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Ce n'est plus un bébé !

Je voulais un enfant depuis longtemps ! Il était là, tout prêt de moi, à mon épaule, comme un perroquet fantôme, à me sourire à chaque bourrasque de vent. Quand je tournais ma conscience vers lui, sa présence gonflait et m'emplissait de joie. J'ai fini par ne plus le cacher. Je veux un enfant, il viendra bientôt, il sera là avant qu'on ait le temps de se retourner. Et puis l'Explorateur s'est pointé, une fois, pouf, le perroquet avait disparu : il s'était incarné.

Pendant des semaines je l'oubliais. Pendant les suivantes je l'ai porté avec fierté. Pendant les deux dernières j'ai bien cru qu'il ne viendrait jamais. Et on a posé quelque chose sur mon torse. C'était petit. C'était beau mais c'était petit. Moi qui voulais un enfant, voilà qu'on m'avait donné un bébé !

Voyez le problème ?

Je vous jure que je n'ai pas fait cette tête en me rendant compte de la méprise.
J'ai pas vraiment saisi où je m'étais mal fait comprendre mais ça ne m'a pas empêché d'en prendre soin et d'apprécier jusqu'aux tréfonds de mon coeur la compagnie de ce bébé. Une petite bulle adorable qui me souriait de toutes ses dents histoire de bien me faire comprendre que enfant ou pas mon coeur allait fondre.

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A bientôt !
Céline.

Un moment de solitude


Il fait nuit, les phares de la voiture ne nous éclairent pas assez loin. Je reste concentrée sur la route même si c'est toi qui conduis. Nous discutons gaiement. J'ai des lunettes de soleil sur le nez, curieusement, j'ai l'impression de mieux voir comme ça. Nous rigolons. J'aime parler avec toi. Et puis tu dis quelque chose de douloureux. Mon coeur bat la chamade. Ce ne sont pas des mauvais souvenirs qui me viennent en tête mais une douleur fourbe parce qu'elle est sourde et incontrôlable. Les yeux me piquent. Comment t'expliquer ?

Comment t'expliquer que demain cela fera un an que tu as signé ton premier contrat de travail. Un beau CDI d'ingénieur, avec suffisamment de travail et d'argent à la clef pour tous nous faire vivre dans le confort, ta femme, ta fille et ton chien. Un beau CDI d'ingénieur sans horaire, des délais à respecter, la passion des défis à relever, des gens délicats à manager… Un beau CDI d'ingénieur qui stimule depuis un an tes neurones et ton savoir-faire. Tout ce que tu désirais en somme. Je suis fière de toi. Et pourtant ma gorge se serre, mes yeux me piquent encore. Ce n'était pas ce que je voulais. Et la solitude me blesse toujours.

Je t'ai dit un jour, je te pardonne. Je te pardonne de m'avoir laissée pendant des mois dans une détresse profonde. Coincée entre la peur du jugement de ma famille et la peur de ne plus être aimée par toi car la joie et la pétillance m'avaient quittée. Je te pardonne de m'avoir obligée à cacher mes larmes, à cacher les cris contre ma fille car je n'avais plus la force de lui sourire. Je te pardonne de m'avoir abandonnée dans une vie trop éloignée de mes convictions, où nous n'aurions pas besoin de voiture, où nous aurions tout le temps que nous désirons pour vivre, où nous marcherions main dans la main en souriant à ceux que nous croisons, où nous inviterions nos amis et les autres. Je te pardonne d'avoir été contrainte de demander de l'aide à une nourrice pour élever ma fille. Je te pardonne de ne plus avoir le temps de cuisiner avec toi, je te pardonne tous ces jours de soleil et ces promenades dans la forêt manqués. Je te pardonne les jeux avec notre petite loutre que j'aimerais que tu vois. Je te pardonne notre hibernation de l'hiver qui ne s'est pas faite cette année. Je te pardonne ta fatigue lorsque tu rentres à la maison. Je te pardonne ces nuits avalées cul sec où tu ne prenais pas le temps de parler avec moi au clair de lune… Je te pardonne de m'avoir imposée cette vie dure et solitaire. J'ai dit ça en pleurant. J'avais tant à te pardonner !



Ca allait bien mieux ensuite, après t'avoir tout révélé. Tu semblais tomber des nus, j'avais l'impression de revivre. Et pourtant, hier soir, j'ai de nouveau pleurer. Et pourtant cette après-midi en passant seule la serpillère, sans t'avoir sur le dos pour me dire que j'avais oublié tel ou tel coins, sans te voir m'apporter de l'eau bien chaude car il n'y a qu'avec de l'eau bien chaude qu'on peut bien laver, j'ai de nouveau pleurer. Peut-être ne t'ai-je pas pardonné finalement ?

Dans la voiture hier soir, je n'ai pas compris comment tu pouvais me dire ça. Comment tu pouvais encore être aussi insensible. Sais-tu mon regret le matin lorsque tu quittes la maison et que je me rends compte que j'ai oublié les trois-quarts de ce dont j'avais envie de te parler ? Sais-tu mon regret de ne pouvoir partager avec toi la chaleur du soleil ? La caresse d'un beau Jedi tout propre ? Les baisers envoyés de la main par notre petite bulle ? Sa façon de rire lorsqu'elle découvre que le bout de la ceinture que je lui ai mis lui fait comme une longue queue de souris ?

Ce midi nous avons mangé sans toi. Ce soir, j'irai chercher Enora chez sa nourrice sans toi. Tu iras faire des courses pendant que j'irai à la danse. Nous nous coucherons loin de l'autre, toi fatigué pendant que je rêverai dans mon coin.
"Pourquoi dis-tu que tu n'as pas d'amoureux si ce n'est pour me blesser Céline ? Que puis-je faire ? Appeler le travail et leur dire que je démissionne ? Tu sais bien que ce n'est pas possible."
Non, ce n'est pas possible parce que tu es heureux de faire ce que tu fais, d'avoir l'emploi idéal, qui te comble entièrement.

Je ne t'ai pas pardonné.

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Céline.

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