: Je ne lui apprends rien…
Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

mardi, juin 28, 2016

Je ne lui apprends rien…

Depuis le début je sais bien que ma fille a une drôle façon d'apprendre. Par drôle j'entends qui me surprend, non pas qui sort de l'ordinaire. J'extrapole et je me dis que tous les enfants apprennent de cette façon, c'est juste qu'on ne m'y avait pas préparée.

Très concrètement, elle apprend par bonds. Un jour elle ne sait pas. Quelques jours plus tard, elle sait tout comme une évidence. Les couleurs, un jour elle n'en connait aucune —mais bon je lui ai quand même montrer l'arc-en-ciel— et deux semaines plus tard, elle les connait toutes, comme ça d'un coup, sans en reparler avec moi avant. A sa demande, je m'amuse à lui écrire les jolis mots de MAMAN, PAPA, LOUTRE, MAMIE, … J'ai beau lui montrer maintes et maintes fois, elle n'en reconnait jamais aucun (ou alors, c'est un coup de pot en sa faveur), je laisse tomber l’idée pendant plusieurs jours. Et puis soudain, à la fin du dîner, elle nous dit : « Je vais chercher les dettes. » Les dettes ? Qu'est-ce que c'est que les dettes ? Elle revient toute joyeuse avec les lettres magnétiques qu'elle avait reçues à Noël, nous les collons ensemble sur le frigo* et je remarque alors qu'elle en connait déjà quatre !

Et puis le M, le « Mmm… Maman ! » comme dit l’adorable, elle le voit partout. Sur mon clavier, dans le petit serpent que je dessine à la peinture… oui, quand on retourne la feuille, ça fait bien un M… sur une conserve de marmelade. Enfin : partout ! Elle avait eu plusieurs mois auparavant un même coup de génie pour le deux. Le 2, le 2 l’avait frappée peu avant ses deux ans. Comme s’il flottait dans les airs. Là maman, deux dames. Voyez ici deux femmes qui marchent côte à côte dans la gare. Là maman, deux chiens. Là maman, deux chaises. Là maman, deux arbres… Les paires lui sautaient aux yeux.

Partie de pêche avec sa canne à pêche qu’elle a faite elle-même.

Et puis le trois ? Bah le 3, rien. Jusqu’à ce que j’ai l’idée de le construire à partir du 2. Trois, c’est deux plus un, et puisque le deux elle adore et le un la rend un peu triste… « Oh maman, eugade, il est tout seul, elle est où sa maman ? » Je crois que ça vient doucement. Elle compte un peu : « un, deux, trois, ça fait trois ! » mais le problème quand on avance à coup de coups de génie c’est que la maman qui est en face a un peu de mal à avoir confiance. Coup de génitera ou coup de génitera pas ? Et si elle faisait tous mais vraiment tous ses apprentissages de cette façon ? Ce serait franchement formidable. C’est magnifique de voir la compréhension apparaitre comme ça, sans effort, comme si de rien n’était, en parfaite autonomie. Mais toujours cette question affreuse : et si ça ne le faisait pas ?

Et puis j’ai mes petits coups de flip. Comme la petite loutre ne prend plus de poids, la petite loutre n’apprend plus de mots. Elle progresse, c’est sûr, sa prononciation, sa syntaxe, ça devient bon. Mais le vocabulaire, bah dès qu’elle oublie un truc je m’inquiète. Les animaux d’Afrique, oui, elle a oublié le rhinocéros et la girafe il n’y a pas si longtemps —finalement nous en avons rencontrés pleins, ça va mieux, ouf ! et puis les légumes… Je suis bien consciente qu’il est normal d’oublier, et je ne lui en veux absolument pas et d’ailleurs je pense que la loutre le sait bien parce qu’elle n’hésite jamais à me dire : « Je sais pas maman (comment) ça s’appelle ça ? » mais moi, de mon côté de maman, je ne peux pas m’empêcher d’y penser lorsque je me couche le soir.

Mais que cherche-t-elle ici ?

