author image in post end author image in post
Widgets

Un petit périple de prévu ?


Je suis comme tout le monde, j'ai des amis qui sortent de l'ordinaire. Ces amis tentent des trucs pas croyables. Enfin, vous devez connaître, si vous êtes comme tout le monde, pas besoin de tergiverser.

J'ai reçu un e-mail le mois dernier. Il tenait à peu près ce langage :

« Bonjour les amis que j’aime, je construis depuis plus de six mois une maison sur un terrain non viabilisé, ya pas d’eau potable ni d’électricité mais par contre il parait qu’il ya du réseau mais je ne peux pas vérifier vu que je n’ai pas le téléphone…
Enfin bref, vous le savez surement, mon objectif est de me lancer dans un mode de vie écolo et autonome, de vivre en autarcie ! (Pour mes lecteurs qui ne savent pas où est située l’autarcie, Wikipédia est fait pour vous…) Si ça vous dit de venir m’aider dans mes travaux, je vous accueille avec plaisir !
Évidemment, faut chercher l’eau au village tout en bas de la colline.
Évidemment, faut faire 10 km dans la montagne pour faire ses courses.
Et prévoyez vos tentes et duvets !
Pleins de bisous d’amour ! »

Il rajoutait en P.S. comment rejoindre son terrain, à la fontaine derrière le clocher, tournez à gauche après le rocher… J'avais rapidement évoqué dans l'article qui a fait des tabacs (je veux évidemment parler de celui-ci) mon idée d'aller le rejoindre pendant le mois de juillet. Le lieu de rendez-vous étant à plusieurs centaines de kilomètres de ma maison, et parce qu'il était absolument exclu que je prenne la voiture pour m'y rendre, j'ai décidé de n'y aller qu'en transport en commun ou avec la force de mes jambes. Ai-je précisé qu'aucune gare ni aucun bus ne dessert le petit coin de paradis de mon ami ?

Vitesse maaaaaximaaaale !

Mais avec qui vais-je faire le voyage ?

Ce sera une grande première pour moi : l'Explorateur ne sera pas de la partie. Eh oui… ! C'est qu'il est sous contrat le monsieur. Un CDI s'il vous plait. Ses vacances sont précieuses et déjà réservées pour d'autres occasions. Je ne voulais absolument pas faire le voyage seule, j'ai donc lancé un appel à candidature au sein de ma petite famille. Deux candidats étaient en finale ! Mon petit poisson combattant Antimoine a très vite été éliminé, son expérience en plein air fut jugée insuffisante.

Jedi. Plutôt balèse comme mec. Il ne demande pas trop de bagages personnels et se débrouille tout seul pour se déplacer, malgré tout il prend une place demi-tarif dans le train. Si je pars avec lui, il m'est tout à fait envisageable de porter toutes nos bagages à moi toute seule (nous attendons qu'il ait atteint sa taille adulte pour lui acheter son propre sac à dos) et ainsi de partir en TGV et de finir à pied.

Son potentiel de séduction (très important en cas de pépin : avoir un compagnon très séduisant pour que les autochtones veuillent bien nous aider !) : 7/10. Disons que c'est un chien magnifique mais que s'il fait un peu le fou-fou, on peut rapidement avoir peur de lui.

Mes inquiétudes quant à ce candidat concernaient la nuit et la nourriture. Et oui, monsieur le coquet a perdu son pelage d'hiver et mon ami l'écolo m'a bien prévenue que les nuits allaient être fraiches… Je ne voulais pas avoir à inviter Jedi sous ma tente, et nous ne nous sommes pas encore mis d'accord avec l'Explorateur pour l'achat d'une tente spéciale Jedi. De plus, ce grand garçon mange principalement de la viande sous forme de cuisses de poulet (c'est un carnivore voyez-vous), denrée difficilement abordable lorsqu'on ne connait pas la bonne boucherie. Là-bas, il n'y aura déjà pas l'eau potable, alors des poulets prêts à consommer… Je ne demande même pas !

La bête au repos.

La petite Loutre. Très intelligente et vive, elle fait un compagnon de route très agréable. Ce serait de plus un véritable plaisir pour moi de découvrir ce coin perdu avec elle ! Durant le trajet, je serais cependant obligée de la porter car elle n'est absolument pas capable de suivre un chemin tout tracé. Je ne pourrais donc pas porter de sac supplémentaire sur le dos. Si je pars avec elle, je dois obligatoirement prendre le vélo, avec la remorque. La petite Loutre voyage gratis dans le train, le vélo également tant que je reste sur des TER.

Son potentiel de séduction est de 9/10. Il n'y a que lorsqu'elle est fatiguée ou qu'elle a un peu mal aux dents qu'elle devient pénible, autrement dit : très très rarement ! Sans cela, tout le monde la trouve ultra mignonne et éveillée ! Personne ne nous laissera sur le carreau avec elle.

Aucun problème pour le dodo car j'invite la Loutre volontiers dans la tente. Niveau nourriture, elle mange comme moi, donc no problem également.

La petite Loutre à la "plage", près d'une tête de chien,
d'un diplodocus ou d'un cachalot.

Pourquoi pas les deux ? Vous l'avez peut-être remarqué vous aussi, voyager avec les deux jeunes est absolument incompatible tant que Jedi n'aura pas son sac à dos. Avec la petite bulle je dois prendre le vélo et je ne me vois pas voyager avec un vélo, un bébé et un chien en même temps. Non, quand même, j'ai des limites… De plus, le candidat qui n'est pas retenu pourra consoler l'explorateur pendant notre absence.

Qui est l'heureux gagnant ? La petite Loutre ! Et oui, la nounou est en vacances et Jedi pourra rester seul à la maison (c'est un ado quand même !). Et surtout, surtout, je n'ai pas résisté à l'envie de vivre une aventure extraordinaire avec ma fille ! (Et j'avais peur que Jedi se frite avec des Patou, très présents dans la région où je compte me rendre.)

L'organisation du voyage

Je ne vais vous faire la liste détaillée de ce que je vais mettre dans nos sacs. Si vous avez des enfants, vous savez ce dont un petit d'un an et demi a besoin. Si vous avez déjà fait du camping, vous savez qu'on a généralement besoin d'une tente, ou d'un hamac, d'un duvet, peut-être d'un tapis de sol (selon la température), d'un réchaud, d'une lumière (torche, frontale, lanterne… qu'importe !) et d'un couteau. Je m'arrête là, j'ai dit que je ne faisais PAS la liste !

Ce qui est nouveau pour moi ici c'est que je vais devoir faire un itinéraire. La petite Loutre monte dans une remorque et même si les TGV et autres trains sont souvent équipés pour accueillir les vélos, ils ne sont vraiment pas pratiques. Il y a souvent des marches à monter, ce qui demeure impossible à avec une remorque non pliées.

Il faut donc que je prenne des TER de plein pied à des heures creuses.

