: Les femmes, les hommes, et leurs hormones ont bon dos…
Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

jeudi, octobre 01, 2015

Les femmes, les hommes, et leurs hormones ont bon dos…


Bien souvent, lorsque j'entends parler des femmes, je tique. Il y a des phrases, des réflexions, qui me mettent mal à l'aise. On a déjà beaucoup parlé du machisme ordinaire, des "C'est normal, c'est une femme après-tout" que vous pouvez entendre lorsque vous cognez un petit poil une voiture ou lorsque vous n'arrivez pas à comprendre un plan ou une notice, et de ces petites phrases qui nous font sentir toujours moins bien que les hommes. Evidemment, quand j'entends ce genre de chose, un truc s'enclenche en moi, un système d'auto-défense mental qui protège mon image des jugements. Ce dont je voudrais vous parler aujourd'hui est de toute évidence lié, cependant il ne s'agit plus ici de comparer les femmes aux hommes (non, ça c'est bon : on a compris, c'est out) mais de comparer les femmes aux… êtres humains ! Voyez un peu la subtilité ? Il ne s'agit plus d'égalité hommes-femmes maintenant, mais de rapport femmes vs êtres humains.

Connaître sa nature profonde, c'est aussi la clef de la liberté !

Ma gêne a débuté lorsque je me suis approchée de la maternité, lorsque je suis subtilement passée du statut de fille à celui de femme. Quelques mois auparavant j'étais une jeune étudiante qui s'apprêtait à entrer dans la vie active, une débutante, et voilà qu'en fait j'entrais dans un hôpital pour accoucher. J'ai entendu parlé du baby blues en ces termes : c'est la chute d'hormones, c'est parce que la femme ne veut pas accepter que son enfant ne lui appartient plus… Je n'avais jamais considéré la petite loutre comme ma propriété, alors ces histoires d'attachement et de partage je n'ai pas trop accroché du départ. Mais lorsque je me suis confrontée à une vraie naissance, j'ai vu tout autre chose.

Ces messages qu'on reçoit comme si on roulait sur l'autoroute (fatigue = faites une pause / chute d'hormones = baby blues) cachent une réalité bien plus dure. Et la fatigue alors ? Et la douleur alors ? Et la solitude alors ? Parce que laisser une mère seule chez elle ou enfermée dans une chambre dégueue à la maternité avec des visites inopportunes, avec toute la responsabilité d'un tout petit être humain, sans truc bien cuisiné à manger, ça suffirait pas à expliquer le baby blues ? Ok, les hormones, je veux bien… Un peu… Et si, en fait, les femmes étaient aussi des êtres humains, capables de souffrir devant une tâche immense à accomplir, capables de souffrir parce qu'elles se sentent seules et incomprises ? Et jugées ?

Vous avez déjà relevé comment on parle de l'orgasme féminin ? Puissant, mystique, … Il parait que les hommes nous l'envient, il parait que les artistes (masculins) n'arrivent pas à le représenter. Mais parle-t-on souvent du travail sur elles-mêmes que doivent parcourir de nombreuses femmes pour l'atteindre ? Comment leurs apprend-t-on le lâcher prise ? La conscience d'elle-même ? En jugeant les femmes qui ne le connaissent pas, en leurs appliquants le terme de "frigides" en leurs faisant bien comprendre qu'elles, qui étaient déjà moins qu'un homme, sont aussi moins qu'une femme ?

Je me dis souvent que si les femmes étaient réellement considérées comme des êtres humains à part entière, des êtres capables de se réaliser eux-mêmes, sans ne faire que suivre leurs instincts et leurs prédispositions, on arrêterait de les idolâtrer comme s'il s'agissait de dieux. On les apprécierait pour tout le travail qu'elles effectuent, tous les jours, pour devenir ce qu'elles sont. Une femme qui rend un enfant heureux ? C'est l'instinct maternelle. Une femme qui réussit en affaire ? C'est l'intuition féminine. Une femme qui comprend le monde mieux que personne ? C'est sa nature sensible.

J'ai lu aujourd'hui un article très doux et tendre écrit par Lovely-Poppies qui parlait du désir d'enfant. Tout de suite, elle s'est défendue contre la fameuse "horloge biologique". L'horloge biologique, je ne nie pas son existence. Comme pour les hormones, je me dis : pourquoi pas. Mais Lovely-Poppies a évoqué dans son article tout autre chose : l'amour. Oui, car figurez-vous, une femme est capable d'aimer et cet amour peut engendrer des envies. Par exemple : quand j'aime l'Explorateur, je veux faire l'amour avec lui. Et oui, très probablement, j'ai une ribambelle d'hormones qui se mettent en branle à ce moment là, mais le chef d'orchestre de tout ce remue-ménage c'est l'amour. Ne l'oublions pas.

