: Si j'étais surdouée…
Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

dimanche, octobre 25, 2015

Si j'étais surdouée…


Je ne voulais pas en parler à voix haute. Parce que c'est intime, parce que c'est présomptueux, parce que c'est pédant, parce que ça ne se dit tout simplement pas. Non, on ne s'auto-proclame pas surdoué. Tant que ça reste une hypothèse, un petit fantasme au fond de sa tête (genre : je suis surdouée, ça explique tout…), ça peut rester pendant des heures, pendant des jours, voire même des années. C'est mon cas. Bien souvent j'oublie cette hypothèse, je la laisse tomber, mais elle revient toujours. Elle est prenante. Affolante. Tellement exigeante !

L'article de Melgane l'a de nouveau fait surgir en moi, de façon plus que pressante. Il me fallait une réponse, tout de suite ! Alors j'ai contacté une psychologue. Je ne savais pas quoi lui dire pour l'aborder. "Je me crois surdouée et j'aimerais être testée" aurait peut-être été la meilleure approche. Ou pas. Bah oui, après tout, qu'est-ce que ça aurait changé pour moi de savoir? Ca n'aurait rien arrangé à mon décalage permanent par rapport au monde, à mes problèmes de communication, à mon ennuis tellement délicat à gérer… Rien du tout. Ce n'était pas ce que je voulais. En vrai, je ne veux pas savoir si je suis surdouée ou non, je voudrais comprendre ce qui me bloque encore pour vivre toute entière. Alors je ne lui ai pas dit ça. Je lui ai parlé de communication et de décalage, de sentiment de défaillance.

Et elle ne m'a pas répondu. Je crois bien qu'elle ne me répondra jamais. Je me retrouve ainsi seule avec toutes mes questions, avec cette hypothèse qui tourne en rond dans ma tête depuis des jours : "Et si j'étais surdouée ? Et si c'était ça ?", même si je sais que ce n'est pas vraiment LA question. Je fais des tests de QI sur internet, pour passer le temps, pour avoir l'impression de faire quelque chose. J'obtiens de très bons scores et le doute demeure.

Alors je dis des bêtises durant mes cours. J'embrouille les élèves avec mes petites phrases : "Enfin, je te dis ça… après tout, je ne sais pas comment tu penses. …Vraiment ? Ca te convient ce que je te dis là ? Je ne veux pas imposer ma façon de penser, je peux te présenter le problème autrement tu sais…" J'ai peur, ça se voit, et mes élèves perdent patience.

Alors voilà comment je me retrouve à prendre ce blog pour mon psy. Même s'il n'est pas anonyme. Même si je ne comprends pas bien pourquoi je ressens le besoin de me livrer. De faire exister ce doute. De le faire sortir de ma tête. De l'ancrer dans le monde physique. Ainsi donc, je demande aux gens qui me connaissent de ne pas devenir trop durs avec moi, et si le sujet les dérange : qu'ils n'hésitent pas à laisser passer cet article sans le lire.

Aller, c'est parti et qu'on en finisse !

J'ai lu le livre "Trop intelligent pour être heureux". C'est un livre destiné aux adultes surdoués ou à ceux qui les côtoient. Dans ce livre sont décrits les différentes difficultés psychologiques que peuvent rencontrer les personnes surdouées. Je ne me suis pas reconnue. Je n'ai pas cette pensée permanente et envahissante qui est décrite. Je n'ai pas l'impression de continuellement analyser, je ne crois pas être envahie par mes idées. Et puis je suis heureuse, je vais bien. En lisant ce livre, j'avais l'impression que les personnes surdouées avaient nécessairement besoin d'être accompagnées, comprises, encouragées pour avancer (pour répondre à ce problème, je vous propose l'écoute de la vidéo suivante). Or, je ne le suis pas. Et pourtant je crois avoir bien grandi.

Dessin de couverture du livre "Trop intelligent pour être heureux".