Evidemment, il y a toujours son petit éclair de génie hebdomadaire qui survient pour me faire sourire.  Je vous fais part de quelques unes de nos discussions :
« Oh maman, c’est quoi là ?
— J’appelle ça un cousin, c’est comme un moustique mais ça ne pique pas et c’est plus gros.
— Ca eussemble à bibilule.
— A quoi tu dis ?
— A un bibilule Maman !
— … (ici, je cherche à décrypter…) Ah ! Ca ressemble à une libellule ?
— Et oui. »
Dans ma tête, je sautille de fierté. Libellule ! Libellule ? Mais jamais je ne lui ai parlé de ça ! Je ne sais pas où elle a attrapé ce mot ! C’est incroyable !

Comme ça, sans prévenir, en jouant sur la banquette du camion :
« Maman, y’habite sur la Terre. Et Papa aussi. Et toi aussi. Tout le monde habite sur la Terre.
— Et le Soleil, il est sur la Terre ? (question piège, ah cette coquine de maman !)
— Non, la Terre tourne et hop c’est la nuit avec la Lune, elle tourne encore et hop c’est le jour. On voit le ‘leil. » 

Vous voyez un peu ? Elle apprend des trucs comme ça, aveuglément, inconsciemment. Maman-surpassement.

Après le noir omniprésent, petite passion pour le blanc…

Bon, je ne vais pas vous laisser comme ça sans vous transmettre de petites idées personnelles. Bah oui, ça fait quand même plus de deux ans que je connais la loutre, j’ai eu le temps d’élaborer deux-trois stratégies. Alors, si vous avez aussi un enfant ordinaire —j’entends pas là : comme l’adorable— voici comment adopter la bonne attitude pour les apprentissages.

Montrez les choses comme si de rien n’était. Vous pouvez attirer son attention avec un truc du genre : « Tiens, et si tu regardais ça… ? »
Surtout ! Ne le montrez qu’une fois. Ne pas rabâcher. Faut que ça paraisse na-tu-rel.
Demandez-lui subtilement s’il veut essayer de le refaire/redire/reproduire tout seul.
S’il refuse, hausser simplement des épaules.
S’il accepte, n’insistez pas pour qu’il le refasse plusieurs fois. S’il se trompe, n’en parlez pas. Si l’activité lui plait au point qu’il plonge dedans, éclipsez-vous sans faire de bruit…
S’il vous demande des précisions, s’il pose une question ou quoi : vous avez quand même le droit de sauter de joie !!! Youpiii !!!
Et puis ne lui reparlez plus du tout de tout ça avant qu’il ait lui-même décidé d’avoir son éclair de génie.

Et aussi : ne faites pas comme moi, ne stressez pas. :-)

____________________________
*C’est presque un choc culturel déjà de vous raconter ce souvenir…
A l’époque nous avions un FRIGO ????!!!!

14 commentaires:

  1. C'est une très belle approche. Pas évident de lacher prise et de faire autant confiance à son enfant... Mais en te lisant cela devient une évidence !

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    1. Le lâcher prise est inévitable face à la demande d’autonomie de l’enfant. D’un coup ça lui prend : je veux faire seul et les parents n’ont pas d’autre choix que de le laisser grandir.
      Oui, c’est une évidence, même si ce n’est pas toujours facile à vivre. Est-elle vraiment assez grande pour… ? ;-)

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  2. En fait ton titre devrait plutôt être "je lui apprends différemment". Car les apprentissages (autres qu'émotionnels) ne sont pas innés. Elle apprend en t'entendant quand bien même tu ne lui parlais pas à elle, elle apprend quand tu lui lis une histoire (combien de mots de vocabulaire de mes filles viennent des histoires - lues ou regardées car on n'est pas anti-télé à la maison à condition de choisir ce qu'on regarde), elle apprend en regardant ce qui se passe autour d'elle...
    Car finalement ils apprennent tous les temps.
    Dommage qu'en devenant adulte on l'oublie (parce que nous aussi on aurait des choses à apprendre si on observait aussi bien qu'eux)

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    1. Je ne suis pas d’accord pour la proposition de titre ^^ Non, JE ne lui apprends pas différemment (d’ailleurs, différemment de quoi ?), c’est ELLE qui apprend, toute seule. A sa manière —donc par bonds— et elle se nourrit de l’environnement qui l’entour. Moi, et le reste surtout. Elle apprend le monde, c’est elle qui de l’intérieur tend vers l’extérieur par ses sens et son intelligence.
      Je vois qu’au final, nous savons les mêmes choses : tout est source d’apprentissage. Les livres, les rencontres, les expériences. Comme tu dis : ils apprennent tout le temps mais… ils n’ont pas de maîtres.

