: Les mots et l'écoute pour vaincre les colères de l'enfant
Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

mardi, janvier 05, 2016

Les mots et l'écoute pour vaincre les colères de l'enfant

Il fallait bien que ça nous arrive un jour. La petite loutre se met en colère. Oui-oui. Ma petite loutre toute parfaite d'amour se met en colère. Pas tout le temps, n'exagérons rien, mais disons que ça lui arrive. Et que ça lui arrivait de plus en plus souvent. Pour un oui, pour un non. Pour tout. Pour le pantalon, pour manger, pour éplucher les clémentines, pour aller aux toilettes, pour descendre les escaliers. L'Explorateur et moi avons alors enclenché le protocole stop aux colères. C'est un protocole de dernier recours : celui de la remise en question et de l'élaboration de nouveaux stratagèmes.

Si vous aussi vous avez un enfant de deux ans ou presque, qui sait déjà dire quelques mots, qui pousse quelques fois quelques colères, si vous avez également mis en route le protocole stop aux colères, voici quelques idées pour surmonter cette étape décisive.

Je vous parlais il y a quelques lignes des clémentines. L'adorable adore séparer elle-même les quartiers des fruits. Elle adore ouvrir et fermer elle-même les portes. Elle adore porter elle-même les plats, les verres, les assiettes, les couverts, les sacs... Il y a tout un tas de choses qu'elle aime faire elle-même. Et j'ai beau être bien sensibilisée à la philosophie Montessori, il y a bien des fois où ça va à la vitesse adulte dans la maison. L'adulte a un rythme qui sait déjà et qui va au but, tandis que le rythme du jeune enfant est plutôt celui de la construction, celui qui fait non pas pour le résultat, mais pour lui-même. Autant vous dire qu'il y a généralement dyssynchronie. Autant vous dire qu'il y a de quoi, quand on y pense bien, énerver une petite loutre. Ca pète très très vite, une petite loutre, vous savez très certainement. L'idée que nous avons établie pour contrer ce problème fut d'inventer le superbe mot clef : "Stop !" Dès que la petite loutre dit "Stop !", enfin, plutôt : "Pop !", on s'arrête. On stoppe tout ce qu'on faisait, pour la regarder. Et on essaie de la comprendre.
Je lui prépare une clémentine à ma vitesse de maman pressée que le repas se termine parce qu'à 13h faut qu'on quitte la maison. "Maman ! Pop ! Pop !" Je m'arrête et ça fait tilt. "Ah oui, tu veux le faire toi-même, c'est vrai…" Sans ça, dans 5 secondes les quartiers étaient séparés et c'était fini de notre fin de repas au calme.

---> Inventer un mot d'alerte pour que l'enfant n'ait pas besoin de se mettre en colère quand les événements lui échappent ou quand quelque chose désagréable survient : stop, arrête, non à moi, … en fonction de ses capacités d'élocution. Nous avons ajouté un geste au mot pour le rendre encore plus direct : elle lève la main à plat vers nous comme si elle voulait nous retenir d'avancer.

Difficile d'atteindre par quelques mots un enfant en colère.
Souvent, je me bouche les oreilles de façon ostentatoire
et je parle doucement à la petite loutre dans l'oreille.

"Non pas dodo là, moi lit papa y maman"
"Non ma loutre, tu dors dans ton petit lit."
Cris abominables de la part de l'adorable.
Si j'étais restée sur mes positions, je me serais dit que nous étions ici devant un combat de volonté. Elle veut ça, je ne veux pas, elle crie. Ca me parait logique, de mon point de vue d'adulte. Et pourtant il me restait un vieux souvenir d'enfance, flou, tout en sentiments : je suis en colère car je crois ne pas être comprise. Et si c'était ça ? On la refait :
"Non moi dodo papa y maman"
"J'ai compris ma petite loutre que tu voulais dormir avec nous… *petit temps de pose pour que chacun se mette au même rythme de compréhension* mais je ne suis pas d'accord."
L'adorable se couche dans son petit lit, renifle un coup et s'endort.
Qui a dit que la magie n'existait pas ?

---> Se dire que finalement un jeune enfant ne veut pas toujours s'opposer à l'adulte, même si son langage verbal, stridentel et gestuel nous semble dire le contraire. Penser à reformuler, penser à dire que nous avons compris ce qu'il voulait avant de le refuser.