Il y a aussi ce que je me souviens de mon enfance qui me fait dire que non, je ne suis pas surdouée. Je n'ai pas eu ce problème de prendre les mots, les consignes, au pied de la lettre. Je n'ai pas eu de problème pour comprendre le système. J'ai bien un souvenir, d'un jour, où la maitresse m'avait choisie pour dessiner la météo sur le calendrier de la classe. J'avais traversé la salle en sentant toute la jalousie et l'hostilité environnante. J'étais la nouvelle, la chouchoute parce que je savais déjà lire et comprendre ce que je lisais, et j'avais été choisie. On m'a demandé la météo. J'ai dit qu'il faisait beau. La classe s'est mise à rire, elle se moquait de moi. La maitresse m'a corrigé : "Non Céline, il ne fait pas beau, regarde, il y a des nuages. Dessine les nuages sur le calendrier." J'ai pris le feutre bleu foncé. La classe a ri plus fort. La maitresse m'a fait répété plusieurs fois les nuages sont gris, les nuages sont gris et m'a forcée à prendre le feutre gris. J'ai fait comme elle a dit.

C'était un matin du début de l'hiver. Le soleil se levait à peine et déjà on voyait au dessus de l'horizon d'imposants nuages. Ils étaient bleu marine dans un ciel tout juste illuminé d'ocre. J'ai toujours trouvé ce ciel magnifique.

Mais cette expérience n'a pas marqué la fin d'une scolarité réussie. Au contraire. J'ai su qu'il y avait des règles et j'ai appris à les comprendre. Je suis devenue excellente dans le domaine. J'étais parfaitement adaptée à l'école. L'école devint ce qui me convint le mieux. Je me sentais mieux en classe que dans la cours de récrée.

Et puis en tant que professeur j'ai rencontré une pensée différente chez l'un de mes élèves. Je l'ai vu réfléchir et j'ai découvert dans sa façon de faire quelque chose de jamais vu pour moi. Je ne connaissais encore pas bien le problème de la surdouance au moment où je l'ai eu en cours, alors j'en suis restée là : il pense très bien mais différemment. Maintenant je me demande : et si c'était ça être surdoué ? Etre comme lui ? J'ai pensé un moment à demander à ses parents s'il avait été testé et puis je me suis retenue. S'ils me disaient oui, il n'y aurait pas eu de problème. Mais s'ils me disaient non ? Non, il n'a pas été testé, vous pensez qu'il le faudrait ? Non, il n'a pas été testé, pourquoi le demandez-vous ? C'est important ? Quand les psychologues ont besoin de plusieurs séances pour repérer une personne surdouée et que certains ne les repèrent même pas, comment moi, en quelques cours, j'aurais pu le reconnaître ? C'est du n'importe quoi.

Les surdoués sont souvent appelés "Zèbres".

Toujours est-il que ma pensée ne ressemblait pas du tout à celle de ce garçon. Je pense de façon "ordinaire", comme on nous le demande à l'école, je décode chaque calcul et ces techniques me conviennent.

Non, je n'ai rien d'une personne surdouée.

En lisant le livre du docteur Siaud-Facchin, je ne me suis pas reconnue en tant que surdouée, mais les pages ont fait écho à mes propres difficultés. Elles m'ont aidées à avouer ces lignes :

Oui, je m'ennuis lorsque je suis en compagnie. J'ai souvent envie de partir pour fuir cet ennui. Je n'arrive pas à suivre le fil des discussions. Je repère un petit mot, une petite phrase qui cloche et je reste fixée dessus longtemps. Le temps de prendre la parole, la discussion a bien avancé et je suis complètement à la ramasse. D'autres fois, j'ai l'impression que ça s'enlise dans la tête des autres. Ils mettent trop de temps à comprendre — pour ma patience. Je n'arrive quasiment jamais à participer aux discussions. Ces échecs répétés, je le sens bien, me donne une image distante et pète-sec. J'ai horreur de ça, parce que ce n'est pas moi.

