que ça.
Il y a la curieuse : « Pourquoi ça ? » où vous êtes sûr à 80 % de recevoir une réponse bidon du genre la télé, le traintrain ou l’aspirateur.
Il y a l’agacée : « Décris-moi donc ta vie, que je te dise si moi je pourrais tenir une journée… » (en vrai, j’ai jamais osé répondre ça mais je le pense souvent)
Il y a aussi la réponse désabusée : « On a tous des vies différentes vous savez. » mais allez savoir ce qu’on entend vraiment pas là ?
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A chacun son chemin |
Ce n’est pas tellement que je remets en cause le fait que tout le monde ne pourrait pas vivre de cette façon, c’est juste que cette phrase est dite avec tant d’empressement qu’il est évident que la personne n’a pas réfléchi une seule seconde à ce que cela signifiait. C’est une récitation. Un truc appris, implanté ; puis répété. Et l’énergie que je dois dépenser pour rallumer les modes « empathie » et « réflexion » chez mon interlocuteur me fatigue profondément. Faites gaffe, je vous le dis. Ca peut arriver à tout le monde ce genre de phrases, dès qu’on rencontre quelqu’un qui a une vie un peu différente. Et c’est épuisant.
Je vois deux axes pour réfléchir à la façon dont vous pourriez ou non vivre selon le même mode que nous : il y a déjà l’aspect matériel des choses, puis l’aspect culturel. Je compte bien aborder ces deux points dans ce blog et il me semble plus pertinent de commencer par l’axe matériel, histoire de nous mettre dans le bain avant de voir la suite avec vous.
Le milieu
Notre camion est un lieu étroit et mobile qui se ballade principalement dans la campagne française. L’ensemble de nos solutions et contraintes matérielles sont dirigées par ces deux caractéristiques : le manque de place et le fait que nous changeons de lieux très régulièrement.
Très vite, vous vous apercevrez qu’effectivement vous ne pourriez pas faire comme ça si vous ne vivez pas également dans un lieu étroit et mobile. C’est une chose qu’on oublie très souvent : notre mode de vie dépend énormément de notre milieu. Vous changez de ville, vous changez de comportement. Vous changez de maison, vous changez d’habitude. Vous changez de mode de vie, vous changez automatiquement toutes vos façons de faire. Mais vous ne changez jamais vos besoins essentiels (se laver, manger, dormir…). Il est absurde d’essayer de calquer un mode de vie qui ne correspond pas au milieu.
L’électricité
Il est évident que notre camion n’est ni relié à un réseau d’eau courante, ni approvisionné en électricité par RTE. Il faut donc que nous trouvions ces deux ressources au sein de notre environnement.
Pour l’électricité, c’est le plus simple. Notre camion, comme tous les moteurs des véhicules, dispose d’un alternateur ainsi que d’une batterie qui stocke cette énergie. L’alternateur étant actionné par le moteur, il nous paraissait peu confortable de n’avoir à compter que sur celui-ci pour obtenir de l’électricité. C’est pour cela que nous avons fait l’acquisition d’un petit panneau solaire qui fonctionne du tonnerre. Nous avons deux batteries. L’une est réservée au fonctionnement du camion (phares, moteur, voyants) et l’autre à notre usage domestique (ordinateur, musique, pompe à eau, éclairage). Le courant électrique au sein de notre camion est intégralement continu avec un potentiel de 12 V.
Dans une maison, puisque l’électricité est délivrée sous forme de courant alternatif, la plupart des appareils électriques fonctionnent sur ce mode. Pour notre camion, l’équipement est différent puisque nos appareils doivent être conçus pour être branchés sur du 12 V. C’est le cas de notre pompe à eau, de l’éclairage (pour les led, nous avons simplement mis le transformateur à la poubelle ^^) ou de notre clef 4G. Pour la recharge de mon ordinateur (une batterie, donc en courant continu) nous avons été moins malins puisque nous avons un convertisseur qui transforme le courant continu de notre camion en courant alternatif 230 V, sur lequel nous branchons le convertisseur courant alternatif - courant continu (15 V) de mon ordinateur… Ce système n’est vraiment pas optimal, j’en conviens.