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  3. C'est étrange la façon dont nos enfants apprennent, chacun à sa manière, chacun à son rythme.
    Je crois que la grande règle, c'est de ne pas comparer. Même si c'est tentant. Certains mots arrivent sans le souvenir de les avoir prononcés. Quand d'autres ne rentrent pas, alors que nous avons l'impression de les répéter tous les jours.
    Chaque enfant sont rythme. A nous d'être à l'écoute de leurs besoins, de leurs envies. C'est magique de voir un enfant apprendre!
    Merci pour cet article fort intéressant Céline.

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    1. Je ne me lasse pas d’observer les enfants apprendre ! C’est passionnant ! Les enfants qui apprennent nous apprennent tellement de chose sur tout… :-)
      Oui, ne pas comparer, c’est la grande règle. Mais surtout se rendre compte que c’est insensé : quoi comparer ? et avec qui ou quoi ? Réduire un petit être à une caractéristique ?
      Merci pour ton commentaire Marie !

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  4. Je me demande si je suis inconsciente (ce qui est rare chez moi..), mais je ne me suis jamais posée ces questions là. Même maintenant, c'est une question éloignée ; pas loin quand même pour mon 4 ans qui refuse de faire l'école avec nous, mais qui écoute de toutes ses oreilles ce que je fais avec 8 ans (alors je suis détendue). Tu vois ? Il apprendra à tracer plus tard, il préfère dessiner (donc il apprend à tracer, mais différemment de l'école, c'est tout).

    Je crois que je ne les ai pas parce que je ne suis jamais passée par ce chemin là (avant je les croyais "comme tous les enfants" donc qu'ils apprennent vite ou lentement c'était normal (même si c'était vite et que je ne le voyais pas), et maintenant je sais qu'ils sont surdoués (ils apprennent à leur rythme dans tous les cas). Ma plus grande inquiétude à moi (mais qui s'est pas mal apaisée) c'est de ne pas arriver à les suivre ^^"

    Hibou m'a demandé ce matin depuis sa fièvre, pourquoi on était un animal. J'ai séché, j'ai bidouillé ce qui me semblait la réponse la moins bête, et je renverrai au papa ce soir :P

    Et je suis d'accord avec Doublerose : tu lui apprends différemment :)

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    1. De quels questions parles-tu ? Du coup de génitera ou coup de génitera pas ? Ou veux-tu dire que tu n’as jamais cherché à observer comment tes enfants apprennent ? Moi, je ne me lasse pas du spectacle. Ni de ma fille qui apprend, ni des autres enfants et ados qui apprennent. J’adore ! Je les taquine un peu parfois mais toujours, toujours, ils me surprennent. C’est une gratitude sans fin.

      J’ai déjà répondu à Doublerose sur ce « différemment » auquel vous tenez tant… Mais pourquoi donc différemment ? Ma fille est si originale que ça ? :-P
      Je ne crois pas. Regarde ton fils qui écoute et qui dessine, qui exerce sa main sa volonté sa satisfaction… Il ne veut pas faire l’école avec vous ? Il ne veut pas apprendre de vous peut-être ? Il veut apprendre du monde, de son environnement, de ce qui se dit, de ce qu'il peut essayer. De ce que les autres font.
      Je ne lui apprends rien, mais je crois qu’on n’apprend jamais rien aux enfants, à moins peut-être de les « dresser » mais je ne pense pas que tu sois concernée par ce cas de figure ^^ Non, ils apprennent. Non pas tout seuls, mais avec tout. Enseigner n’est pas un acte, c’est une aura, un son, une idée qui traverse l’atmosphère jusqu’à l’enfant qui le prend. Et qui en fait ensuite ce qu’il veut.

      Alors, es-tu inconsciente ?