Ce décalage, je ne le ressens pas seulement avec les autres, avec mon entourage, mais également avec la société dans son ensemble. Je suis susceptible, je suis colérique, je ne supporte pas ses absurdités et ses injustices. Je voudrais qu'elle soit autrement que ce qu'elle est. Je la ressens comme un être dévié, la société, comme un être qu'on ne respecte pas, qu'on ne laisse pas devenir ce qu'elle devrait être. Je souffre tous les jours de cette indignation refoulée. Et je m'enferme. Je crois que je m'a-socialise parce que je suis incapable de m'inscrire correctement dans la société. Je vis continuellement en dehors de tout. Comme une mouche sur un téléviseur. Cette phrase a-t-elle fait fuir la psy ?

Je suis toujours très sûre de mes réflexions et je m'appuis sans peur sur ma capacité à toujours m'en sortir. Je me dis que, quelque soit la situation, je trouverais toujours la manière de me sortir du pétrin. Ce n'est pas vraiment que je m'estime supérieure aux autres, pas du tout, mais parfois j'ai du mal à imaginer comment je pourrais ne pas avoir raison. Je me souviens avec quelle ferveur lors de mon stage ingénieur je suivais mes idées, me moquant royalement de ce que disait mon maître de stage. Seulement parce que j'estimais que ce qu'il pensait était faux et ce que moi je croyais était très proche de la réalité. Je n'avais pas peur de lui dire : "Tu as tort." Et je laissais tomber l'affaire, j'attendais qu'il revienne un jour ou l'autre dans mon bureau pour m'avouer que j'avais raison et qu'il fallait que j'abandonne ce qu'il m'avait demandé de faire. Ce qu'en fait, je n'avais jamais commencé, toujours très sûre de moi.

Je vis ainsi dans un merveilleux paradoxe : je me pose toujours mille et une questions, une interrogation en déclenche toujours une autre… et en même temps, je suis tellement sûre de mes pensées !

Enfin, vous n'êtes pas au bout de vos surprises niveaux paradoxe et contradictions

Je ne suis pas faible face à moi-même. J'aime la façon dont fonctionne ma pensée. Elle est confortable. Elle fait tout en "tâche de fond", je ne sens rien, elle ne me fatigue pas. Je me complais parfois chez elle, allongée sur un sofa moelleux d'idées. Nouvelles. Ordinaires. Sans importance. C'est comme de rêver. J'aime ma bonne mémoire, j'aime ma logique. Elles n'ont rien d'exceptionnel, mais elles sont bien vivantes et elles m'aident tous les jours à réaliser mes envies.

Et mon cerveau a une capacité de résilience incroyable. Je ne reste jamais fixée bien longtemps sur ce qui m'attriste, sur ce qui me fait souffrir. Je pardonne tout à la vie et je finis toujours par la remercier. Je suis facilement heureuse. Je vois de la beauté très facilement, quelque soit l'endroit où je vis. Les couleurs, les sons, les odeurs, me touchent personnellement et me rendent joyeuse. Je n'ai peut-être pas besoin d'aide, finalement.

L'autre jour j'étais partie chercher des oeufs avec l'Explorateur. C'était à moi, m'a-t-il dit, de prendre contact avec la dame. Je redoute toujours ces moments. Je me sens tellement loin des autres… Je comprends facilement ce que leurs coeurs veulent dire mais ce que moi je dois leur transmettre… c'est une autre histoire. Alors je n'ai quasiment jamais de contact, psychique, avec les autres. C'est frustrant.

Donc je cogne. On échange les politesses. Je la retrouve dans le garage pour les oeufs. Je réponds à ses questions du mieux que je peux. Et puis elle me dit : "Vous vous plaisez bien à Vauthiermont ?" C'est typiquement le genre de question qu'il ne faut pas me poser. Je ne sais pas quoi dire. Je réponds "Oui ça va", mais je pense à autre chose. A mes difficultés de voir l'Explorateur partir au travail. A ma fille qui marche gaiement sur les trottoirs du village. Au site web de la commune que je n'ai pas terminé, à ma peur de décevoir le maire. Tout ça en tâche de fond, rappelez-vous. Au premier plan, quand je regarde mon cerveau, c'est plutôt comme si j'étais vide.