Autre contrainte : notre consommation électrique doit être mesurée. Là, nous faisons attention à la puissance des appareils que nous envisageons de brancher. La puissance est indiquée en W. Pour avoir quelques ordres de grandeur, notre panneau solaire a une puissance nominale de 120 W (suivant la météo ou la température, la puissance délivrée est plus faible), notre convertisseur ne peut pas délivrer plus de 600 W, le chargeur de mon ordinateur peut monter jusqu’à 60 W et nos lumières font environ du 10 W. La plupart des appareils ménagers sont de l’ordre du 1000 W, donc on oublie immédiatement l’aspirateur ou le sèche-cheveux, ce n’est pas du snobisme c’est mathématique.
Nous sommes également attentifs à l’autonomie de notre batterie. La quantité d’énergie qu’elle peut délivrer est de 840 Wh. Je vais faire un petit calcul avec vous pour que vous compreniez bien. Les chauffages électriques généralement vendus dans le commerce ont une puissance de 2000 W, pour un petit de salle de bain j’en ai vu de l’ordre de 500 W. Si je prenais ce genre de petit radiateur, il pourrait idéalement fonctionner dans mon camion 1h40min et il faudrait que mon panneau solaire fonctionne 7 heures pour récolter l’énergie nécessaire.
Plus raisonnablement, mon ordinateur possède une batterie de 5Ah, ce qui représente 7 % de la capacité de la batterie cellule de notre camion. Mais avec notre système un peu bancal de convertisseurs, je pense que les pertes sont assez importantes pour qu’une recharge de mon ordinateur représente plutôt 12 % de la capacité de la batterie du camion.
On ne calcule pas à chaque fois que nous branchons un appareil, rassurez-vous. Nous prenons simplement des équipements peu gourmands (donc, pas de chauffage électrique par exemple, ni de TV) et le tour est joué.
L’eau
Nous utilisons l’eau pour boire, nous laver, faire la vaisselle et cuisiner. Nous distinguons deux types d’eau : l’eau potable et l’eau non-potable. L’eau potable est celle que nous trouvons dans les villes aux robinets publics ou chez nos amis. L’eau non potable peut être de l’eau de rivière, l’eau des fontaines non surveillées, ou simplement l’eau de la pluie.
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eau gazeuse ferrugineuse au soufre de la vallée de Chaudefour |
Notre camion possède un réservoir de 50 L destiné uniquement à l’eau potable. Pour éviter les contaminations, cette eau est généralement renouvelée toutes les semaines et de plus nous traitons le réservoir environ une fois tous les deux mois avec des pastilles appropriées. Les traitements utilisés pour potabiliser l’eau ne sont généralement pas très bons à la santé. Je suis certaine, par exemple, que vous n’aimeriez pas recevoir de l’eau trop fortement chlorée. En même temps, je n’ai absolument pas envie de me faire infectée par une bactérie ou un virus tarabiscotés ! Il y a alors un équilibre délicat à trouver.
C’est peu fiable, mais nous nous appuyons sur notre gout.
Les eaux usées
Nous avons également deux types d’eaux usées : celles dangereuses pour l’environnement (celles qui contiennent du dentifrice par exemple) et celles relativement non dangereuses que l’on verse dans l’herbe. Les eaux usées nocives sont récoltées par le biais d’un robinet dans un réservoir d’eaux usées puis versées dans des lieux appropriés destinés aux camping-cars.