Alors me voilà à potasser la carte des lignes TER de France, qui n'existe que découpées région par région, à vérifier la compatibilité des horaires et tout… Ce que le petit ordinateur de voyage-sncf n'est pas capable de faire. Et tada ! Ca marche ! Si, si ! Ca me fait même un trajet pas cher du tout, qu'on pourra effectuer en moins d'une journée !

Et voilà !

Quel beau titre, n'est-ce pas ? Et voilà, la Petite Loutre et moi-même partons dans deux semaines pour quelques jours dans un long périple à travers la France, sautant de TER en TER avec toute l'agilité dont un vélo suivi par une remorque est capable, pédalant comme des folles pour rejoindre la fontaine derrière l'Eglise et tourner à gauche. (Attendez, c'était à gauche ou à droite qu'il fallait tourner ??) Se perdant en pleine nature sans personne à qui appeler, même s'il y a du réseau-il-parait. Courant tout en bas de la colline pour acheter quelques pov' légumes défraichis.

Aaah ! Que c'est doux les vacances ! J'ai hâte !

La petite Bulle aussi pratique l'escalade.

Je trouvais mon article un peu trop bavard alors j'ai mis plein de photos pour divertir ceux qui n'aiment pas lire. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais lorsqu'on reste avec la souris pointée sur une image suffisamment longtemps, je m'arrange pour qu'il s'affiche un texte complémentaire, à destination de mes fans. =)

…Eh ! Mais je te jure que j'en ai, des fans !
Arrête de te moquer François !

5 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Le plaisir de vivre dans son corps


Il m'arrive parfois d'oublier. Je ne sais pas exactement pourquoi ni même comment il est possible de continuer à vivre sans savoir ça et pourtant… C'est bien là qu'est le piège d'ailleurs. Il n'est pas nécessaire d'en être conscient pour continuer à vivre, mais lorsque la vérité me saute aux yeux je me dis toujours : Oh ! Misère ! J'avais oublié d'exister !

Je reviens de vacances, j'aurais peut-être dû choisir un sujet plus facile pour reprendre mon activité d'écriveuse, mais j'avais peur d'oublier de nouveau, de ne plus me souvenir combien cela est important. Je voudrais vous parler du corps humain. Pas de la mécanique, pas des cellules, pas des nerfs, de la nutrition et du cerveau, bien que tout cela reste et demeurera primordial, je voudrais vous parler d'un corps conscient jusqu'au bout des doigts, de celui dont la volonté s'exerce pleinement et intelligemment. Le corps qui ne se perd pas dans la pure contemplation de son cerveau, dans la fine écoute de son coeur, dans le regard infini du jeu de ses doigts, le corps qui habite pleinement en lui-même se meut au milieu d'une satisfaction sans pareille. Je ne dis pas ça pour vous appâter, hein ! D'ailleurs cet article ne donnera pas la moindre recette pour atteindre un tel état (je ne suis pas prof de yoga), je désire simplement vous parler, et pour le simple plaisir de le revivre, de mes vacances d'escalade qui m'ont permis de retrouver un peu de mon corps.

Vivre dans son corps réclame un peu de concentration. Lorsque je demande à mes élèves s'ils savent se concentrer, ils froncent les sourcils en crispant leurs lèvres, raides et fermés sur leur siège, histoire de me montrer que oui, ils savent se concentrer. Je souris gentiment en leur disant que non, la concentration, c'est pas vraiment comme "faire caca". La concentration s'est se focaliser, corps, âme intelligence et conscience sur une tâche. Pour parvenir à un état de concentration, il est primordial d'y consacrer du temps et surtout d'avoir envie. Quand je dis avoir envie, ce n'est pas avoir envie de se concentrer (ou de déféquer), entendons-nous bien, c'est de vouloir ce qu'on fait.

Quand on veut, on peut. C'est peut-être vrai. Ce qui est certain c'est que lorsqu'on veut, on peut marcher sur le bon chemin. Il suffit d'atteindre un état de concentration suffisant.

Alors le monde disparait et ne peut plus vous divertir parce que votre conscience l'absorbe. Alors votre corps oublie ses besoins et ses douleurs parce qu'il est tout entier tourné vers la réalisation d'un objectif. Votre intelligence fonctionne sans fatigue parce qu'elle navigue sur une mer douce et délicate toute dessinée pour elle. 

Je ne me rends compte de mon état de concentration que lorsque j'en sors. Ne plus être concentré c'est comme se réveiller d'un rêve merveilleux. La concentration a laissé une trace sur notre corps qu'on voudrait indélébile. Un bonheur immense nous envahie. Et pourtant le monde, ses bruits, ses lumières, nous sautent à la gorge. On respire longuement. Les bonnes choses ont une fin, on reprend notre vie banale et on cesse de créer jusqu'à ce que la prochaine vague cosmique nous emporte.

Si je n'étais pas déjà tombée amoureuse de l'Explorateur, j'aurais été perdue d'admiration devant lui lorsque je l'ai vu concentré pour la première fois. Il grimpait une voie d'escalade difficile et haute. Il était à quelques mètres au dessus de sa dégaine, il avait exclu de ses pensées l'idée de tomber. Il était concentré. Ses gestes avaient atteint une précision immortelle, son visage était détendu et serein, sa force avait été décuplée. Il avançait tranquillement et les difficultés de l'escalade ne le faisaient plus souffrir. Soudainement ses doigts atteignirent le relais. Il me souriait. Le soleil l'aveuglait et le brulait mais il avait atteint un état mémorable.

Pendant ces vacances, l'escalade m'a permis de reprendre la pleine possession de mon corps. Il est bien beau d'être concentrée sur un devoir de mathématiques, assise sur une chaise à 45 cm du sol, c'est une toute autre affaire de transmettre sa conscience à l'ensemble de son corps et de son équilibre, collée à un cailloux à la peau piquante, les muscles tantôt bandés, tantôt relâchés, dans un mouvement mêlant précision et force.

Lorsque je pratique l'escalade avec François l'Explorateur, j'éprouve pleinement le plaisir de vivre dans mon corps.