Je vois également que les hommes ne sont pas en reste niveau discrimination. Il y aurait surement tant à dire sur leur compte à eux aussi. Qu'ils m'excusent de ne pas davantage m'étaler sur leurs sujets, je ne voudrais pas faire de cet article une série d'exemples. Je voudrais avant-tout, et parce que c'est le plus important, vous rappeler ce qu'est un être humain.

Un être humain est un être à la fois d'oeuvre et de spiritualité. Il est capable de penser à des choses que ses sens ne perçoivent que s'ils sont reliés à son âme. Il est capable de transformer ce qui l'entoure. De créer. D'apprendre. De se dépasser chaque jour, d'aller droit vers ses aspirations. Alors, non, un être humain n'agit pas seulement parce que ses hormones font ci ou ça, parce que son instinct lui dicte d'aller là ou là, ils le font, c'est certain, mais un être humain a les capacités de croire en des choses plus grandes, des choses qui le dépassent et qu'il ne contient pas nécessairement. Et de ce fait, un être humain a des besoins propres à sa nature. Besoin de contact. Besoin d'échange. Besoin de nourriture psychique. Quand on oublie la nature humaine des hommes et des femmes, on ne les respecte plus, on ne respecte plus leurs besoins spécifiques. Et on produit des êtres moins qu'humains. Perdus. Violents. Dévastateurs. Capables à peine de percevoir leurs instincts. Des êtres défectueux.


Respecter la nature humaine d'une femme, d'un homme, d'un enfant, c'est aussi ça la bienveillance.

Et croyez-moi ou pas, un esprit bienveillant ça ressemble à ça : c'est puissant et léger.

14 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec beaucoup de choses que tu dis. Il serait temps de démystifier la femme, la mère (et de la désinfantiliser aussi, car il y a les deux extrêmes) pour voir que ces forces et ces faiblesses, ce sont celles de n'importe quel être humain. J'aime bien comment tu expliques le baby blues. En effet, les hormones ont toujours bon dos, mais est-ce qu'on se rend compte du bouleversement concret et objectif que représente un enfant dans une vie ? Il n'y a pas d'un côté les mères wonderwomen qui réussissent tout, et de l'autre les faibles qui plongent à corps perdu dans la dépression post-partum. Il n'y a que des histoires singulières, et des tas de nuances.

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    1. Voilà ! C'est le mot que j'aurais dû utiliser ! Démystifier ! Merci !

      J'aimerais bien qu'on arrête de tout faire porter par les hormones et quelques principes de psychologie re-visités. On arriverait très certainement à s'aider et à se comprendre plus sereinement.

      Je crois ensuite que la mystification et l'infantilisation de la femme vont de pair. Parce qu'on idolâtre la femme, on la considère comme au dessus de la vie d'un simple être humain, comme si elle n'avait pas besoin d'expériences humaines pour exister. Et puisqu'elle est, de toutes façons, au dessus de tout ça, les apprentissages ne la regardent pas. Donc, on ne lui apprend rien, on fait à sa place. Et parce qu'on fait à sa place, on l'infantilise, on la préserve de ce qui n'est pas sensé la concerner.

      Exemple concret : le parking de la gare de TGV est trop cher, on gare la voiture dans un village un peu plus haut. Il faut marcher entre la gare et le village, donc on dépose bagages, chien et enfant à la gare avant de garer la voiture. Qui fait le plus souvent le chemin entre le village et la gare ? L'homme bien sûr. Parce que la femme doit être préservée de cet effort. Je suis obligée de me faire violence, de me porter volontaire pour cet effort. C'est finalement très valorisant. Je fais plaisir à mon compagnon et lui permettant de rester tranquille à la gare et moi je suis contente d'avoir fait ce petit effort de marche.

      Je me démystifie doucement :-)

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  2. Très bel article <3 Je trouve toute la première partie très juste, j'aurais aimé l'écrire :) Bravo, tu es brillante (n'y vois aucune flatterie de ma part^^) . Plus je te lis et plus je me dis que tu as tout d'un(e) grand(e) écrivain(e)... J'espère que certains vont s'en rendre compte. Bises !

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    1. Toute la première partie… Ca veut dire que le reste c'est… ?