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    2. On s'est mal comprises ^^

      Pour les questions : génie ou pas effectivement, me suis jamais demandé du coup. Mais je ne me suis jamais demandé non plus "apprennent ou pas", même lorsque il y a refus, ou un semblant de retour en arrière, ou un vocabulaire oublié. Je suis peut-être, sur ce plan, donc, inconsciente. Tu dis dans ton article :
      "Et puis j’ai mes petits coups de flip. Comme la petite loutre ne prend plus de poids, la petite loutre n’apprend plus de mots. Elle progresse, c’est sûr, sa prononciation, sa syntaxe, ça devient bon. Mais le vocabulaire, bah dès qu’elle oublie un truc je m’inquiète. "
      Ben voilà, ça précisément, je ne me suis jamais inquiétée. J'ai toujours considéré qu'ils apprenaient seul, à leur manière (ce que d'ailleurs, tu me dis en réponse ;) ). J'ai sur ce sujet, une confiance totale.
      Je suis par contre toujours à observer comment ils fonctionnent, comment ils apprennent, j'aime les voir faire.

      Hibou veut apprendre. De nous (il demande), du monde, tout seul, des livres, de son frère. Il veut apprendre ce qui n'est pas imposé, essentiellement je dirais. Très longtemps qu'on a lâché les lettres, hier il m'a demandé et a écrit tout l'alphabet ; j'ai été contente qu'on le fasse ensemble, je sais aussi que je vais le laisser redemander pour en faire s'il le souhaite. Je ne suis pas inquiète.
      Quand je lis l'inquiétude que tu posais dans ton article, ou des parents que je connais qui sont très très angoissés sur ce plan, je me demandais (question qui ne demande pas de réponse d'ailleurs) si je n'avais pas un brin d'inconscience sur le sujet (auquel je ne compte pas remédier, qu'on soit d'accord. Je fais confiance aux enfants et à la vie).

      Ensuite.. pour le "différemment" : je n'y tiens pas spécialement. C'est juste manière d'éclairer autrement tes propos.
      A partir du moment où tu ne fais pas à ta fille un apprentissage comme il est attendu classiquement (école, livres, etc), tu lui laisses l'opportunité d'apprendre différemment (je ne saisis pas pourquoi ça te semble un souci, ce mot ?). Toi, tu lui laisses ce choix là. Ta fille apprend seule (et avec toi, même si seule), parce que toi tu as décidé de faire ce choix là.
      Par rapport à ce point précis, je ne suis moi, pas d'accord avec le "je ne lui apprends rien", parce que c'est forcément "non juste". Tu peux dire que tu n'en as pas la volonté, oui, c'est certain. Mais elle apprend de vous. Tu ne lui apprends rien qui soit volontaire de ta part, simplement. (je me retrouve à chipoter malgré moi sur ton titre, ce que je ne comptais absolument pas faire et qui me plaisait même beaucoup car il est complètement vrai aussi. Je veux juste mettre en lumière par rapport au mot "différemment" qui t'a fait réagir).

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    3. Merci Ambre pour ta réponse complète ! Il est vrai que je n’arrivais pas à te suivre dans ton précédent commentaire…

      Je suis d’accord, je lui apprends quand même des trucs, à mon insu. Mais JE ne lui apprends rien parce qu’il n’y a aucun acte qui me permette de lui apprendre quelque chose. Comme tu dis, c’est juste sans l’être et j’aime l’ambiguïté. :-)
      Je pense à l’exemple des cahiers de vacances. J’ai suivi ton idée et j’en ai acheté plusieurs de façon à ce qu’ils nous fassent l’année. La loutre s’amuse beaucoup avec ces cahiers. On pioche les idées au hasard de sa lecture. J’ai rapidement compris que ce cahier ne lui apprendrait rien. Ce n’est pas avec ça qu’elle va apprendre quelque chose. Et pourtant, ce n’est pas inutile. Elle apprend quand même avec, mais pas ce que le cahier à la prétention d’enseigner, mais ce qu’elle a besoin de prendre à ce moment là.
      En fait : je ne me lasse pas du non sens et de l’absolue non-justesse de cette expression : je ne lui apprends rien. J’avais une autre phrase à laquelle je tenais beaucoup et c’est un autre sujet je sais bien mais je compte quand même l’ajouter ici : « on ne mesure jamais ce qu’on mesure. » Voilà. C’est ce genre de chose qui fait admirablement rager François ^^