La vaisselle
Il n’y a évidemment pas de lave-vaisselle dans notre petit camion, on fait donc comme toutes les personnes qui n’ont pas de lave-vaisselle non plus chez elle. Nous mettons un peu d’eau dans une bassine, nous lavons à l’aide d’une éponge et d’un peu de savon de Marseille et puis nous rinçons avant d’essuyer le tout avec des chiffonnettes en microfibres. Il nous arrive de laver la vaisselle à l’eau non potable lorsqu’elle nous parait assez sûre (rivière très claire des montagnes, ou fontaine au milieu d’un village) mais cette idée me déplait assez. Oui, je me méfie beaucoup des infections microbiennes…
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La vaisselle de ce matin qui m’attend… |
La toilette
Au commencement de notre voyage, je pensais pouvoir utiliser une douche solaire. On m’en avait dit le plus grand bien. Il se trouve que la douche solaire n’est pas du tout adaptée à notre organisation pour plusieurs raisons. Il est vrai que l’eau chauffe très facilement dès que la douche est posée au soleil, ceci dit elle ne reste pas chaude. Moi qui ai toujours été habituée à avoir un ballon d’eau chaude dans ma maison, c’est un détail qui m’avait complètement échappé. Dès que le soleil s’absente (parce que la nuit tombe, ou que l’ombre touche la douche), l’eau redevient froide. Si bien qu’il faudrait se doucher dès que l’eau est chaude —c’est à dire au milieu de l’après midi— donc pas du tout au moment où j’ai besoin d’une douche. Ce premier soucis pourrait être corrigé si je décidais d’envelopper la douche dans une couverture isolante mais il existe un autre inconvénient auquel je n’avais pas pensé : une douche consomme toujours beaucoup d’eau et il est hors de question d’utiliser l’eau potable de notre réserve (vitale !) pour se doucher. On peut être très économe en eau, il faut quand même une dizaine de litres afin de se mouiller puis de se rincer. Surtout lorsqu’on décide de se laver les cheveux. Et dernier inconvénient majeur : il faut aussi trouver un lieu isolé, non ventu, (chaud ^^), mouillable pour se doucher car, effectivement, notre camion n’est pas équipé d’un bac de douche…
Bref : si quelqu’un veut une douche solaire, il n’a qu’à se mettre sur notre chemin (il pourra regarder notre carte intéractive pour se faire), je lui offre.
Nous utilisons donc pour la toilette une technique beaucoup plus rudimentaire. Je fais bouillir un fond d’eau sur le gaz que je mélange à une petite quantité d’eau fraiche dans une bassine. Puis, à l’aide d’une petite lingette faite sur mesure par Dame Ambre, je me lave à l’intérieur du camion. Je rince la lingette plusieurs fois afin de retirer les traces de savon. Et voilà : propre !
Sinon, il y a aussi la solution « trouver des copains pour squatter leur douche » très très efficace.
Le lavage des cheveux
Dans un article précédent, je vous avais parlé du savon de Marseille pour le lavage des cheveux, seulement au fil du temps j’ai remarqué qu’il était difficile de bien le rincer. De plus, le rinçage réclame beaucoup d’eau.
Inspirée par un article de Pidiaime, j’ai décidé de tenter le lavage au bicarbonate. J’y voyais de nombreux intérêts :
1/ puisqu’il peut s’utiliser en shampoing sec, à la limite, même si mes cheveux sont peu mouillés, ça marche (contrairement au savon de Marseille qui a besoin d’eau pour être efficace)
2/ puisqu’il peut s’utiliser en shampoing sec, à la limite, s’il est mal rincé, ce n’est pas grave puisqu’il part au brossage.
3/ il se dissout dans l’eau tiède, quand il n’est pas dissout il tombe au fond de la bassine.
4/ c’est pas cher et il peut avoir plusieurs utilités dans la vie de tous les jours (comme aider au brossage des dents)
Je procède donc de la façon suivante. Je fais chauffer un peu d’eau que je mélange à de l’eau froide afin d’obtenir de l’eau tiède —j’ai beau vivre dans un camion, je suis assez frileuse— avec laquelle je mouille rapidement mes cheveux. J’utilise un verre pour faire couler plusieurs fois l’eau sur mon cuir chevelu. Dans une petite tasse, je mouille un peu de bicarbonate que j’applique sur mon cuir chevelu. Je masse légèrement. J’attends un peu. Je rince le tout en faisant couler l’eau sur ma tête à l’aide du verre. L’eau de la bassine blanchit au fur et à mesure qu’elle devient saturée en bicarbonate mais je n’ai pas besoin de la changer puisque de toutes façons le bicarbonate qui resterait dans mes cheveux part au vent.