Ce n'est pas une voie très difficile mais j'ai éprouvé beaucoup de plaisir
à exécuter les gestes "nouveaux" qu'elle me réclamait

Lorsque je pratique l'escalade je suis sans cesse confrontée à des mouvements nouveaux, des mouvements que ni mon corps ni mon esprit n'ont encore pratiqués. J'avais passé les vingt premières années de ma vie à tout apprendre par la parole (les maths, la littérature, les lois de la physique, …) voilà que grimper me montrait une nouvelle voie d'apprentissage : celle du corps. Pour continuer à gagner en altitude et rester accroché à sa paroi, il faut tout coordonner. Il faut que la force s'applique au bon moment, avec le bon muscle, avec la précision adéquate ; il faut que l'équilibre soit respecté, parfois vertical comme à l'accoutumée mais d'autres fois une jambe à la hauteur des épaules, une main vers le talon ; il faut que le poids du corps se déplace au dessus d'un pied et de l'autre, qu'il se répartisse entre une main et un pied à un instant, entre un orteil et rien d'autre le pas suivant ; il faut que l'esprit soit présent dans ce qu'il fait, qu'il respecte les mouvements du corps et qu'il ne se laisse pas emporter dans sa complaisance existentialiste (mais pourquoi est-ce que je fais ça ? mais pourquoi ne suis-je pas resté assis sur la nappe de pique-nique ? mais pourquoi monter encore plus haut ? mais pourquoi est-ce que j'existe ? mais pourquoi faut-il que j'existe ??) ; et il faut que la concentration soit de mise. Evidemment.

Et arrive le moment où on arrive en haut. Les bras pendent le long du corps. Le coeur bat plus vite. Le soleil nous frappe parce que le rocher ne nous protège plus dans son ombre. On est heureux d'avoir réalisé quelque chose de fort : la conscience jusqu'au bout des doigts, l'intelligence prise dans l'incroyable tunnel de la concentration, notre corps a réussi à faire des mouvements, un pas vers l'humanité qu'il ne connaissait pas avant de rencontrer ce rocher. Lorsque j'arrive en haut, je suis heureuse de vivre dans mon corps, et je l'aime pour tout ce qu'il est capable d'apprendre !

Faites de l'escalade, ou faites autre chose, mais vivez le plaisir de vivre dans votre corps.

2 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Maternage et éducation : que désire votre enfant ?


Je crois que tous les enfants décident de leurs parents. Les âmes voltigent au-dessus du monde à la recherche de la nouvelle vie qui leur manque. Dès qu’elles trouvent un lieu d’incarnation qui leur plait, elles foncent sans peur vers la vie. Ce qui est sûr, c’est que la Petite Loutre m’avait choisie et qu’elle n’a pas hésité longtemps à venir lorsque le moment s’est présenté. Sachant cela, je me devais de la respecter. Si elle est venue vivre ses premières années entre l’Explorateur et moi, c’est pour une raison précise. Elle était encore dans mon ventre que déjà je m’interrogeais à son sujet : que cherches-tu Petite Bulle ?

Je n’avais pas vraiment peur de me tromper sur son compte. Parce qu’elle nous avait choisis, l’Explorateur et moi, nos valeurs l’avaient touchée et inspirée. La Petite Bulle savait qu’en vivant son enfance près de nous, elle apprendrait ce que l’univers avait besoin qu’elle apprenne. Mais je l’ai quand même longuement regardée. J’ai croisé ses yeux qui scrutaient les miens perdus dans la contemplation de son visage. Elle a souri lorsque je suis soudainement sortie de mes rêveries. Elle avait l’air de me dire : « Tu sais très bien ce que je veux ma petite maman, fais-moi confiance. » J’ai rigolé de la voir si sûre d’elle, âgée de quelques semaines à peine, et j’ai compris ce qu’il lui fallait.

On ne voit pas trop sur cette photo alors je vous décris :
la petite loutre est installée dans l’écharpe élastique d’une marque bien connue.
Ma Petite Loutre est un enfant pressé de grandir. Elle veut de l’autonomie, elle veut de la confiance, c’est une audacieuse, elle veut dévorer le monde, sa condition de bébé ne lui convient pas. Je terminais mes études lorsqu’elle est née, j’étais loin du monde de la maternité, de celui des jeunes parents, et je ne vous connaissais pas encore, les merveilleuses rédactrices des blogs « familles ». Alors l’Explorateur et moi avons essayé de faire preuve d’empathie : bon, si nous étions des loutres, qu’est-ce qui nous plairait et qu’est-ce qui ne nous plairait pas ? C’est ainsi que nous avons, petit à petit, constitué un programme d’éducation tourné vers la confiance et l’autonomie.

Pour la confiance, je me disais qu’il fallait préserver la petite loutre des stress inutiles et lui offrir les possibilités de s’exprimer librement. Pour l’autonomie, nous l’avons tenue à l’écart de tout ce qui, dans notre jargon, « bébétise ». C’est-à-dire tout ce qui ressemble à des trucs faits exprès pour les bébés. La première chose que nous avons refusée fut la poussette. Ça nous paraissait extrêmement logique. Une poussette, c’est fait exclusivement pour les bébés, donc ce n’était pas fait pour une loutre. Pareil pour ce qui est biberon, babycook, totote, lit à barreaux…

La petite bulle a la chance d’avoir une maman qui connait assez bien la langue des signes, alors hop : pas besoin d’apprendre à parler puisqu’il suffit de bouger les mains pour se faire comprendre ! Pourquoi apprendre à marcher en s’accrochant aux meubles s’il suffit de se fabriquer un niveau à bulle en mettant une boule du sapin de Noël dans une assiette plate ? À quoi servent les jeux pour bébé lorsqu’on a le droit de chercher dans les placards des petits pots de sauce tomate à empiler ? Même pas peur de se coincer les doigts dans les tiroirs car il y a de quoi s’entrainer pendant des heures avec une table de chevet pendant que maman lit. Et maintenant que la loutre a une petite ficelle qui pend au bout de chaque clenche, elle peut ouvrir et fermer toutes les portes de la maison !

Voilà ce dont ma petite a besoin : confiance et autonomie. Nous n’avons pas cherché d’autres trucs pour l’élever, c’est ça qu’elle veut, et tout se passe comme sur des roulettes. C’est bien plus facile d’accueillir chez soi un bébé satisfait qu’un bébé parfait ! Voici donc le conseil que j’aimerais donner à tous les parents : n’essayez pas de faire mieux ni même juste bien, faites seulement selon les aspirations de votre enfant. Regardez-le dans les yeux, cherchez quelque part dans son regard prêt à tout absorber la fine traîne de son âme, et demandez-vous : mais pourquoi es-tu venu ici ? Il n’y a rien de mieux, je crois, pour qu’il débute bien dans sa vie.

4 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

J'aurais pu être un écrivain plus-que-raté


D'abord, il y a l'écrivain à succès. Vous le connaissez forcément. Vous avez vu une critique de son livre sur un blog quelconque, la couverture est en vitrine dans tous les Relay des gares de France, pour cet écrivain-là, on ne se fait pas de soucis. Et parfois, même si on n'aime pas le genre ni le sujet, on lit quand même son livre. Pour pouvoir en parler avec les collègues ou les amis. Pour pouvoir dire j'ai aimé ou je n'ai pas aimé. Derrière on met se qui va bien avec : l'intrigue (pour un polar), le style (pour un roman réaliste), la profondeur des personnages (pour une romance), la vraisemblance (pour un roman historique), l'imaginaire (pour un livre de SF ou de fantaisy)… Quand on est jeune écrivain, on rêve d'être un écrivain à succès. C'est quand même le mieux, pour la reconnaissance sociale. Il est pas juste un écrivain, il est comme un super écrivain qui a bien compris comment fonctionnent le monde artistique et le monde réel. Il est gagnant sur tous les tableaux.