      Ce mot différent me pose problème parce qu’il me semble que… enfin, peut-être que je m’avance un peu, tu me diras si tu veux… il me semble qu’il n’y a absolument aucune originalité dans ma façon d’apprendre des choses à ma fille. Tu vois ? Parce que je ne lui apprends rien. Dit autrement : parce c’est elle qui apprend. Elle apprend avec sa personne à elle ! C’est différent parce que chaque personne est différente, ou est-ce différent parce que je n’ai aucune naïveté sur ce point ? Ce n’est pas un livre qui apprend. Ce n’est pas une ligne d’écriture. Ce n’est pas un prof. Ou un site internet… ou je ne sais quoi. C’est la personne qui apprend. Elle apprend de ce qu’elle trouve mais surtout de ce qu’elle construit.
      L’apprentissage c’est intérieur. Et je ne fais rien de différent parce que c’est pour tout le monde pareil. Parce que c’est l’unique façon d’apprendre : construire en soi.

      En pratique, j’ai le même détachement que toi. Je ne fais pas répéter. Je n’insiste pas. Je laisse faire. Mais il est vrai qu’au fond je m’inquiète souvent. C’est peut-être une déformation professionnelle ? Je cherche souvent un quelconque indice de trouble de l’apprentissage, un truc qui ferait que ça ne se fait pas tout seul sur ce point là justement.

      Mais je progresse de ce côté là, ne t’inquiète pas ! Et je sens déjà beaucoup de changements en moi depuis que nous avons emménagé dans le camion. J’ai plus envie de travailler moi et je relâche la pression sur ceux qui m’entourent.

      Encore plus au fond, au fond du fond de mon être, j’ai une réelle confiance. En la vie. En ma fille. En moi-même. Non, ce n’est pas de l’inconscience, c’est plutôt une forme de respect pour le monde. Et je pense qu’il s’agit de la même chose pour toi.
      Mais il y a par dessus cette petite peur du : « et si tu passais à côté de quelque chose d’important » je doute continuellement. Enfin, c’est peut-être sociétal. C’est peut-être dû à l’idée qu’il ne fait jamais rien manquer dans sa vie. Tout réussir. Et que (logiquement ?) si tu as confiance, c’est que tu ne te poses pas de questions donc c’est mal parce que tu ne vas pas voir quelque chose.

      Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ?

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    4. Oui je vois très bien.
      Je crois.. je crois que si j'ai autant confiance et que je ne doute pas, c'est parce que je sais que quoi qu'il arrive, on fait quelque chose de soi. Prince, à 8 ans, sait l'essentiel : compter, lire, écrire. Dis comme ça.. ça semble restreint, mais justement, quoi d'autre ? Il apprendra l'orthographe des mots si ça l'intéresse, il apprendra ce dont il a besoin pour le métier qu'il visera un jour (et quand je dis métier.. je parle de (des) l'occupation(s) qu'il choisira plus tard et dont il pourra changer en cours de vie s'il le souhaite), je ne m'en fais pas.. Je suis bien plus inquiète des contrôles académiques (qui justement, sont académiques), que de l'apprentissage de mon gamin. A cause d'eux, nous faisons une école avec cahiers pour suivre le programme (mais : aucun par cœur, pas de dictées, ce qu'il sait ou a compris on tourne la page, 1h par jour max. Je jongle au mieux). Tout le reste.. il l'apprend lui, à notre contact, dans les livres, en promenade, en cuisine, en faisant du tri, en récupérant l'eau ou les graines, etc. Je suis confiante. Je suppose que tu as le mot juste, "respect pour le monde".