      Si tu savais combien de tes articles j'aurais aimé écrire… ! Mon préféré est sans conteste : "Et si on était payé pour être heureux", j'y pense sans arrêt, sans arrêt. (D'ailleurs, si quelqu'un lit ce commentaire, il peut se rendre à la page suivante : http://billetscosmiques.com/et-si-on-etait-paye-pour-etre-heureux/, il ne sera pas déçu !) Connais-tu le magasine "We demain" ? Il parle de ça justement dans leur dernier numéro.

      J'espère aussi que certains vont se rendre compte de mon talent ! :-D Mon premier roman n'attend plus qu'eux !

      Merci pour ce petit commentaire qui me donne confiance avant mon long samedi de travail.

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  3. Tu as raison et je n'avais jamais vu ça comme ça. En revanche je peux me servir de mes cours d'Histoire Contemporaine pour te dire que... c'est pas nouveau. Après la Révolution on a dit "les hommes naissent égaux, blablabla" sauf que demeurait l'incertitude autour du mot "homme" : l'humain ou l'homme ? Ce n'était pas clair. Et on a continué à vivoter comme ça un moment, en acquérant des droits assez lentement, assez progressivement mais en fait je crois que c'est vrai : on ne s'est jamais posé la question de savoir si nous étions des êtres humains et en fait je crois que ça tient à notre langue. Les Anglais disent "man" et "human", il n'y a pas de confusion possible. Nous on dit "homme" et "Homme". Du coup je crois que, même si on sait que Homme avec la majuscule ce sont les humains, inconsciemment on n'y associe pas forcément les femmes parce que le mot reste "Homme".

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    1. Moi même, quand j'entends parler des droits de l'Homme (même avec la majuscule), je ne me sens pas particulièrement concernée. Paradoxalement, je n'ai pas envie qu'on écrive les droits de l'homme et de la femme (ça fait pièce rapportée) ni les droits de l'être humain, ni les droits de l'humain (le sens se perd)… C'est comme si je ne faisais pas partie de cette Homme-anité. C'est aussi pour ça que j'ai écrit cet article : pour clarifier les choses, autant pour moi-même que pour d'autres. J'ai envie d'être reconnue en tant qu'être humain, que mes besoins d'être humain soit reconnus, mais je ne veux pas entrer dans ce mot : Homme, je ne m'y reconnais pas.

      Pour ce qui est de l'anglais, je ne suis pas une grande spécialiste mais je remarque quand même que MAN est un mot simple tandis que HUMAN et WOMAN sont des mots composés, comme si la base était MAN et le reste… des compléments.

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  4. Déjà, si on fait bien la distinction entre le baby blues, dont je veux bien croire qu'il soit au moins en partie lié à la chute des hormones et la dépression du post-partum qui un phénomène infiniment plus complexe et insidieux, on a déjà fait un grand pas. Le problème c'est qu'on part d'une situation réelle vécue par beaucoup de femmes pour en faire une réalité qui tendrait à prouver que nous ne sommes que de pauvres petites choses fragiles et irrationnelles qu'il faut absolument protéger d'elles-mêmes. Et pour bien enfoncer le clou, on nous a répété que si on n'avait pas d'enfants, si on avait pas procréé, par choix ou par circonstances de vie, on était pas vraiment des femmes, pas vraiment des adultes. Au mieux des "filles", de pauvres filles.
    Tiens, je vais prendre l'exemple du Syndrome Pré Menstruel. Pendant longtemps, j'ai cru que c'était un mythe comme celui de l'instinct maternel (ahahah, la bonne blague) ou l'intuition féminine visant à bien nous faire comprendre où était notre place, à nous femelles soumises aux aléas de leur cycles et de leurs hormones. Sauf que j'ai rencontré des nanas qui en chiaient vraiment les jours précédents leurs règles (fatigue intense, irritabilité, déprime...). Et non, ce n'est pas dans leur tête (d'ailleurs le SPM disparait souvent quand elles prennent la pilule).
    Finalement, le problème n'est pas que le baby blues ou le SPM puissent être liés aux hormones, le problème est qu'on se sert de ces phénomènes réels, qu'on les détourne pour édicter une image de LA femme. LA femme doit prendre son pied quand elle baise mais uniquement avec l'homme qu'elle aime (sinon, c'est une pute) parce que LA femme doit être amoureuse pur éprouver du désir. Et puis LA femme doit vouloir des enfants (sinon, c'est qu'elle est égoïste ou immature), aimer être enceinte, aimer ses rejetons dés qu'on les leur pose encore gluant sur leur poitrine et ceux de façon inconditionnelle (sinon, c'est une mauvaise mère). Et bien sûr, LA femme aime les choses futiles comme le maquillage et les sacs Louis Vuitton, elle cherche la sécurité financière et affective auprès des hommes, elle sait faire le ménage (pas besoin d'apprentissage, c'est livré avec les ovaires), elle pleure en regardant des comédies romantiques et elle adore le rose.