La dernière source de colère que nous avons repéré chez notre adorable est la non maîtrise de son environnement causée par l'incompréhension d'un événement, parfois source de peur. Comme pour le stop, nous nous sommes mis d'accord sur quelques mots clefs importants tels que "peur" (en LSF on frappe deux fois avec la paume de la main sur le coeur), "d'accord" (en LSF : les deux poings devant soi se saluent), et "attends" (en LSF : on fait un petit coucou mais au plafond la main à la hauteur du nombril).
L'objectif ici est d'expliquer ce qui se passe, ce qui va se passer, suffisamment longtemps à l'avance pour laisser le temps de comprendre, afin que le jeune enfant ne soit pas surpris, qu'il ne reste pas sur le banc de touche avec ses questions sans réponse.
Pour compléter la chose, on peut lui apprendre quelques mots ou signes à sa portée s'il éprouve le besoin d'en parler lui aussi. Par exemple, la petite loutre pleurait souvent (sans que je ne puisse rien faire pour la consoler) lorsque son papa partait au travail. Je lui ai alors appris le signe "travail" pour qu'elle puisse me dire, elle aussi, ce qui se passe et ce qui la rend triste. Depuis, les départs de l'Explorateur passent presque inaperçus !
On peut évoquer les sentiments négatifs : colère, tristesse, … ainsi que, évidemment, leur contraire positif.

Et surtout, là où ça a marché du tonner avec notre loutre, nous faisons tout pour l'impliquer dans les explications grâce à nos petits mots clefs "attends" et "d'accord". Elle a ainsi la capacité de nous dire si elle est satisfaite du temps que nous lui avons consacré ou si elle a besoin de plus d'explications.
Petit exemple : nous avions une panne de voiture (d'ailleurs, à présent nous n'avons plus de voiture du tout…) et nous reculions la voiture en la poussant. La petite loutre avait désiré entrer dedans pour jouer. Dès que les roues se sont mis à tourner doucement, elle s'est mise à hurler contre nous. Comme une folle. Vraiment, ça faisait peur. Heureusement, les mots clefs étaient là !
"Pop ! Moi y'ai peur !"
"Mais la voiture va super doucement, tu ne crains rien."
"Moi attache."
"Non, je ne t'attache pas, il n'y a pas de danger, c'est maman et papa qui poussent la voiture. Tu es d'accord ?"
"Non, attends. Moi attache !"
"Si tu as peur, tu peux sortir de la voiture pendant la manoeuvre. Tu retourneras y jouer après."
"……… accord."

---> Et oui, c'est un peu bê-bête mais les réactions d'un petit enfant faisant suite à la peur ou à l'incompréhension peuvent s'apparenter à la colère. Pas facile à gérer, il faut le savoir…

Si vous avez des idées à partager vous aussi, n'hésitez pas ! Je suis preneuse. Oui, il reste encore quelques colères et oppositions que nous n'avons pas élucidées :-( J'espère que cet article vous sera utile, que vous saurez y trouver des mots et la bonne manière pour écouter votre adorable et terrible protégé.

A vous les studios !

26 commentaires:

  1. Nous avions fait le langage des signes aussi, et il y a un mot qui nous a sauvé bien des crises, c'est "encore". Au repas ou pour le biberon, il redemandait en étant sûr d'être compris :)

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    1. Ouiii ! Encore !! Ce fut le premier mot français de la petite loutre, peut-être même avant "maman" ou "papa"… Je ne suis plus certaine.
      Mais je me souviens bien de cette première fois où j'ai cru qu'elle s'étouffait avec le gâteau que je lui avais donné. J'entendais derrière moi, dans la voiture : "Cor' ! cor' !" et ce n'est qu'après m'être retournée vers l'adorable que j'ai compris qu'elle me disait "encore", encore du gâteau. Nous avions bien ri cette fois-là !

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  2. Merci de ce billet. Mes jumeaux ont 21 mois, je risque de le relire souvent :)

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    1. N'hésite pas si tu as des questions ou si tu fais des découvertes intéressantes avec tes deux presque-deux-ans ! Eviter à tout prix des situations où la loutre et nous étions en opposition fut décisif pour l'ambiance tranquille de la maison. Les solutions se construisent ensuite doucement en fonction des idées des parents… mais aussi des propositions des enfants !
      Tes jumeaux ne doivent pas manquer d'idées non plus, j'en suis sûre :-)
      Merci pour ton commentaire !