Il parait que c'est surtout une question de chance. Avoir un livre qui plait, avoir du talent, avoir une bonne idée pas trop visitée, rencontrer les bonnes personnes et le bon éditeur… Vous appelez ça la chance, vous ?

Puis, il y a l'Écrivain. A celui-là on lui met un grand E majuscule avec accent parce que, voyez-vous, même si on ne voit pas son livre partout, même si on ne l'a pas lu, on sait que son livre existe. Parce que ce que l'Écrivain écrit est intelligent, profond et visionnaire, qu'il influence doucement la société dans laquelle nous vivons. Cet écrivain-là, peut-être qu'il finira à l'académie française. Peut-être qu'il y est déjà. Peut-être qu'il écrit loin de votre regard, dans une petite maison de pierres, au bord de la mer. Il est souvent âgé, il parle avec une voix roque, c'est souvent un homme à vrai dire, on ne connait ni ses enfants ni sa femme, on ne connait que son livre, même sans l'avoir lu. Son livre sera étudié d'ici peu par les lycéens en littérature.

Vous le connaissez ? Moi aussi. Et pourtant je n'ai rien lu écrit de sa part.
Pas même une traduction.
Je connais aussi l'écrivain de génie. Lui est plutôt jeune, il a écrit son premier livre très tôt (entre 19 et 23 ans). Même s'il subit l'influence des grands (je parle ici des Écrivains), ce qu'il fait est toujours neuf et éblouie les plus savants. Il vit de son oeuvre, il ne vit que pour son oeuvre. Il ressemble un peu à l'écrivain incompris, mais, contrairement à ce dernier, des gens qui ne sont pas ses parents ni ses amis aiment le lire.

L'écrivain de foi, quant à lui, qu'il vive ou non de son métier, est un vrai passionné. Il connait ses lecteurs par leur prénom car il dédicace les exemplaires qu'il vend. Il se débrouille comme il peut entre l'auto-édition, l'édition à compte d'auteur, et les maisons régionales, mais ce qui est sûr c'est qu'il met tout son coeur dans ce qu'il fait. Tandis qu'on pourrait facilement critiquer l'écrivain à succès, l'écrivain de foi est irréprochable sur la qualité de son travail.

L'écrivain du dimanche n'est franchement pas mauvais mais il n'a pas organisé sa vie pour écrire. Il se doute bien qu'un roman est extrêmement chronophage, mais il n'a pas réussi à passer le cap.

Celui qu'on redoute de rencontrer c'est l'écrivain raté. Son livre ne s'est pas vendu à la hauteur de ses espérances. Vous l'avez lu par générosité, vous l'avez aimé sans trouver ça extraordinaire. Ca sent trop l'autobiographie, ça manque peut-être un peu de maturité, c'est du déjà vu… Enfin, il y en avait un en librairie qui n'était pas meilleur non plus. L'écrivain raté n'a pas eu de chance, c'est tout.

Quel écrivain suis-je, je ne le sais pas encore. Mon livre sera imprimé pour la première fois au cours du mois de juillet (je ne manquerai pas de vous en parler davantage) et ce qui fait l'écrivain est avant tout le lecteur, donc… tant que je n'ai pas lecteurs, je suis simplement un écrivain avec "rayé la mention inutile" derrière. Ce que je voulais vous dire aujourd'hui c'est que j'aurais pu devenir…

un écrivain plus-que-raté !

Quoi ? Ca existe ? Oui-oui, ça existe. Et c'est terrible. L'écrivain plus-que-raté est un imposteur. Et j'étais dans cette catégorie sans le savoir. Voici les caractéristiques de l'écrivain plus-que-raté que j'ai définies en examinant, principalement, ma propre personne, c'est à dire moi-même :
  • L'écrivain plus-que-raté écrit des choses compliquées. Il a du vocabulaire, il connait bien la grammaire (d'ailleurs il a fait option latin ou grec au lycée), il sourit quand on le lit et qu'on ne le comprend pas ;
  • Le lecteur de l'écrivain plus-que-raté est concentré. Lorsqu'il passe le point final il est dubitatif. Oui, c'est pas mal, oui c'est oublissant et oui, malgré tout, il n'aime pas. Ca ne lui parle pas. Il pense que l'écriture est astucieuse, il ne pourrait certainement pas faire aussi bien, ou si, il pourrait faire mieux mais… en écrivant comme tout le monde. C'est à dire sans être génial ni artistique.

Quel est le problème de l'écrivain plus-que-raté ? C'est une personne intelligente, qui réussit bien à l'école. Mais voilà, son imagination est déviée. Il se complait dans le langage, dans l'incroyable complexité de la langue qu'il manie avec délectation et persuasion. L'écrivain plus-que-raté parait bon, mais ce qu'il fait n'a aucun sens et se perd dans les abysses du faux-savoir.

Pourtant, on m'avait prévenue…

J'ai eu une prof de français qui avait tenté de m'en parler. Elle m'avait dit que je faisais du syllogisme lorsque j'écrivais des dissertations. C'était vrai, je m'appuyais entièrement sur les mots, et sur eux-seuls, pour fonder ma réflexion. Elle m'avait pourtant donné la meilleure note de la classe.

Une bibliothécaire m'avait bien dit que le seul passage qu'elle avait aimé dans un début de roman que je lui avais laissé était celui où il y avait le plus d'idées et le moins de développements littéraires. Autrement dit, le plus facile à écrire. J'étais déçue, bête comme j'étais !

Mes lecteurs me lisaient en fronçant des sourcils, ils ressortaient de leur lecture comme ils y étaient rentrés, rien de plus rien de moins qu'un mal de tête. Ne croyez pas que ce j'écrivais était toujours trop compliqué, non, le problème ne venait pas de là, le problème était que j'écrivais sans volonté. Les mots me portaient, ils me possédaient. Ca pourrait passer pour du génie, mais ce n'en était absolument pas. C'était naze, en fait.

Mais ne vous inquiétez pas, l'écrivain plus-que-raté manque tellement de volonté, il est tellement dirigé par les mots eux-mêmes —qui sont, je vous le rappelle, bien trop abstraits laissés seuls— qu'il passe rapidement d'un projet à l'autre, balloté par le vent de ce qu'il entend et de ce qu'il lit. L'écrivain plus-que-raté ne finit jamais un roman.

Et maintenant ?

Et puis j'ai appris la langue des signes. Pour une fois, j'étais laissée sans les mots. Impossible de placer astucieusement ces petits êtres les uns derrière les autres pour embobiner mon auditoire. Et sans eux, j'ai raconté des histoires malgré tout. J'étais concentrée sur le fond, les mots ne pouvaient plus me posséder.