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    1. Pour les deux exemples que tu cites, la dépression post-partum et les syndrômes prémenstruels, je pense que ces deux pathologies seraient mieux pris en charge si elles étaient reconnues pour ce qu'elles sont : des pathologies et non pas une généralité féminine. Non, LA femme ne souffre pas nécessairement, elle n'est pas créée pour souffrir.

      Merci pour ton commentaire très intéressant !

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  5. J'aime vraiment beaucoup ce que tu dis ici. Je ne suis encore qu'ado mais je commence à percevoir ce genre de choses dont tu parles dans ton article. C'est toujours bien de rappeler que finalement nous sommes tous des êtres humains et que ce que nous faisons n'a pas forcément une raison scientifique. J'exagère peut être mais je pense que ce devrait être un message à partager des millions de fois, limite à une échelle universelle ^^

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    1. Merci pour ton commentaire et ton passage ici Does Zare ! "Marguerite" était le nom que l'on me donnait lorsque j'allais manger avec les maternelles ^^

      Je ne sais pas vraiment si l'on peut dire que ce que nous faisons n'a pas toujours de raison scientifique parce que la raison scientifique est parfois toute trouvée : nous avons (parfois) le fonctionnement d'un simple être humain. Mais, je pense comprendre ce que tu voulais dire par là.

      Je ne crois pas que tu exagères, je suis d'accord avec toi : nous sommes des êtres humains, ça devrait être répété et répété et même… appris. :-D

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  6. C'est adorable ! Merci <3 Je ne connais pas "We demain" mais je vais aller voir ça de plus près, bonne journée !

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  7. Tout a fait d accord avec toi sur cet article. Les hormones sont là, réelles, et nous jouent souvent des tours, certes, mais elles ne font pas tout de La Femme.
    Ce que tu dis sur le baby blues et la DPP, m a aidé à avancer et surtout à déculpabiliser sur cet état qu on ne contrôle pas et qui fait souffrir. On a l image idéale de La Mère qui se doit d aimer son enfant à la 1ère seconde, se doit d être souriante et reconnaissante de ce "cadeau" que la vie lui offre. Elle doit être parfaite de bonheur et de gratitude (surtout si l accouchement s est bien passé et que le bébé à la santé). Mais on souffre. Et on culpabilise de se sentir épuisée, de mauvaise humeur, triste aussi et à bout de nerfs! Personne ne semble comprendre cet état et personne autour de la mère ne la laisse respirer! Stop! Merci à toi de dire (d écrire en fait!) que l'on a droit à cet état car on est des Êtres Humains, Hommes ou Femmes, après une épreuve pareille, on est vidé!
    Je déculpabilise grâce à toi.

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    1. Et bien nous nous sommes aidées mutuellement grâce à ce petit blog ! Ca me fait bien plaisir !

      Je crois que déculpabiliser est la première étape à franchir avant de pouvoir pleinement se reposer. Puis ensuite de rester aimant et bienveillant. Il faut régler les problèmes les uns après les autres, n'est-ce pas ? Comment être bien avec son enfant lorsqu'on n'est déjà pas très bien avec soi-même ? Et ce n'est certainement pas le rôle de nos bout-de-choux de nous réconcilier. C'est à nous de faire cet effort, un effort dont tout le monde sortira gagnant.

      Je repense maintenant à Oyun, qui a abandonné ses enfants les uns après les autres. Pour ses deux garçons, elle ne s'est même pas posé de question. Elle n'avait jamais ressenti le "petit truc" qui les aurait reliés à elle. Et d'ailleurs, je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais ses deux garçons faisaient parti des gens qui ont sonné l'alerte lors de sa fuite. Je crois qu'elle a eu raison de ne pas culpabiliser pour eux. Ils ont très bien grandi sans elle.

      Mais lorsqu'on aime son enfant ? Lorsque tout nous relie à lui ? Et bien le premier apprentissage qu'on a à transmettre n'est-il pas : "Tu es humain parmi les humains, nous avons nos faiblesses mais il ne faut pas en avoir peur, nos capacités sont également extraordinaires. Regarde comment maman fait…" ?

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Céline.

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