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  3. Je trouve ca super intéressant, merci ! Mais le mien à 14 mois et il ne connait pas encore du tout la langue des signes - et pire il évolue en contaxte bilingue. Comment lui apprendre les mots clés dont tu parles ?

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    1. Tu peux essayer de lui proposer différentes façons de s'exprimer.
      Quand il se trouve dans une situation où tu crois qu'il pourrait avoir besoin de dire quelque chose plutôt que de pleurer ou crier, tu lui proposes une idée à sa portée. Tu peux lui proposer un mot dans une des deux langues, celui qui te parait le plus simple pour lui, ou alors un signe quelconque.
      Il aura ensuite le temps d'étoffer son langage, dans mon article il est seulement question de mots clefs pour débloquer les situations embarrassantes.

      A 14 mois, je pense que les enfants sont tous capables de faire des signes, plus ou moins précis, cela va de soi, mais des signes que tu peux facilement repérer. N'hésite pas à accepter de sa part des signes même imparfaits. Au tout début, la petite loutre signait "téter" à l'envers, "lait" avec le pouce et l'index à la place du pouce et de l'auriculaire… Le principal est de se comprendre, pour encourager la communication calme et construite.

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  4. Des astuces intéressantes Céline. Comprendre et écouter l'enfant c'est primordial. Même si parfois on perd patience ou on est complètement perdu.
    A garder en mémoire car cette phase dure au delà des 2 ans...
    Merci.

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    1. Elever un enfant, c'est aussi rencontrer une autre personne. Il est normal de ne pas tout comprendre, de ne pas tout savoir sur lui, chacun a sa part de mystère. Comme tu le dis, il est important de chercher à comprendre et à écouter. Par écouter, je ne dis pas seulement se concentrer sur ce que l'enfant dit ou crie, mais aussi sur tout ce qu'il ne sait pas encore exprimer ou contrôler.

      Cette phase dure au delà des deux ans… je le crois bien. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce qu'ils quittent la maison ? :-)

      Merci pour ton message Marie ! A bientôt !

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  5. Comme j'aurais aimé lire cet article avant la naissance de mon fils. Je ne suis pas certaine que cela aurait changé les choses, mais au moins, j'aurais essayé (j'ai souvent verbalisé, reformulé sans jamais réussir à faire passer la crise). Il en faisait bcp, était bcp dans l'opposition. A presque 4 ans, les crises se sont modifiées: de crise de colére intense, il est passé à un véritable effondrement où il répète les mêmes phrases. Ah les grands sensibles.......
    Par contre, pour ma fille, je vais commençer la LSF. J'avais commençé et puis arrêter parce que pas vraiment le besoin. Elle sait trés bien se faire comprendre ("elle a les yeux revolver"). Mais exprimer sera certainement plus productif dans quelques temps.....

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    1. Je ne sais pas non plus si mon article aurait pu changer les choses, tout dépend tellement du caractère de chaque enfant ! Ma fille n'est pas particulièrement sensible, enfin je ne crois pas, par contre elle est terriblement susceptible… ! C'est à ça que nous faisons très attention.

      J'ai la croyance que si un enfant "fait des crises" c'est qu'il y a quelque chez lui qui ne va pas. Par là, j'entends quelque chose qu'il n'a pas su exprimer, une inquiétude qui n'est pas rassurée, une frustration quelconque… enfin, quelque chose qui ne va pas pour lui. Lorsqu'on y apporte une réponse, lorsqu'on arrive à mettre le doigt dessus et à s'y intéresser, ça va déjà mieux.
      C'est pour cela que je soutiens que plutôt de vouloir calmer un enfant à tout prix, il faut avant tout chercher à comprendre ce qui ne va pas.
      Un enfant crie parce qu'il n'est pas d'accord avec nous ? Le problème n'est pas pourquoi n'est-il pas d'accord avec nous (il en a le droit) mais plutôt pourquoi crie-t-il dans ce cas ? Qui a-t-il de si affreux ou de si difficile dans sa tête pour qu'il éprouve ainsi le besoin de crier ?

      Pour la LSF, je ne la pratique plus quotidiennement avec la petite loutre. Tout dépend des moments. Quand elle s'exprime en signes, je lui réponds en signes mais sinon nous sommes quasi-exclusivement passées au français.
      Comme tu le signales, tout dépend des besoins.