La gentille dame continue : "Ah bon, c'est plutôt calme ici pourtant…" Je suis perdue. Je repense à Grenoble, au bruit des voitures, aux bibliothèques qui me manquent, au tramway, au bus de Belfort qui ne vient pas me prendre, aux vaches face à ma fenêtre, aux blaireaux, à la petite loutre qui cueille des pissenlits… C'est encore le vide, je ne sais pas quoi dire. Et puis une phrase vient au premier plan (enfin un truc dans ma tête !) : "Céline, tu es surdouée."

C'est une phrase qui m'a rappelée ma lecture, "Trop intelligent pour être heureux", j'ai revu comment fonctionne le cerveau d'une personne surdouée, comment l'auteur décrit cette pensée. Et là, j'ai fait comme si je jouais au casino. J'ai attendu un peu que toutes les phrases auxquelles je pensais tournent en rond les unes après les autres comme sur une roulette. Elles tournaient si vite que je ne pouvais pas les voir, et j'ai soudain tiré la manette. Avant de savoir quelle pensée avait été choisie, j'ai parlé : "Oh vous savez, on n'est pas des gens très excités non plus." C'était drôle. Enfin, ça a fait rire la dame, ça a fait rire François et pour une fois, je me suis sentie comprise, connectée. Moins seule parmi les autres.
Etre connectée au monde, aux autres, à soi-même… Quel sentiment de plénitude !

Au restaurant, je me suis dit la même chose : "Céline tu es surdouée." Et le fromage a changé de goût, j'ai apprécié plus que de raison le vin, j'ai aimé les peintures, les autres tablées, la serveuse au delà de sa réserve. J'ai même apprécié la vilaine sorcière mécanique qui bougeait la tête de droite à gauche ! La vie m'a paru plus belle, tout d'un coup.

Alors… Comment est-ce possible ? Comment puis-je être si certaine de moi quand je dis que je ne le suis pas, zèbre, et que dès que je me crois surdouée, avec conviction, sans penser à la possibilité que ce ne soit pas le cas, j'arrive à dépasser mes barrières ? Est-ce que je ne me crée pas un mode de pensée imaginaire ? Est-ce que je ne crée pas mon identité sur une base faussée par mon imagination ? Est-ce que je ne suis pas en train de me perdre ?

L'Explorateur a son avis sur la question : je suis lâche. Je suis tellement lâche que je préfère m'égarer dans mes idées plutôt que d'aller au devant de la réalité.

21 commentaires:

  1. Quel article, rempli de ton intime et en même temps si collé au mien.
    Sans doute que tu l'es! oui, sans doute!
    Se répéter "je suis surdoué" peut agir également comme la psychologie positive, et booster ta confiance en toi et te permettre alors de développer ton affirmation de soi. Une expérience du milieu des années 80 (Rosentahl et Jacobson) démontre ça: une classe d'élèves. On étudie chaque élève selon leur niveau de capacité. Puis on fait deux groupes. groupe A: les doués, et groupe B: les moins doués. Puis on demande à la maitresse de continuer son année scolaire. A la fin de l'année scolaire, ceux du groupe A auront trèèès nettement progressé, alors que le groupe B aura presque stagné. Alors, on révèle à la maitresse que les groupes ont été mélangés, il y a autant de "doués" que de moins doués dans les deux groupes. Conclusion: l'influence du préjugé est extraordinaire.

    Je suis également convaincue que, plus on est doué dans la logique, la réflexion et moins nous auront de capacités au bonheur et d'intelligence sociale, car "trop au courant" des faiblesses de notre monde.
    Je me retrouve dans ta recherche du "pourquoi", je veux une raison à mes si grands soucis sociaux, comme toi mes tests sur le net montrent des scores très élevés. Alors je me retrouve à avoir peur pour mon fils, peur qu'il soit doué, surdoué, non, je ne lui souhaite pas, je lui souhaite d'être bien socialement quitte à être moins doué, pourtant tout me montre le contraire.

    Céline, écoute ma voix: tu es douée, surdouée, sois en convaincue!

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    1. Bonjour Cendra. Merci beaucoup d'avoir réagi à cet article ! Je me doutais que tu te retrouverais dans mes mots, tu avais déjà tellement compris mon article précédent.