J'ai écrit pour moi-même et pour l'Explorateur. Je n'avais plus personne à époustoufler, plus personne à qui prouver mon génie. Je devenais moi-même dans l'écriture.

Quel écrivain vais-je devenir maintenant que j'ai manqué ma vocation d'écrivain plus-que-raté ?

Bon, et comme dit l'Explorateur, si seulement je travaillais sur l'édition de mon livre plutôt que d'écrire cet article, j'aurais pu être écrivain-tout-court

6 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Où j'aurais aimé mieux dire merci

« Tu as dit merci ? »
C’était à mon anniversaire. C’était à Noël. Ou à Pâques. Ou venais-je d’obtenir un diplôme, le brevet des collèges, mon permis ? J’avais une enveloppe dans les mains. Elle devait contenir une petite carte, ou peut-être même un peu d’argent, à vrai dire, je n’en savais encore rien car mon père était là, au-dessus de mon épaule, à me dire :
« Tu as dit merci ? »

J’ai appris à dire merci très vite, par automatisme. Si je reçois quelque chose dans les mains, mes lèvres se tendent, comme pour amorcer un sourire, et puis s’entrouvrent après un léger pincement et ma langue se loge délicatement entre mes dents… Merci. Le processus est immédiat. Je ne réfléchis pas. Et dès qu’il se lance, c’est impossible de l’arrêter. Un jour, au collège, un troisième a mis un chewing-gum mâché dans ma main, j’ai dit merci.

Je hais ce merci. Il n’est pas issu du cœur, il est issu d’un bourrage de crâne. Je voudrais bien le supprimer de mon métabolisme, mais ce merci-là à la vie dure. Surtout qu’encore maintenant, que je suis grande, j’ai droit à quelques piqures de rappel : « Tu as dit merci ? » Je me souviens de m’être une fois rebiffée. J’en avais assez de passer pour une malpolie en entendant ces mots, j’en avais assez de me précipiter vers une joue tendue, l’enveloppe encore cachetée dans la main, j’ai dit — comble de la résistance ! — attends. Attends que je savoure. Attends que j’apprécie. Attends que je veuille dire merci, à cette personne-là, celle qui me fait plaisir, celle qui regarde mes yeux brillants avec des yeux humides. Laisse le temps à mon cœur de se gonfler.

Je pourrais dire merci deux fois : le merci-automatique et le merci-beaucoup de reconnaissance. Mais voilà, j’ai parfois l’impression d’être une japonaise qui, les mains jointes, se baisse et se rebaisse pour honorer son ancêtre. J’ai remarqué que dire merci deux fois brouillait les pistes. Le merci-automatique trace le chemin sans faire de tri, comme une tondeuse à gazon au-dessus des pâquerettes, et le merci-beaucoup le suit tout droit et loupe une fois sur deux le cœur de l’autre. Ce que je voudrais, c’est dire merci une fois, une vraie. Parce que je suis reconnaissante.

Il y a cette marchande de fromage qui m’a invitée chez elle pour manger une part de tarte et boire un verre d’eau. Il faisait chaud, je ne connaissais personne, et j’avais fait un long trajet à vélo (la remorque à l’arrière avec ma fille) pour chercher du fromage un jour où le magasin était fermé. Je n’étais pas entrée chez elle que déjà je disais merci. Je crois qu’elle n’a même pas entendu.

Je voudrais dire merci à Mamie pour tout l’amour qu’elle me porte, dire merci à l’Explorateur parce qu’il est fier de moi et que son regard me rend courageuse, dire merci à ma Maman quand ses yeux brillent parce que j’ai réalisé mon rêve d’écrire un livre, dire merci à ma voisine d’accueillir chez elle ma fille avec tant d’amour, dire merci à mon groupe de danse parce que même s’ils sont parfois un peu fous (surtout notre prof !) ils m’ont appris qu’un groupe d’humains très différents pouvaient travailler ensemble.

Ces deux-là savent très bien dire merci.

Évidemment, il m’arrive de bien dire merci. J’ai un peu appris, avec le temps, la sincérité, mais tous ces mercis qui me restent dans la gorge parce qu’ils n’ont pas su trouver le bon moment ou la bonne voix me bloquent. Ils créent une barrière entre moi et ceux que j’aime que je ne sais pas franchir. Je reste persuadée que tout aurait été plus simple si j’avais su dire merci du premier coup, et que je n’avais pas eu ce pov' merci de pacotille, ce pov' merci qui vient à ma bouche sans qu’on ne lui demande rien.

Ma fille… ma fille sait dire merci. Quand elle dit merci, elle invite le soleil dans l’appartement. C’est magnifique ! Elle ne le dit pas à tout le monde encore, mais je fais partie des privilégiés ! Quand elle dit merci, j’entends son cœur qui parle. Il dit : « Oh ! Cela me fait tellement plaisir ! Je t’en suis reconnaissante, bien sûr, mais ce n’est pas que ça. Je dis merci parce que soudain le monde me parait doux et accueillant, parce que soudain j’ai confiance en moi et envers toutes les choses. Je grandis. » 

Parfois, une phrase toxique se pose entre nous deux, elle porte le son de ma voix : « On dit merci. » Mon sang se glace. Ah ouais ? On dit merci ? Mais qui suis-je pour dire ça ? Qui suis-je pour savoir quand ma fille doit dire merci et quand elle ne doit pas le dire ? Ai-je bien vu ce qu’elle avait reçu dans la main ? Suis-je bien sûre qu’elle en avait besoin ? C’est une façon très impolie d’apprendre la politesse, parce qu’on s’impose à l’autre sans la moindre délicatesse, parce qu’on tord son esprit en lui faisant croire qu’à ce moment-là, pour cette raison là, il devrait être reconnaissant.

Il vaut mieux dire merci une fois, avec la toute la chaleur de notre cœur, que de dire merci à chaque fois mais avec la générosité d’une pichenette.

6 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Ce qui coule dans mes veines


Je suis issue d'une génération de magiciennes. Mon arrière grand-mère, ma grand-mère, ma mère… Je les ai toujours vues lancer des fleurs au dessus de la Loire, trier les cailloux de la cours selon un principe qui m'échappait, déplacer les meubles de la maison pour des raisons qui n'étaient jamais dites à voix haute. Leur magie, c'était comme les voeux que l'on fait devant les petites bulles d'une source, il suffit qu'ils soient prononcés pour qu'ils disparaissent. Elles faisaient ça pour que la voisine tombe amoureuse du maire, pour que monsieur René peigne ses volets en rouge, pour que l'orage survienne le lendemain, pour qu'on trouve des escargots à ramasser le dimanche… C'était une magie pleine de superstitions : ne touche pas à cette cuillère aujourd'hui, avale tes noyaux de cerise, habille-toi de bleu, mais ne mets pas de laine ! J'écoutais sans rien comprendre, mais j'écoutais car c'était comme ça que nous faisions toutes, peut-être depuis des siècles.