      Merci pour ta visite ici et pour ton commentaire !

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    2. Votre réflexion est pertinente. Néanmoins, il me semble que c'est donner à l'enfant des capacités d'analyse de ses émotions et de ses sensations qu'il n'est pas à même d'acquérir avant de nombreuses années d'expérience. Ce sentiment d'être touché par un phénomène que vous ne parvenez ni à verbaliser ni expliquer. Parfois, les émotions sont si fortes que les apaiser nécessitent bcp de cris. A presque 4 ans, on découvre un petit garçon trés sensible à son environnement (bruit, odeur, gout, vue), que le stress rend agité (et on comprend pourquoi il hurlait en voiture ou dans la poussette) et anxieux.
      Ma fille est moins dans cette mouvance, moins anxieuse. Par contre, elle a du caractère.... Je crois que les astuces que vous avez données me seront trés utiles ;)

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    3. Je pense comprendre ce que vous voulez dire… Je ne dis pas qu'il est anormal qu'un enfant crie, dans la mesure où, comme vous le signaler, les enfants sont mis face à avec des émotions ou des événements qu'ils ne sont pas capables d'analyser et de parfaitement verbaliser.
      Il me semble que les enfants crient non pas nécessairement dans le but de se fâcher, de se mettre en opposition avec les adultes, mais parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens d'expressions pour un mal être quelconque qu'ils sont en train de vivre. Les adultes ont donc le devoir de les aider à s'exprimer autrement, en fonction de leurs capacités, de leur âge, ou d'éviter aux enfants de vivre des événements qui sont au delà de leur capacité de compréhension et d'encaissement.
      Etre touché par un événement qu'on a du mal à surmonter de façon mesurée n'appartient d'ailleurs pas qu'aux enfants, les adultes aussi en connaissent souvent… et communiquer sur ces phénomènes s'apprend, et demande de s'ouvrir à des personnes de confiance. Et quel plaisir est-ce qu'on reçoit un écho chez l'ami vers lequel on s'est tourné, lorsqu'on arrive à se faire comprendre !
      C'est ce que je veux montrer à ma fille par ces petites astuces, et ce dès son plus jeune âge : essaie de t'exprimer, peut-être qu'il y a autre chose à faire que crier ici, peut-être que je peux te comprendre, enfin je t'assure que je fais mon possible. C'est pourquoi j'ai essayé d'identifier les différents événements qui posent problème à ma fille en ce moment.
      Je me doute qu'avec un enfant (hyper ?)sensible et anxieux, tout est un peu plus délicat à mettre en place. Avez-vous essayé des choses pour l'aider à mieux vivre sa sensibilité ?

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    4. Exact, on ne peut pas parler d'opposition. J'ai souvent pensé (et dit) cela, parce que même des choses simples étaient des batailles: s'habiller (il me fallait 1h, et aucunes astuces conventionnelles n'y ont changé: il se débattait puis se deshabillait), changer la couche, le mettre dans le cosy etc.... Et cela a commençé dés ses 2 mois environ. Le regard des autres est alors méprisant: "tu ne peux pas habiller ton enfant???, le mettre dans un siège auto???". Il faut le vivre pour comprendre.
      Ce qui nous a semblé étrange, c'est que tandis que tout le monde parlait de la terrible two, nous avons trouvé notre bonhomme plus calme, plus complaisant (et on a refait un n°2). Tout est relatif en somme. Je trouve ma fille de 10 mois plus calme alors que la miss escalade le bureau de son frére et y fait du toboggan pour glisser sur le lit à lequel il est adossé. Tout est question de référentiel!
      A son age, j'en suis plutôt à un stade au dessus: tu as le droit de ne pas être content, mais pas de taper. On va réfléchir ensemble à ce que tu peux faire pour montrer que tu n'es pas content. A son niveau, crier, voir grogner, est un énorme pas. Nous avons notamment tenté le coussin de la colère, sans succés. Il semble que les stratégies qu'il a mis en place en période de stress se traduit pas une hyperactivité. La verbalisation de la colère, frustration etc... l'apaise un peu aujourd'hui, mais comme tous les hypersensibles, je devine qu'il sent aussi notre état de tension généré par ses cris trés aigus. Je pense aujourd'hui que c'est trop lui demander de ne pas crier pour exprimer ses frustrations (je n'y arrive pas moi-même quand je me mets en colère).
      Nos stratégies: tenter de rester calme et serein, raconter des histoires (celle-là marche bien: http://okaasan-leblog.com/2015/09/25/petite-histoire-pour-enfant-un-peu-trop-dynamique/), les livre-audios, microkiné, lui expliquer et le laisser réfléchir et faire ses choix. Voila ce qui me vient à l'esprit.
      Ce qui ne marche pas: la télé (à petite dose aujourd'hui, avant, ca n'énervait trop), les livres de relaxation ("calme et attentif comme une grenouille"), détourner l'attention, proposer des choix ("non, c'est non"), la culpabilité etc....
      Je ne peux qu'être d'accord avec votre stratégie d'aider votre fille à gérer ses émotions et de lui montrer que vous êtes là pour l'aider. C'est aussi notre ligne de conduite: nous sommes ensemble, pas toi contre nous. On va réfléchir à des manières de vivre ensemble en respectant chacun.