Et voilà ! Mes cheveux sont vraiment très propres et assez facile à coiffer. Quand je suis coquette, je change l’eau au bicarbonate pour un peu d’eau vinaigrée.
Les toilettes et les règles
Nous n’avons pas de WC chimiques dans le camion, cela prend trop de place et le côté chimique nous repoussait beaucoup. D’autant plus que, comme les eaux usées, il faut les évacuer dans des lieux appropriés. Déjà, les eaux usées, je vous raconte pas, c’est profondément dégueu… alors les WC, j’ose pas imaginer !
Pas de toilettes sèches non plus, toujours pour notre histoire de place.
Nous avons opté pour les WC publics et un petit pot pour bébé que nous utilisons tous. Nous jetons le papier dans la poubelle ménagère et les pipis et les cacas dans l’herbe lorsqu’on est dans un lieu vaste et isolé.
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On peut faire tranquillement pipi avec une vue imprenable |
Au sein du camion, il n’y a que moi qui suis concernée par cette histoire de règles. Avant de partir, j’avais en tête deux alternatives : le flux instinctifs et la moon cup (je sais, c’est comme sopalin, je cite le nom d’une marque au lieu de dire « essuie tout » mais le nom officiel me déplait). J’ai rapidement testé la première technique mais en fin de compte elle ne me convenait pas du tout car elle oblige à l’utilisation régulière de toilettes et de papier pour s’essuyer. J’ai ainsi opté pour la moon cup. Je n’ai besoin de la nettoyer que deux fois par jour, c’est très peu salissant, un peu d’eau suffit amplement. De plus, cela prend très peu de place et ne fait aucun déchet.
Les déchets, justement
Je vais tout de suite vous parler des déchets car je vois en écrivant mon paragraphe sur la moon cup qu’il y a un point important ici qui n’est pas évident à envisager. Les déchets, c’est notre problème numéro un. Voilà pourquoi, au delà de mon confort personnel, je n’ai pas envisagé les solutions tampons ou serviettes pour mes règles.
Si je ne me trompe pas, l’humain est le seul être sur Terre qui produit des déchets, c’est à dire des matières dont personne ne veut. Et quand je vois tout ce que nous jetons dans notre petite famille qui consomme quand même très peu (par manque de moyens, de place, etc), il y a là beaucoup de travail à faire !
Nous ne sommes encore pas suffisamment organisés pour trier/recycler/composter/absenter l’ensemble de nos déchets, je vais donc vous exprimer ici non pas nos solutions mais les problèmes que nous rencontrons sur ce volet. Peut-être que vous aurez des idées à nous proposer d’ailleurs ?
Diminuer les déchets
Pour diminuer les déchets, c’est très simple : il suffit d’acheter des trucs non emballés, c’est à dire en vrac. Le vrac se trouve très peu dans les grandes surfaces traditionnelles, il faut se rendre dans les magasins bio. Tous les magasins bio ne se valent pas (certains ne proposent d’ailleurs même pas de vrac) et dans certains coins de France, il n’y en a d’ailleurs même pas. Jusqu’ici, nous avons, mis à part pour les fruits et les légumes évidemment, quasiment pas eu accès au vrac.
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Une poubelle qui attend de trouver son container. |
Trier pour le recyclage
Dans certain département, le ramassage du recyclage ne se fait qu’à partir de containers individuels. Il n’y a pas de lieux de tri ouverts à tous. Il faudrait alors demander l’aimable autorisation d’un autochtone pour récupérer notre poubelle de tri et la présenter lors du ramassage hebdomadaire. Jusqu’ici, nous n’avons encore pas osé. Lorsque c’est possible, nous laissons simplement les emballages dans le magasin qui nous les a à l’instant vendus, mais rien ne garanti qu’ils trient comme nous l’aurions fait.
Ceci dit, nous mettons peu à peu en place au sein du camion, une vraie poubelle de tri afin de pouvoir la jeter dans des containers ouverts au public ou… demander de l’aide à une personne bienveillante.