Ces gongs m'ont été offerts par un ami qui m'est très cher.
Ils peuvent sonner pendant plus d'une minute
avec une clarté incroyable.

Je n'avais pas été à l'école depuis dix jours, je croquais chaque matin dans un citron parce que j'avais dit à ma mère que je voulais avoir les cheveux bruns, alors que j'étais blonde depuis ma naissance. Mais la maitresse avait téléphoné à la maison, il fallait que je vienne, l'absentéisme était puni par la loi. Ma mère craignait la loi. J'insistais pour aller à l'école, je n'avais pas peur d'interrompre la magie. Alors elle m'emmena.

En chemin, sa voiture écrasa un jeune blaireau. Le sang coulait de son museau. Il bougeait encore lorsque je sortis de la voiture et il mourut à mes pieds. Ma mère cueillit de jeunes épis de blé le long de la route, les répartit autour du blaireau pour en faire un petit soleil au coeur sombre. La mère blaireau et deux autres petits sortirent du champ pour regarder la scène avec moi pendant que ma mère chantait. La mère blaireau semblait pleurer. En l'observant, je sentis des fourmillements dans mes bras et dans mon cou. Je regardai les lignes bleus de mon poignet avec étonnement et je compris ce jour-là que, chez moi aussi, la magie coulait dans mes veines.

Les Apéros Cosmiques…



Ceci est ma participation à l'apéro cosmique crée par Aileza, qui nous pousse ce mois de juin à révéler ce qui coule dans nos veines. 22 lignes tout juste sur mon ordi, ouf ! Pour un peu, je ne respectais pas du tout les règles ! Je vous invite à visiter sa récap' ICI (je mettrai le lien dès qu'il existera) afin de découvrir les autres blogs qui y ont participé.

7 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

J'ai lu l'Enfant de Maria Montessori, et j'ai adoré !


Je connaissais déjà ce que les mots « Pédagogie Montessori » signifent dans les grandes lignes. J’avais déjà mon avis sur la question, j’avais déjà écrit un article sur le sujet (que vous pouvez consulter ici), nous avions déjà appliqué (parfois consciemment, parfois par hasard) des principes proposés par cette pédagogie à la maison. Je savais que Maria Montessori avait été pionnière dans sa vision de l’enfant, je savais que sa démarche avait été scientifique, basée sur des observations directes des enfants et non pas sur des idées et des principes idéalistes qui inventent l’enfant comme l’adulte voudrait qu’il soit, plutôt que de le connaitre et le comprendre. Ce que j’avais lu jusque là sur le sujet m’avait plu, lorsque j’avais vu les jeux pour tous petits dits « Montessori », je n’avais pas été particulièrement emballée. Je me doutais bien que cette pédagogie était autre chose que quelques jeux bien réfléchis, quelques installations de la maison à la hauteur de l’enfant, mais impossible de trouver une publication qui répondait à ma curiosité.

Il fallait que je lise Maria.

Alors j’ai cherché une traduction sur internet, en e-pub. Je me disais que, puisque Maria Montessori avait commencé son travail au début du siècle dernier, il y a donc quelque temps, il était possible de trouver un texte gratuit. Que nenni ma belle ! En anglais, OK, mais en français… ? Je n’ai pas eu la chance de tomber dessus.

J’ai finalement acheté un livre. Il est édité par les éditions Desclée et Brouwer, son titre est L’enfant, et ce fut pour moi une révélation.

Petit aperçu de mon intérieur : l'un de mes coins-lecture fétiches.

La lecture…

L’enfant se lit comme un roman car Maria Montessori raconte. Les idées en enchaînent d’autres, Maria Montessori décrit sa première expérience, avec de pauvres et gentils petits enfants d’une banlieue d’Italie. La pédagogie Montessori, et je l’ai compris grâce à ce livre, n’est pas une méthode miracle pour transformer votre morceau en être génial. D’ailleurs, le livre ne parle pas de pédagogie, il parle uniquement du petit enfant, jusqu’à 5-6 ans. J’étais d’ailleurs un peu déroutée en ouvrant les pages parce que je m’attendais à rencontrer une méthode miraculeuse. En fait, dans l’Enfant, il n’y a pas de méthode, il y a bien plus que cela. Maria Montessori y parle de sa découverte de l’enfant même, de sa raison d’être, de ses aspirations. Je n’avais encore jusque là jamais entendu personne parler de l’enfant de cette façon, avec autant d’humanité et d’espoir. Avec autant d’optimisme.

J’ai également vu dans le livre une teinte spirituelle, une envie de montrer une voix plus humaine au monde, pour que l’humanité fasse un nouveau pas vers le progrès. Parce que Maria Montessori nous parle de l’évolution de l’Humanité avec une voix douce et maternelle comme si nous étions tous assis autour d’elle, j’ai eu l’impression de revoir un écrit de Mère d’Auroville. Peut-être la connaissez-vous ? Le fait que ses deux femmes, qui en les lisant semblent se ressembler, soient contemporaines m’a troublée, d’autant plus que Maria Montessori a travaillé dans une école près de Pondichéry, autrement dit près d’Auroville. Tout cela me pousse à me poser la question : « Se connaissaient-elles ? »

Tout est tellement magique et révolutionnaire, mais à la fois logique, dans ce que raconte Maria Montessori, qu’on dirait une histoire inventée. Pourtant, je revois tous les éléments dont elle parle chez ma fille, chez les autres petits enfants que je connais, et parfois même auprès des ados avec lesquels je travaille. On dirait une histoire inventée mais je suis persuadée qu’il s’agit d’une histoire vraie. En tout cas, c’est un roman très réussi parce qu’il décrit parfaitement le monde réel, grâce à toute une panoplie d’idées nouvelles et fantastiques.

En lisant l’Enfant, je n’ai pas seulement réfléchi à la situation de ma fille, je me suis également regardée moi-même. Parce qu’en parlant de l’enfant, Maria Montessori parle évidemment de tout le monde. Les adultes sont concernés par son écrit, puisqu’ils ont été enfants un jour et qu’ils élèvent pour la plupart des enfants. 

Cette lecture m’a transformée 

La lecture de l’Enfant a considérablement changé ma vie de maman. Je savais bien que les petits enfants ne pleuraient pas pour le plaisir mais jusque là, grâce aux puéricultrices et aux autres mamans que j’avais rencontrées, je restais bien souvent cantonnée au : « C’est difficile de savoir pourquoi ils pleurent. Le principal, c’est d’être là. » La lecture de l’Enfant m’a ouvert les yeux sur l’intense besoin d’apprentissage qu’ont nos petits protégés. Maintenant, lorsque j’entends un enfant pleurer près de moi sans qu’on arrive à le satisfaire, je ne reste plus braquée sur lui, à essayer de le consoler : je regarde tout autour de nous afin de comprendre ce qui a suscité l’intérêt du jeune avant qu’il éprouve sa tristesse ou sa frustration. Et on trouve ! Figurez-vous qu’on trouve ! Moi, je trouve quasiment 3 fois sur 4 ! C’est magnifique l’impression d’être une mère exceptionnelle ! Les sourires que je reçois en retour… Je vous dis pas : de vrais petits anges !