      Je pense que tu devrais lire le livre que je cite : "Trop intelligent pour être heureux." Il explique merveilleusement bien le cas de la (sur)douance/zébritude, et donne des pistes intéressantes. Les pistes proposées ne sont extraordinaires mais ça peut faire du bien de se les entendre dire (et elles sont valables que l'on soit (sur)doué ou non). Tu peux aussi regarder le livre que propose Sheepy dans le commentaire suivant. Je pense que je vais le lire… dans quelques semaines, le temps que le sable au fond de mon seau se décante un peu.

      Quelque soit le type de notre intelligence, nous avons tous la possibilité d'être heureux. Une personne très intelligente verra, il est vrai, les faiblesses du monde avec plus de perspicacité, mais il ne faut pas oublier qu'elle est rudement armée pour s'en sortir ! Il faut s'appuyer sur ses forces, toujours ! Ton fils en sera capable, comme ma fille l'est et me le prouve tous les jours.

      Par exemple : le papa de ma fille lui a fait beaucoup de peine par accident aujourd'hui. Intelligente comme elle est, elle n'est pas passée à côté des sentiments négatifs que l'action de son papa a causés. Mais en même temps, elle avait la capacité de s'exprimer sur le sujet, d'exprimer sa peine à voix haute, de comprendre ce que disait son papa pour s'excuser…

      Tu vois un peu ce que je veux dire par force ?

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    2. Et je voulais rajouter, suite au commentaire de Sheepy, qu'un bilan cognitif auprès d'un psychologue t'apprendra bien plus que simplement ton QI. C'est un bilan détaillé qui devrait te permettre de situer plus facilement tes forces et tes faiblesses… le but étant toujours de vivre bien. Ce n'est pas un examen scolaire.

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    3. Je pense également que c'est une force, ambivalente, mais il y a du bon!

      Je rejoins évidemment ce que tu précises, tout comme Sheepy, bien entendu que les tests internet n'ont aucune valeur, mais c'est si facile lorsqu'on se pose mille questions et qu'on les a là, sous la main. Je m'étais renseignée également sur le vrai test reconnu, mais je crois qu'au final je n'en ai pas besoin. J''ai compris mes forces, j'ai fait un pas vers moi même, je suis en plein périple en ce moment, c'est assez fascinant!

      PS: j'aime ta photo, et j'aime le mot employé "plénitude" <3

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    4. Oh oui… la plénitude ! Je tiens tellement à elle… ! Qu'est-ce qu'elle est belle, qu'est-ce qu'on est heureux auprès d'elle…

      J'espère que ça sera ma future conquête ;-)

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  2. Je te reconnais bien là. La fille à la fois super sûre d'elle, mais qui manque de confiance paradoxalement.
    La plupart des personnes hautement intelligentes ont un complexe de supériorité qui les conduisent, par le fait de la loi sociale, à contrecarrer celui-ci par un complexe d'infériorité.
    La différence que tu ressens est "normal" dans ce cas-là, bien particulier, de la "douance" (et non "surdouance").
    Tu développes ce que l'on appelle en psychologie un "faux-self", c-à-d, une personnalité de facade qui répond à la norme sociétale et environnementale et culturelle (elle intègre au maximum la norme, celle de son éducation familiale, celle de l'école ou celle des relations avec autrui) pour te rapprocher des gens et te sentir moins "seule" dans ton univers.
    Mais il faut faire attention, car ce "faux-self" est tellement chronophage et étudié (même inconsciemment) qui peut prendre le dessus sur ta véritable personnalité d'adulte surdouée, et c'est là que le bas blesse. Tu te sens perdue, et ne sais plus vraiment qui tu es, pourquoi tu n'accroche pas à ce monde, et tout cela te renvois à ton complexe de supériorité ("et si j'étais surdouée") qui te renvoie lui-même à ton complexe de protection sociale ("enfin, non, je ne le suis pas, j'exagère, je suis juste un peu différente voilà tout"). C'est un cercle vicieux.
    Le moyen le plus efficace pour te rendre la vie plus facile, et en accord avec toi-même, c'est d'accepter cette supériorité intellectuelle et émotionnelle. Se dire "ok, je suis surdouée, je vais vivre avec, et je vais même vivre très bien avec."
    "Comment rendre ma vie la plus épanouïe possible?" est la deuxième grande étape pour se reconnecter à son "soi" profond et naturel.
    Tu as un livre assez parlant de ce que l'on ressent en tant qu'adulte surdoué écrit par Monique de Kermadec "L'adulte surdoué, apprendre à faire simple quand on est compliqué".
    Moi, en tous cas, je n'ai jamais douté de ta douance, et le fait que tu doutes toi-même ne fait que renforcer mon point de vue. ;)