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    5. Merci pour ce nouveau commentaire, il y a plein de choses qui me parlent beaucoup dans ce que vous dites ! Ne pas pouvoir habiller ma fille, la voir retirer son pantalon et son t-shirt parce que j'ai osé l'habiller de force, renoncer, la laisser libre nue dans l'appartement, avoir une visite de la voisine : "Mais tu la laisses toute nue ? Tu n'as pas peur qu'elle ait froid ?" Si, si, j'ai peur, mais quand je lui pose la question elle me dit "non", très sûre d'elle. Qu'y faire ?

      Pour le siège auto, j'ai trouvé une "fausse solution" : je lui dis "vas sur ton siège, c'est maman qui conduit, on va à/au …" et je ne m'en occupe plus jusqu'à ce qu'elle me dise oui. Et je l'installe sans commentaire. Ca peut prendre beaucoup de temps, mais sans cette patience forcée, je n'y arrive tout simplement pas.

      Ce que vous me dites me fait penser à une technique que j'avais essayé avec ma fille. Elle n'a pas fonctionné longtemps, mais je pense que ça lui a appris beaucoup en très peu de temps. Je prenais une de ses peluches et j'imitais ma fille avec cette peluche. Je n'hésitais pas à crier et à battre des pieds comme elle le faisait. Très vite, c'est ma fille elle-même qui me disait ce qu'il fallait faire pour la calmer : elle prenait la peluche dans ses bras, ou l'isolait quelque part, ou lui parler doucement. Je n'avais plus qu'à l'imiter à mon tour. Je pense que votre fils est trop grand pour cette forme de communication, c'est peut-être un peu la même chose que vos petites histoires.

      Je comprends tout à fait ce que vous dites lorsque vous parlez du besoin de crier de votre enfant pour extérioriser ce qu'il a à l'intérieur, que parler ne suffit pas. Ca fera peut-être de lui un grand artiste, s'exprimer normalement ne lui suffira pas ^^

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    6. Nos expériences ne doivent pas être si éloignées (j'espère que votre fille dort mieux que notre fils). Moi aussi, j'ai tenté de reproduire le comportement de mon fils avec une peluche, mais j'ai dû mal m'y prendre car je n'ai pas eu de réponse.
      J'admire votre détachement. Souvent, je me dis que si tout me semble plus simple avec ma fille, c'est que mon fils a traçé la voie: elle hurle en voiture => ca s'arrangera, on va faire du vélo! Elle se réveille 5-6 fois dans la nuit => petite joueuse, son frére faisait le double; Elle ne veut pas manger => vive la DME et vis te vie, ma fille! Elle veut escalader les chaises => attends, je te mets sur le tapis....ah tu t'es débrouillée toute seule. Ok, tu as raison, ta pauvre mére est déjà bien occupée ;)
      Moi aussi, j'ai un souvenir clair de mon enfance, de ma volonté de "bien faire" et de ne pas y arriver: pas assez calme, pleure trop etc.... "Je t'aime pour ce que tu es", voila tout ce que je voulais entendre. On lui explique aussi pourquoi il y a des jours où on crie plus que d'autre: ca marche bien ça aussi.
      Les histoires sont des moyens trés efficaces de le calmer. Mon conjoint en fait de trés jolies, trés poétiques. C'est lui qui aide notre fils à s'endormir tous les soirs.
      Qui sait ce qu'il deviendra, je lui souhaite seulement d'être bien dans ses baskets. C'est un bon début, pour le reste, ce sera à lui de jouer.