Ce que j’ai réussi à comprendre en lisant ce livre, c’est que nos enfants ne sont pas des êtres faibles et têtus, ils deviennent intelligents, ils développent leur volonté. Bon, je vous donne un exemple concret. Nous faisions de l’escalade, l’Explorateur et moi, et nous avions évidemment emmené la Loutre et le Loup. La Loutre jouait tranquille au pied de la voie, près de ceux de l’Explorateur, tout allait bien. Et puis soudain, elle a décidé de descendre. C’était dangereux, et puisque l’Explorateur m’assurait (il était donc attaché à moi par le biais d’une corde) il ne pouvait pas lui laisser courir ce danger seule. Il l’a donc retenue. La Loutre pleurait en essayant de passer, coûte que coûte, le barrage de jambes que l’Explorateur lui faisait. C’est vrai, notre petite bulle pouvait paraître têtue et désobéissante. On lui avait bien dit : « Non ! Ne descends pas ! » Et que faisait-elle ? Elle essayait de descendre. Voilà, avant, on s’en serait tenu là : à lutter, volonté contre volonté, forts (les parents) contre faibles (les enfants).

Maintenant, grâce à ma mère spirituelle Maria Montessori, tout a changé. Ma fille n’est plus un bébé têtue et faible. Ma fille a de bonnes raisons de vouloir quelque chose et parce que c’est un être humain, il est normal qu’elle refuse notre bras de fer. Avec un chien, c’est différent. On lui dit « Non, reste, ici. », hop, il s’assoit. Ma fille a la notion de la justice, non mais ! Ça a l’air plus difficile à gérer lorsqu’on ne comprend pas. Mais voilà, entre êtres humains, même si elle n’a pas la parole, on se comprend. En bas, il y avait la nourriture. La Loutre avait faim. Logiquement, elle voulait descendre. Elle connait le mot « manger » en langue des signes, elle dit parfois « Meumeu » en français, mais elle n’a pas encore le réflexe d’exprimer son besoin lorsqu’on ne comprend pas ce qu’elle veut faire. C’est à nous de faire l’effort. Pourquoi refuses-tu notre autorité lorsqu’on te dit de ne pas descendre, que c’est dangereux ? Voilà la question que la lecture de l’Enfant m’a apprise. Alors je lui ai dit : « Tu veux manger ? » Et il n’y a plus eu de conflit. J’ai terminé ma voie dans le calme. Et puis nous sommes allés manger.

Et ce n’est qu’un exemple.

Le respect

La lecture de l’Enfant m’a appris une forme de respect que je ne suspectais même pas : celui des tout-petits. Je redoutais ensuite de trop juger les parents qui ne voient pas et qui ne savent pas, de les regarder de travers lorsqu’ils crieraient contre leur gosse parce qu’ils ne peuvent le faire entrer dans la voiture, ou quoi. En fait non. Je suis devenue une personne meilleure. Je juge encore moins qu’avant les autres parents que je croise autour de moi. Je vois en eux mes propres difficultés : comment faire la part des choses entre l’éducation actuelle des enfants qui est souvent irrespectueuse mais qui est la seule que nous connaissons généralement, et notre volonté de mieux faire ? Comment faire lorsqu’on croit qu’on est contraint d’aller au conflit, parce qu’avoir des enfants c’est forcément ça, et que les autres nous regardent l’air de dire : « Le mien, ne m’a jamais fait ça. » ?

Je m’estime privilégiée. Parce que la vie a mis dans mes mains une autre réponse, terriblement humaine et intelligente. Et que cette autre réponse est à ma portée.

La difficulté du livre

Le livre comporte une petite difficulté de lecture dont j’aimerais vous parler. À plusieurs reprises, Maria Montessori dit que l’enfant est le constructeur de l’Homme, le constructeur de la civilisation, etc. Cette idée m’a tout d’abord paru étrange, surtout qu’elle n’est jamais clairement expliquée. Après quelques relectures et quelques réflexions, voici ce que j’ai compris :

Parce que nous avons tous été enfant un jour, et parce que l’enfant que nous étions a fait, en grande partie, l’adulte que nous sommes, c’est bien l’enfant que nous étions et l’enfant qu’étaient tous ceux qui nous entourent, qui font la société dans laquelle nous vivons. C’est ainsi que l’enfant fait l’humanité. Voilà pourquoi il est primordial de nous occuper sérieusement des enfants. Et quand je dis sérieusement, je suis d’accord avec Maria, ça veut dire loin de l’idéalisme des adultes bien-pensants, c’est avec ce que sont véritablement les enfants qu’il faut travailler.

Là où je ne suis pas d’accord, par contre, c’est lorsque j’ai cru sous-entendre qu’une fois adulte, l’on ne pouvait plus s’éduquer. Là, je me dis : « Faux ! Archifaux ! », les adultes, eux aussi, ont des besoins psychiques.

Critique de l’Édition

Je voudrais terminer cette revue avec une critique assez virulente du travail des éditeurs Desclée de Brouwer, parce qu’ils ont fait leur travail n'importe comment. La police du texte est très mal choisie, elle a bavé à l’impression. On a l’impression de lire un livre de grand-mère ! (de ceux qui ont les pages jaunies et qui sentent la cave) C’est pas que je n’aime pas les livres de grand-mère, mais quand même ! De plus, j’ai vu au fil du livre pas mal de fautes de frappe, des lettres à la place des autres, des à la ligne là où il n’y en a pas besoin. Non mais, c’est des professionnels qui ont fait ça ? J’ai également acheté le livre « L’esprit absorbant de l’enfant », et puisque la police est petite, c’est encore pire. J’ai l’impression qu’ils ont tout simplement scanné une vieille version du livre et copié-collé les pages avec Word. Et hop ! Ils vendent ça à 20 €, la belle affaire ! Là, je ne suis vraiment, vraiment pas contente. Le livre l’Enfant de Maria Montessori mérite un bien meilleur traitement.

Conclusion

En conclusion, je dirais qu’il faut absolument lire ce livre. Pour les parents, pour les grands-parents, pour les futurs parents, pour les éducateurs… L’Enfant de Maria Montessori c’est bien plus qu’une série de jeux en bois vendus à 50 € pièce, c’est une philosophie qui peut tomber à point nommé dans votre vie.