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    1. PS: arrêtez ces pseudo-tests d'intelligence sur internet qui ne sont qu'un ramassis de clichés ne valant rien du tout ( et ce, meme s'ils se disent "réalisés par le Dr Machin ou le psychologue Truc"). Un Véritable test pour évaluer le Quotient Intellectuel dure sur plusieurs séances, allant de tests écrits à oraux, d'évaluations diverses et variées (conversation, aptitudes d orientation ect....).
      Je Ne ne peux qu encourager chacun et chacune qui veut réellement savoir ce que "vaut" leur intellect an consulter un professionnel (psychologue, psychiatre) et de faire sérieusement ces tests.

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    2. Je te le redirai à voix haute dès qu'on se reverra mais… tes commentaires décomplexés m'ont fait un bien fou ! Je les ai lus avant de marcher jusqu'aux poubelles (oui, bon, je ne vais pas mentir juste pour rendre ce commentaire plus glamour quand même !), j'ai bien réfléchi, j'ai un peu ouvert mon coeur et je pense que ça y est : j'en suis arrivée à une période de ma vie où je vais pouvoir m'ouvrir pleinement à moi-même. Cette certitude me rend heureuse… Un nouveau pas vers l'épanouissement, le nirvana ??

      Je vais lire le livre que tu me conseilles. Je vais juste attendre un peu avant de m'intéresser à lui.

      Merci !!!

      Et avec la maman que je prépare pour ma fille, il n'y a pas de raison qu'elle s'en sorte aussi très bien dans la vie ! :-D

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    3. Je suis ravie que mon comm t ai touché et ouvert une serrure qui avait l air un peu bloquée.
      Je suis passée par là et si j ai pu t aider, meme de manière infime, alors je suis contente.
      Et pour ta fille, je ne m inquiète aucunement! Elle a déjà tout en elle pour réussir et être heureuse, et elle a aussi de super parents qui s ouvrent à la Vie! ;)

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  3. Nous avons beau être très différentes de caractère, je me retrouve paradoxalement beaucoup dans tes mots, dans cette résilience, cet émerveillement de la vie, et ce décalage sans cesse... Comme toi, je ne sais pas. Je sais que je déteste être en société, j'aime la compagnie d'une seule personne à la fois (si elle est "intéressante"), j'aime approfondir les conversations (sinon je m'ennuie), je sais aussi qu'il y aura toujours un moment où on va me regarder avec des yeux ronds, je sais que mon esprit vagabonde sans cesse, que j'ai besoin de créer en permanence, quel que soit le domaine sur lequel je me penche je réussis (le problème c'est que je ne vais pas au fond, je suis déjà partie sur un autre domaine à explorer ; je tente d'apaiser cet aspect là).
    Oui, je me retrouve beaucoup dans tes mots. J'ai réglé à peu près la chose en me disant que j'étais décalée et que j'allais organiser mon monde en fonction. Douée ou non, il n'y a que moi au fond de moi, moi et ce décalage permanent. Et je m'aime bien, ainsi :)

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    1. Quelque soit ce que l'on est, il est important d'être avant tout QUI on est. Il faut se réaliser soi-même, ne pas laisser de côté une parcelle de soi, tout est important pour respecter notre intégrité !

      Merci pour ton commentaire. Je redoutais les réactions qui pourraient suivre la lecture de mon article mais ce soir… je suis sur un petit nuage ! C'est parfait pour cette magnifique journée de 25h !!