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    7. Notre fille dort très bien (ouf !) en ce moment. Nous avons alterné des périodes difficiles et d'autres très faciles, comme en ce moment. Elle a depuis Noël une petite veilleuse, elle est devenue très autonome la nuit grâce à elle. Tout va bien pour le moment ! Je n'ai aucun conseil/idée à partager sur le sujet car nous n'avons rien fait de particulier pour que ça se passe comme ça. Je pense que c'est comme pour les colères : on peut faire toutes les meilleures techniques du monde, quand l'enfant ne veut/ne peut pas faire autrement, c'est comme ça et ce n'est pas la faute du parent. Il y a eu un moment où notre fille a bien voulu se coucher facilement, en échange d'une lumière dans sa chambre, on a accepté le deal.
      Comme vous dites : finalement, tout ce qu'on attend de nos enfants, c'est d'être bien dans leur peau ! Vous pourrez d'ailleurs vous intéresser au dernier commentaire qui a été laissé en bas de cet article : une maman a eu une fille parfaite, qui ne faisait pas de colère, mais qui n'était pas forcément à l'aise avec elle-même.

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  6. Ma boulette venant à peine de fêter son premier anniversaire, je n'ai pas encore droit à ce genre de situation. Mais tes petites astuces semblent top et je vais les garder dans un coin de ma mémoire pour plus tard, ainsi que les signes bien utiles (à rajouter dans ceux qu'il faut que j'apprenne et que je lui apprenne).
    Merci pour cet article !

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    1. Merci Elsa pour ton commentaire. Si tu as besoin de quelques signes ou phrases, n'hésite pas : je te répondrais avec plaisir.
      Bises.

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  7. Je retiens toutes ces astuces, pleines de bon sens :) Plus qu'à mettre en pratique, en essayant que ça précède (ou remplace) l'énervement parental :) Après, c'est vrai que nos réactions sont très dépendantes de notre humeur : beaucoup plus de patience quand on est bien, beaucoup moins quand on est fatigués, stressés... :(

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    1. C'est amusant que tu parles de fatigue et de stress : l'idée du mot d'alerte "stop" nous est justement venu un jour où nous étions à bout. C'est ce que nous lui répétions pour qu'elle se calme (sans succès)… et puis d'un coup nous avons eu l'idée de lui expliquer qu'elle pouvait l'utiliser elle aussi. Elle s'est calmée d'un coup et à voir son intérêt soudain nous avons su que nous avions visé juste. Depuis c'est peu à peu devenu un réflexe pour elle.

      Et puis la première fois que j'ai fait une reformulation… ! De la folie. Ma fille criait à tue tête, mon chien pleurait en tournant en rond (nous étions enfermés dans une même pièce), je venais de dire "ta gueule" au chien avant de m'exaspérer : "Mais oui, roh, j'ai compris que…" Et hop, d'un coup, plus de cris. Le chien allongé à mes pieds. Ma fille toute ouïe vers moi. Magique. Je n'étais plus que la seule énervée dans la pièce, en à peine 10 secondes, et je me suis trouvée bête.

      :-P

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  8. Mon commentaire va un peu étonner mais je regrette aujourd'hui que ma fille n'ait jamais poussé de colère. Même lorsqu'elle se faisait mordre à la crêche, elle ne disait rien et gardait sa bonne humeur imperturbable. C'était merveilleux, une enfant agréable, très débrouillarde et trés éveillée. Elle parlait à deux ans comme une grande personne. Merveilleux? Non, trois fois non. Notre enfant, dans un souci de perfection, a développé un syndrome qui l'a empêchée de développer ses émotions. Et le psychiatre nous a alors expliqué les bienfaits des colères, de l'opposition. Heureusement, ce qui l'a sauvée (enfin en partie puisque maintenant elle souffre de tics et tocs), c'est notre patience et notre amour inconditionnés. Mais, aujourd'hui, je regrette de toujours lui avoir appris à réfléchir, à analyser.
    JE crois qu'il n'y a pas de méthodes. Avant les 10 ans de ma fille, j'étais persuadée que nous avions trouvé la bonne. Nos enfants n'ont jamais fait de crise, jamais crié, ne se sont jamais battus. Mais aujourd'hui, je n'ai plus de certitudes. Ce calme, cette verbalisation permanente, cette analyse ont sans doute obligé notre fille à ne jamais exprimer ses colères, ses émotions profondes. Etre une parfaite petite fille, voilà ce qu'elle voulait être. Et elle l'est. Mais l'aurait-elle été moins si elle avait crié, si elle s'était opposée, si elle n'avait pas toujours tout réussi toute seule. Je m'interroge. Elle nous voyait ne jamais nous énerver, ne jamais crier et sans doute a-t-elle cru qu'elle n'en avait pas le droit. Je ne sais pas.
    ALors, une bonne colère parfois, c'est peut-être pas si mal? Ne pas toujours être attentif à l'enfant et montrer qu'il y a une vie en dehors à laquelle on s'adapte ou pas, le laisser être en colère, est-ce si grave? A-t-on toujours une raison d'être en colère? N'est-ce pas parfois l'accumulation de petits détails?
    Je ne sais plus rien. Nos enfants se sont épanouis sans cri, sans écalts, sans énervement mais cela était-il le mieux?