Mais je vous déconseille d’acheter le livre neuf car le contenu a beau être époustouflant, le contenant est pas terrible-terrible. Je n’ai pas encore trouvé de version en ligne. J’espère qu’elle ne tardera pas. Ou alors il faudrait lancer une pétition auprès de Desclée de Brouwer pour qu’ils travaillent avec plus d’application.

4 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Un jour, on changera de vie…

Un jour, je m’assiérai sur le fauteuil. On aura des banana-pancakes pour le petit déjeuner, on se sera couché trop tard la veille pour une raison que je n’ai pas encore déterminée, je me dépêcherai de servir le thé pour que tu ne sois pas en retard. Et puis je détacherai le chignon de mes cheveux. Ils tomberont en cascade dans mon dos, j’inclinerai la tête en arrière pour les démêler. Ils se dérouleront sur mes reins, et le petit bout de la petite pointe touchera le fauteuil, à hauteur de mes fesses. Nous saurons alors que c’est le moment.

Tu prépareras ta lettre de démission, je ferai l’inventaire de nos affaires. Nous vendrons ce qui nous importe peu, nous prêterons ce que nos familles convoitent, nous garerons quelque part le reste. Un chevalet, une photo, un livre… Des choses que nous aimerions retrouver et qui ne nous embarrasseront jamais. Nous rendrons les clefs. Toutes les clefs, et surtout celles de notre imagination qui devra s’envoler de ses propres ailes, loin, dans le monde, par delà les rêves et les envies. J’étalerai une carte mondiale sur l’herbe. Nous serons allongés tous les trois, les coudes sur le sol, le menton entre les mains, nous ferons des petites croix. Jedi s’assiéra prêt des vélos, l’air de dire : « C’est bon ? Tout le monde est prêt ? J’attends, moi ! » Ses grandes oreilles bordées de poils champagne seront dirigées vers nous, il écoutera attentivement ce que chacun dira.

— Et la mer ?
— Et les falaises ?
— Et cet hiver ?
— En Inde ?
— On passe par l’Espagne ?
— La Finlande ?
— Le désert ?

Et puis nous partirons. Au rythme de chacun. 20 km, peut-être 30 dans la journée. Certainement pas plus. Nous migrerons loin de la neige, nous migrerons loin des chaleurs torrides. Nous avancerons doucement sur la carte, en dents de scie, entre l’hiver et l’été, entre le nord et le sud. Peut-être 2 mois, peut-être 30… Peut-être à pied, ou à vélo, ou en avion.

C’est moi qui me la coule douce au bord d’une rivière,
la petite ayant gardé le hamac pour sa sieste…
Notre objectif est de découvrir le monde et surtout de nous découvrir nous-mêmes. Nous allons vivre nomades parce que nous avons besoin d’une autre vie, nous avons besoin de réfléchir, d’apprendre, de voir plus loin que le bout de notre nez. Devenir nomade est la meilleure solution pour nous pour gagner notre temps. Nous rêvons de vivre d’amour, de rencontres, de découvertes, d’eau fraiche et de fruits murs. D’aller là où tout le monde va, de nous réveiller le matin avec pour seule compagnie celle du lever du soleil. Nous rêvons de devenir nouveaux. La liberté que nous nous serons offerte, nous l’utiliserons pour inventer ce que nous n’avons encore jamais osé.

Nous ne serons pas des voyageurs car notre but n’est pas d’aller loin. Nous n’avons pas de destinations si ce n’est celle du bonheur. Nous nous arrêterons lorsque l’envie de construire deviendra trop forte, lorsque nous aurons trouvé le lieu idéal, celui qui comblera toute la famille. Le temps n’aura plus d’importance car nous l’aurons pris, un beau jour où mes cheveux ont touché le fauteuil.

Voilà d’où vient l’émergence de notre grand projet !
Bientôt suivront les articles de notre mise en pratique !

17 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Une laisse pour enfant ?


Je vous avais évoqué il y a quelques jours mon incapacité à gérer correctement le désir ardent d'apprendre de ma fille… Il devenait de plus en plus difficile de marcher avec elle tellement la petite loutre s'arrêtait à chaque pâquerette, à chaque oiseau qui se posait sur une branche ou devant chaque colonie de fourmis. Et pourtant, il y a de belles randonnées à faire autour de notre maison ! La Louloute refusant obstinément d'être portée, il fallait trouver une solution.

Maria Montessori a écrit dans son livre intitulé "L'enfant" que le petit entre 18 mois et 2 ans est tout à fait capable de marcher des kilomètres, il faut juste accepter son rythme… Ou, le focaliser dans une direction qui nous arrange bien ! D’où notre idée merveilleuse d’utiliser une laisse pour enfant !

Grâce à cette laisse, les forces de la petite loutre sont décuplées !
La Petite Loutre l'a tout de suite adorée. Nous l'avons choisie de couleur sobre (noire) pour qu'elle ne soit pas trop salissante. Mais je regrette un peu notre choix car en forêt elle ne se voit pas beaucoup, un orange fluo ou rose aurait été préférable. Notre laisse dispose de plusieurs anneaux sur toute la longueur ce qui est très pratique pour régler la laisse en fonction des situations : plus longue lorsqu'il y a des obstacles à franchir, moins longue lorsqu'on traverse un champ de pâquerettes.

Grâce à cette laisse, la Louloute a tout de suite compris qu'il fallait suivre le chemin et ne pas se laisser distraire par le paysage. Puisque sa concentration était parfaitement dirigée sur la marche à suivre, rien ne pouvait l'arrêter. La Petite Loutre passait tous les obstacles : rondins de bois en travers du chemin, enfilade d'escaliers, herbes hautes, montée très raide… Et elle gardait le sourire en toute circonstance. La laisse, c'est vraiment l'outil idéal pour faire découvrir la randonnée à un jeune enfant !

Attention cependant à ne pas utiliser une laisse pour chien, même si vous pensez faire des économies. Le modèle que nous avons utilisé est certifié OEKO-TEX® 100, fabriqué en France, et les anneaux et les mousquetons sont sans nickel. Vous pouvez compter entre 80 € et 130 € pour un modèle standard, et entre 100 € et 150 € pour un modèle plus long avec des anneaux de réglage. Certaines marques font même des laisses avec des petits nounours adorables.

Le seul défaut que j'ai trouvé en essayant cette technique c'est qu'à force de marcher la tête tournée derrière moi pour m'assurer que la Louloute suivait bien, j'ai attrapé mal au cou. Nous réfléchissons à l'acquisition d'une paire de rétroviseurs qui se placent au niveau des épaules pour palier ce problème. Nous n'en avons pas encore trouvé à un prix raisonnable, peut-être en achèterons-nous d'occasion ?

14 commentaires:

Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

Fourni par Blogger.
LeftContent Ends
Footer Starts Footer Ends
'It is your responsibility to notify your visitors about cookies used on your blog. See http://www.blogger.com/go/cookiechoices for more details.'