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  4. Tentative de commentaire numéro deux (on y croit) !

    Je ne partage pas tellement l'avis de l'Explorateur dans la dernière partie de ton article. Effectivement, je ne suis pas convaincue que s'égarer dans ses idées soit un acte de lâcheté. Ne serait ce pas surtout une façon de se préserver ?

    Je crois qu'en tant qu'être humain nous avons profondément besoin d'adhésion, nous avons besoin d' "appartenir" à une communauté, et cela me semble logique que tu éprouves des difficultés à te livrer ou te sentir en phase avec la réalité si tu n'arrives pas à t'identifier à ses idéologies, si tu condamnes ses incohérences ou souffre de ses injustices.
    Penser, c'est essayer de comprendre son univers. Ce qui est un premier pas pour apprendre à l'aimer. Je dirai même que ta façon de penser est audacieuse et courageuse, car vibrante de sincérité. Tu crées des liens, bâtis des ponts, toujours dans l'espoir de relier des choses qui n'avaient - à priori - aucuns liens entre elles.
    Ce n'est pas lâche que d'essayer de trouver des réponses à tes questions dans le calme et le silence. Ne dit on pas qu'il est justement un grand bâtisseur ?

    Par ailleurs, contrairement à ce que tu penses, j'estime que tes élèves ont bien de la chance de t'avoir en tant qu'enseignante. S'ils ne le réalisent pas encore, je crois pouvoir affirmer qu'ils te seront reconnaissants plus tard - que ce soit dans la poursuite de leur études supérieures ou dans la vie de tous les jours - de ton approche pédagogique. Présenter le problème sous différents angles pousse à la réflexion et incite à admettre la nuance. Toutes les palettes de possibilités qui se devinent entre les lignes, le fait qu'il n'y ait pas toujours qu'une seule bonne ou mauvaise réponse (sauf peut être en math hein...) .


    Merci pour cet article très intéressant :)

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    1. Mais se préserver de soi-même, n'est-ce pas de la lâcheté ? De la lâcheté face au bonheur et face à l'autre aussi, parce que tu as peur de te montrer tel que tu es ?

      En mathématiques, il y a peut-être une seule bonne réponse complète, il y a presque toujours une multitude de façon d'y répondre. Chaque type de réponse révèle ta façon de penser, la façon dont tes idées s'organisent, l'étendue des techniques mathématiques dont tu disposes… La nuance est là, c'est ce que j'essaye de faire comprendre à mes élèves lorsqu'ils me demandent : "Mais comment on fait ?" Ils ont du mal à accepter ma réponse (toute faite pour l'occasion) : "Comment tu VEUX faire ?"

      Là on ça n'allait plus en cours c'est lorsque je perdais confiance en moi, confiance en ce que je leurs disaient… parce que j'avais peur de leur présenter une méthode qui ne pouvait pas leur correspondre. Bon, c'était juste un passage, je vais me rattraper cette semaine. Comme je te le disais sur HC, écrire cet article m'a fait beaucoup de bien.

      En tout cas tu as bien fait d'insister pour publier ton commentaire, il tourne encore le problème dans un autre sens ! Merci.

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  5. C'est curieux comme tu perçois la notion de lâcheté ! Tu te sens le devoir de faire face au Bonheur et aux autres, avec toute la ferveur et ses obligations que cela incombe dans l'immédiat. Tu ne conçois pas de t'autoriser une trêve de temps à autre ?
    Je ne pense pas que se mettre en retrait pour se préparer au plongeon soit toujours un manque de courage : c'est peut être aussi une façon de prendre de l'élan. Pour mieux y faire face ensuite.

    Il n'y a pas de mal à se préserver pour éclore au monde et autres quand on s'en sent capable. On ne devrait pas s'en sentir coupable ou honteuse ! Car à mon avis, se préserver c'est aussi une façon de respecter son intégrité !

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    1. Dans mon cas, c'est plutôt un retrait permanent, tellement permanent qu'il semble faire parti de ma personnalité, pour ne jamais me lancer en avant. Donc, oui, il s'agit bien de lâcheté et je n'ai pas trop peur de le dire.