    Aimer son enfant, le respecter sont sans doute les seules certitudes. Ensuite, c'est un grand point d'interrogation?

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    1. Votre commentaire est vraiment très intéressant. Je pense qu'il met en lumière le fait que pousser des colères n'est pas un signe de dysfonctionnement chez l'enfant, mais une réaction normale. Votre fille est un cas assez particulier il me semble : la pathologie qu'elle a développée n'est pas dû qu'à la façon dont vous l'avez élevée, elle devait avoir des prédispositions (intelligence, perfectionnisme).

      Mon article n'a pas pour but d'interdire les colères d'un enfant, ou de lui supprimer ce droit, mais d'analyser trois sources de colère repérées chez ma fille de deux ans. Il me semble que faire de cette façon est respectueux du développement de l'enfant : on ne prédit pas ses besoins, on l'observe pour essayer de deviner ce qu'il veut et on lui donne quelques outils. Il était désagréable pour ma fille, qui n'a pas encore très bien acquis la parole, de se faire comprendre. Elle était en colère, mais avant tout, elle voulait être comprise. "Stop", "attends" et "d'accord" ont été des mots magiques pour elle. Communiquer lui a d'un coup paru à sa portée.
      Cette article allait à contre-courant par rapport aux parents que je vois régulièrement accuser leurs enfants d'être en guerre contre leurs parents, de tout faire pour leurs déplaire. Au contraire, et ceci va dans le sens de ce que vous me dites, l'enfant éprouve de la colère pour lui-même. Parce qu'il n'a pas compris quelque chose. Parce qu'il n'est pas d'accord. Parce qu'il a peur sans avoir la capacité de l'exprimer. Il n'a pas à plaire ou à déplaire à ses parents, il doit devenir lui-même, un être complet, avec toutes ses intelligences (cognitives, certes, mais aussi émotionnelles et relationnelles).
      Face à la colère, les parents sont souvent démunis. Les mots d'alerte nous aident beaucoup. Ils n'ont pas pour objectif d'apprendre à l'enfant d'autre chose que de dire aux parents "stop".

      Les parents n'ont pas à essayer d'être parfait. Ce n'est pas une nouveauté : l'imperfection des parents participe au développement de l'enfant. Ce qui est contre-productif c'est la maltraitance, le dénigrement, l'endiguement de sa personnalité. Et vous le dites très bien : l'amour de ses parents, simple et durable, pour ce qu'il est.

      J'ai à la maison un mari ayant une intelligence émotionnelle exceptionnelle. Une fois adulte, qu'est-ce que ça donne : Est-ce qu'il se met en colère ? Très peu, et certainement pas pour de petites raisons, certainement pas pour rien, encore moins pour une accumulation quelconque d'événements. Ni la colère, ni l'absence de colère ne le fait souffrir. C'est mon point de repère dans le développement de ma fille. Si une émotion la fait souffrir, je m'interroge. Si elle manque d'une émotion à ses dépends, je m'interroge.