      La société s'enfonce elle-même, avec la réussite à tout prix, les diplômes, l'obligation d'être heureux (sinon tu as raté ta vie), avoir plein d'amis (surtout sur les réseaux).. Lourd diktat. Et sinon, juste être libre et se sentir bien, en confiance avec le monde ? ;)


      Je doute continuellement de moi, de la manière d'être avec eux, de ce que je leur apporte au quotidien (pour être heureux, stable, confiant), ça, ça me préoccupe bien plus. En remettant toujours tout en cause, ça nous permet d'avancer sur nos chemins ; ça me plait bien.
      En ce moment, parce que Prince l'a demandé, les enfants dorment dans la même chambre que nous (dans leur lit). Nous réparons un manque qu'il y a eu bébé, et ça, je me dis que c'est beaucoup plus important qu'une table de multiplication qu'il ne sait pas (au grand dam de l'inspecteur). Quand ils voudront de nouveau leur chambre, ils sauront demander.
      Avoir confiance en eux pour tout, et douter de moi en permanence.. oui, je me situe là :) (je crois que ça fonctionne bien, du coup ^^).

      Moi j'aime beaucoup « on ne mesure jamais ce qu’on mesure. » Cela ouvre grand sur toute la dimension de ce qui nous échappe, et nous échappera sans doute toujours :)

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    5. Tu fais bien de parler de cela maintenant. Il y a tout à se préoccuper pour que l’enfant soit bien avec le monde.

      En ce moment la petite loutre a un peu de mal avec la vie. Le changement de maison (même si elle dit « Ouf, on a donné not’ maison à quelqu’un » parce que la pression des derniers jours étaient délicates à supporter pour tout le monde…), cette Mamyvette qu’on met dans la terre, et la nounou et les amis qu’on ne voit plus, et comprendre ce que je lui raconte avec la carte, …

      Cela fait beaucoup d’un coup et je retrouve une petite fille très fatiguée —elle fait la sieste !! Elle qui ne dormait quasiment jamais durant le jour depuis sa naissance— qui pleure beaucoup, qui demande beaucoup de câlins, qui change d’humeurs en quelques secondes.

      Pour le coup, le cahier de vacances porte bien son nom. Elle se repose en collant des gommettes :-)

      C’est la première fois que je dois faire attention à elle comme ça. Faire attention à son moral, à son sourire. A lui donner les moyens d’apprendre à être heureuse, à s’adapter, à comprendre ses besoins. C’est assez déroutant.

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  5. Evidemment on n'en est pas encore à là avec Choupie (la terre qui tourne, les nombres et les lettres, je pense que ça peut encore attendre... en fait, c'est à moi que ça donne le tournis, de l'imaginer maîtriser ses notions dans quelques mois alors qu'elle parle à peine :D), mais je reconnais bien le processus de digestion de l'apprentissage. On lui dit quelque chose (à son âge, ce sont principalement des mots), elle n'a pas l'air d'avoir entendu, et quand on lui pose une question, elle répond à côté... et puis quelques jours (voire heures) plus tard, elle réutilise à bon escient ce même mot qu'on pensait incompris. Je trouve toujours ça extraordinaire. Et ça m'a fait un petit quelque chose de voir ce petit miracle que j'expérimente un peu tous les jours relaté sur ton blog ;) (même si évidemment, entre vocabulaire, et physique et mathématiques, il y a quand même un monde !)

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    1. Comme tu dis : ça va très très vite. Un jour la loutre me parle de chiens et de chats et de pipi et de manger et le lendemain… elle s’intéresse à la planète bleue, à la course du soleil et à la nuit qui tombe sur la mer (pourquoi la mer ? pourquoi ce détail ? je ne sais pas vraiment… un petit mystère de son enfance ^^)

      J’imagine son cerveau de la façon suivante : il y a deux étages. Dans le premier, tout ce qu’elle a vu, entendu, senti mais qu’elle ne comprend pas, avec lequel elle n’arrive pas à faire le tri, c’est une simple réserve de nouveautés. Et puis en dessous : un filtre qui sépare cette réserve anarchique avec le vrai cerveau, celui qui réfléchi, qui rêve et qui compose. Et doucement, les gouttes de nouveautés s’écoule dans son vrai cerveau. Floc… floc… floc… Tant qu’une chose reste dans la réserve de nouveauté, on ne peut pas en parler. Il faut attendre que ça s’écoule. Mais pas besoin de remuer pour que le miracle se fasse…

      Merci pour ton message ! Maintenant que je suis SÛRE que la loutre n’est pas la seule à intégrer les savoirs de cette façon !

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Céline.

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