      Se préserver, d'accord, mais mettre de côté une part de soi, ce n'est pas se préserver, selon moi, c'est plutôt se partager. De l'automutilation, si je me permets d'aller dans les mots extrêmes. Se préserver c'est garder vers soi ce qui est bon, ce qui est réconfortant et s'éloigner du négatif… Et ce que je laisse pourrait m'aider, cela va de soi.

      C'est comme si j'avais de quoi vivre pleinement, avec moi, sur moi, depuis si longtemps, et que je me refuse éperdument à la prendre.

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  6. J'ai trouvé cet article très intéressant, sans doute parce que je m'y suis pas mal reconnue ^^. Est-ce que tu connais "Je pense trop" de Christel Petitcollin ? Je l'ai lu il y a quelques années et il m'a fait du bien à l'époque.

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    1. Bonsoir Lili, merci pour ton passage ici et surtout pour ton petit mot !

      Peu après avoir écrit mon article, j'ai eu quelques "révélations" sur moi-même et je dois dire que je me sens beaucoup moins préoccupée par la question tout d'un coup… parce que j'ai trouvé MA réponse ! Les choses ont évolué tellement vite !

      Je te remercie pour le conseil lecture même si je pense que je ne vais pas le suivre parce que je suis dans une période de ré-appropriation et c'est un exercice que je veux faire moi-même pour moi-même. Je crains qu'une lecture supplémentaire soit contre-productive.

      Je n'ai pas l'impression de penser "trop", je pense de façon confortable et plaisante… Il faut à présent que je cesse de penser en cachette et d'avoir peur de ne pas "bien" penser et de devenir idiote ^^

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    2. Ah mon sens, le titre du livre est trompeur mais bon... :-) Et je suis tout à fait d'accord avec toi avec le fait que trop de lectures peut-être contre-productif. En général j'aime bien cogiter (nous y revoilà) et trouver une partie de mes réponses avec d'aller chercher à l'extérieur ce qui pourrait m'aider. C'est chouette que tu aies eu des révélations et je suis ravie de ne pas être la seule à utiliser ce mot. J'adore ces façons qu'à la vie de nous faire avancer. :-)

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    3. C'est exactement ça : la vie me fait avancer par surprises successives et j'ai pris goût à sa personnalité imprévisible !

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  7. Je me retrouve tellement dans ton article...
    S'ennuyer rapidement, se perdre dans ses pensées au milieu du conversation, cette façon de "penser trop fort" au point de ne plus être dans le monde réel, cette école où j'étais très bonne sans pour autant faire d'effort, cette façon d'être surprise de la façon dont raisonne les autres (injustices, méchanceté, égoïsme)...
    Mon manque de confiance en moi ne m'a pas permis de me poser la question "suis je surdouée ?" mais pendant mes études j'ai fait un stage chez... Mme Facchin justement !
    Et à ce moment là je me confrontée à cette question : et si j'étais un zèbre moi aussi ?
    Le fait est qu'en voyant les tests j'ai compris que non : les surdoués n'ont pas de mal à résoudre un problème lorsqu'on en augmente la difficulté sans en changer la trame logique, moi si.
    Je pense que je suis différente, simplement et que mon raisonnement est particulier.
    Mais j'ai une question : est ce si important et quelle est la réponse que tu aimerais avoir ? ;)

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    1. Depuis quelques jours je me permets de me dire sans trop me poser de questions : "tu es surdouée" et ça me fait un bien fou ! C'est comme si je permettait à mon esprit de penser des choses nouvelles, je ne cache plus mon intelligence comme je le faisais, je n'ai plus peur de dire des bêtises et de passer pour une idiote... Alors peut-être que mon cas a comme toi rien à voir avec la surdouance, nous verrons ! Je passe bientôt les tests ! Je prends le risque de ne pas l'être. Oui, ce que je voudrais c'est l'être, évidemment, pouvoir continuer simplement sur cette lancée, progresser de cette façon.

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Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

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