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  9. Effectivement, ma deuxième est une de ses enfants que l'on dit précoce, à savoir qu'elle a une réflexion qui dépasse son âge. plutôt un handicap quand on est petit.
    Toutefois, les rendez-vous avec le psychiatre nous ont montré qu'on avait un peu oublié le corps et considéré que tout pouvait être intellectualisé et qu'il y avait parfois des tensions corporelles que les pleurs pouvaient libérer.
    Là où je vous rejoins est que je suis persuadée que le jeune enfant n'agit jamais, s'il a été entouré normalement, pour se confronter à l'adulte. Cela arrive plus tard dans le développement de l'enfant et n'est pas forcément obligatoire. Autre point, l'importance liée à la parole. Ayant pas mal travaillé dans les prisons, ce que l'on remarque est que les êtres violents sont souvent des êtres mutiques. Et c'est vrai aussi chez le jeune enfant, il est terrible de ne pas pouvoir se faire comprendre voire entendre.
    Nos trois enfants ont parlé très vite et tous les trois pouvaient verbaliser leurs demandes. Toutefois, les événements subis par notre seconde nous ont toujours interrogés. Pourquoi ne pleurait-elle pas? Simplement parce qu'elle disait ne pas avoir mal. Etait-ce vraiment le cas?
    ENfin, il me semble qu'il n'y a pas de règles. A partir du moment où on est dans le respect chacun doit agir en fonction de ce qui lui semble juste et cohérent au sein de son cercle familial. Dans notre famille, personne ne crie, ne se met en colère, tout est très calme. Est-ce bien? Je n'en sais rien.
    Moi aussi encore, alors que les enfants sont bien plus grands, je m'interroge en permanence et je peux maintenant les interroger. Visiblement être face à quelqu'un qui sécurise, qui semble maîtriser le bien et le mal rassure les enfants. Mais est-ce une bonne chose?
    C'est terrible et en même temps assez salutaire le doute.
    Il y a une chose qui est certaine, vous voulez le bonheur de votre fille tout en voulant préserver le vôtre et je crois que cela ne peut pas mener à la catastrophe, bien au contraire.

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    1. J'ai pensé à vous hier. Je me suis fâchée et j'ai crié. J'ai vu que mes réactions ont beaucoup intéressée ma fille. Ce n'était pas la première fois que je criais à la maison, mais jamais la petite loutre n'avait présenté de l'intérêt pour mon énervement. Je voyais bien qu'elle ne se sentait pas responsable de mon humeur, alors je me suis permise de lui expliquer ce que j'avais. Et nous avons ensemble joué "à la colère".
      Elle a terminé sa journée en étant très calme, très apaisée. Je crois qu'effectivement lorsqu'on détache clairement la colère de l'agressivité, cela peut-être intéressant pour un enfant.
      Comme vous dites, il faut rester fidèle à ce qui nous semble juste et sain pour chacun. Dans le respect des enfants, mais également dans celui des adultes. Enfin, dans le respect de tous ceux qui vivent dans la maison (nous vivons avec un chien et un poisson).

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  10. Merci Celine. En opposition avec mon fils de trois ans et quelques ces derniers temps je cherche à me "convaincre" des bienfaits de l'éducation positive que j'ai décidé de lui donner et surtout, je cherche des clefs pour agir positivement face à ses émotions. J'en ai trouvé quelques unes ici.

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    1. Elever ses enfants, ce n’est vraiment pas évident. Je crois que plus ils grandissent, plus la difficulté est croissante. Il faut être prêt à toujours être remis en question, à douter encore, rien n’est acquis. Et pour cause : nos enfants ne sont pas nous ils ne nous appartiennent pas, ils sont là pour grandir près de nous et puis partir… vivre leur propre vie. Alors non, rien n’est acquis et rien ne le sera jamais…
      Pour ne pas me mettre en opposition avec ma fille, je me répète souvent qu’elle n’est pas moi, que ce qu’elle fait dit ou ne fait pas lui appartient. Ce n’est pas que je me défais de mes responsabilités, non pas du tout (je fais de mon mieux, comme tout le monde je crois !) mais je différencie avec acharnement ce que je suis de ce qu’elle est. Ne plus prendre personnellement les choses, c’est une éducation positive pour soi-même. Et pour l’enfant —de fil en aiguille.
      Donner des outils à l’enfant est salutaire pour le parent. Il a moins de choses à gérer lui-même je dirais. Mais il faut que l’enfant soit prêt à les utiliser. Ce n’est pas parce qu’on lui a dit qu’il devait parler au lieu de crier (ou pleurer) qu’il le fera. Il le fera s’il en a envie. C’est agaçant ^^

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Céline.

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