Les compotes
J’ai une fille qui adore les compotes, et encore plus lorsqu’elles sont en gourde. Je lui ai toujours refusé cette présentation, prétextant qu’on ne pouvait pas les recycler. Excuse bidon lorsque l’on sait à présent que jusqu’ici nous ne trions même pas les pots de yaourt…
Je me suis alors penchée vers les gourdes réutilisables sauf que bon, pour remplir ma gourde même réutilisable, j’ai besoin d’une compote, j’aurais donc l’emballage correspondant. Oui, nous n’avons pas encore de verger dans le camion, je ne me vois pas acheter des pommes pour en faire moi-même dans notre petite cuisine. Puis, se pose toujours la question du nettoyage de la gourde réutilisable… enfin, tout ça pour dire que pour moi, ce n’est vraiment pas le bon plan.
Et puis mon amie Ambre m’a signalé qu’il existait en France des points de ramassage de gourdes à compote. Mon plan est donc le suivant pour les jours qui viennent (et cela nous fera un entrainement pour le reste des tris que nous devons faire) : garder toutes les gourdes et ajouter un point de ramassage à notre itinéraire. J’ai une petite loutre très gourmande qui me réclame « juste une compote maman » toutes les deux heures maintenant :-)
Et pour la nuit ?
Pour la nuit, nous déplions deux lits. Un pour l’Explorateur et moi, l’autre pour la loutre. Et nous nous couvrons sous des couches de couettes, duvets et couvertures. Nous utilisons notamment la génialissime couverture Gurli qui nous vient du très renommé magasin Ikea, il n’existe pas de couverture plus chaude et plus légère à mon sens ! Je n’ai pas essayé toutes les couvertures du monde, mais celle-ci vaut le détour, croyez-moi. Ainsi, la température ambiante est de 0°C, celle de nos lits avoisine les 20°C. C’est assez confortable.
Quoi ?? 0°C ??
Oui, sans blague, on s’adapte très vite. Nous n’avons aucun problème de santé il suffit alors de nous bouger un peu le matin pour nous réchauffer (ou envoyer l’Explorateur faire un thé, histoire de remonter la température du camion vers les 19°C, pendant que vous rêvassez sous la couette). La loutre aujourd’hui ne voulait même pas mettre ses baskets et désirait rester en sandales. « Parce que maman, il ne fait pas froid aujourd’hui. » Voyez-vous cela… ?!
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L’Explorateur, celui qui n’a JAMAIS froid |
Notre camion étant très petit, une casserole sur le feu suffit à le chauffer de façon très confortable mais la chaleur ne reste pas très longtemps à cause du toit ouvrant qui n’est absolument pas isolé. Je craignais beaucoup que le froid me fatigue et me décourage rapidement. Cependant, le froid tel que nous le vivons dans le camion, est toujours accompagné d’une telle liberté, de paysages grandioses, d’une sérénité à faire pâlir un prof de méditation, que non, il ne fatigue pas, il ne décourage pas, il est plutôt facile à vivre jusqu’ici.
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Petite vue de l’un de nos matins à la fraiche |
Je me souviens d’avoir eu froid dans l’appartement que j’habitais avant de partir. L’air passait dans l’encadrement de la fenêtre, je lisais juste à côté. Rien n’arrivait à me réchauffer. Le froid est difficile à vivre dans une maison, parce qu’il lui est aliénant. Une maison ne devrait pas être froide. Les courants d’air l’hiver sont désagréables, on tente de tout calfeutrer, on s’enferme dans la maison pour espérer y rester au chaud. Dans le camion, notre attitude est différente. Si nous avons trop froid, nous nous lovons dans une couette et nous buvons un petit thé. Juste le temps de reprendre des forces et de repartir !
L’humidité, c’est une autre histoire. L’humidité, c’est un petit calvaire. Mais nous slalomons entre les gouttes, c’est l’avantage du nomadisme ;-) !
Je pense vous avoir décrit avec suffisamment de précision notre vie de tous les jours et sans y penser j’enchaîne avec l’aspect culturel des choses… Je développerai dans un prochain article !