: Lettre ouverte à la Paix
Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

jeudi, août 20, 2015

Lettre ouverte à la Paix


Chère madame Paix,

J'ai appris au cours de ma vie deux-trois choses à votre sujet. Deux-trois choses, ce n'est rien, et pourtant je me sens riche de cette connaissance tellement elles m'ont été difficiles à obtenir. J'ai peu à peu compris pourquoi vous étiez si précieuse, pourquoi il était important de faire la paix, mais aussi pourquoi vous êtes si difficile à trouver.

Paix, vous êtes lorsque les deux entités qui se faisaient la guerre ont décidé de se pardonner et ont trouvé entre elles un état où ni l'une ni l'autre ne se sent lésée. Paix, vous êtes lorsqu'il y a eu réparation, reconnaissance de la souffrance de l'autre, ouverture, compréhension, partage. En fait, on ne peut pas faire la paix tout seul. Il faut que les deux partis veulent la paix pour l'avoir. Vous ne pouvez pas être en paix avec quelqu'un si ce quelqu'un n'est pas en paix avec vous.

Paix, vous êtes si importante car lorsque vous êtes installée il n'y a plus de blessures, sans qu'il y ait besoin de vainqueur. En ce sens, vous êtes magnifique, vous la paix, et ceux qui ne veulent pas de vous s'enlaidissent chaque jour.

tha thứ : le pardon. Je ne savais pas qu'il était aussi difficile
d'être pardonnée que de pardonner soi-même.

Voyez-vous, je vous écris parce que j'ai besoin de vous. J'ai besoin que vous vous installiez entre moi et un autre. Cet autre, je le connais depuis longtemps. Et depuis bien longtemps nous nous blessons mutuellement tout en tenant à rester proches l'un de l'autre. Vous l'avez bien compris, il s'agit là d'un conflit de longue date qui ne veut jamais se finir. De vous, la paix, j'en voudrais bien mais j'ai l'impression que dès que lance mon processus de paix, l'autre en profite pour se venger et utilise la moindre de mes erreurs pour crier haut et fort mon manque de sincérité : "Céline ! Si tu voulais vraiment faire la paix, tu ne dirais pas ça !" A force, je ne sais pas quoi faire.

Comment faire la paix avec quelqu'un qui n'est pas prêt à vous recevoir ? Comment être pardonnée par quelqu'un dont je ne comprends même pas ce qui le blesse ? Dois-je accepter la situation, encaisser quelques attaques malsaines, le temps que sa rancoeur soit satisfaite, si elle est satisfaite un jour ? Qu'est-ce que j'aimerais avoir la paix le temps que nous le soyons tous les deux, en paix !

Je crois pourtant que je suis prête. Je ne le juge pas. J'ai compris nos différences et je les respecte. Je me contente de ses réussites, j'accepte ses choix. Si jamais nous avions la paix, l'un et l'autre, ce serait réciproque, n'est-ce pas ? Je pourrais lui parler sans avoir peur de toucher à la petite bête qui le grâtouille, sans craindre de le fâcher. Au lieu de cela, dès que nous nous voyions, je me force à disparaître, pour ne pas rallumer la mèche d'une bombe qu'il met sous mon nez. C'est fatigant. Je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Paix, vous avez dû en voir des milliers, des situations comme la mienne.

Je me doute bien qu'il doit en avoir sur le coeur lui aussi, pour ne pas vouloir de vous. Mais, je suis là. Je l'aime bien, cet autre, je voudrais passer de bons moments avec lui, compléter les souvenirs que j'ai déjà de lui. Je me doute bien que ça ne doit pas être facile de son côté, s'il rumine encore des ressentiments, si je continue à nourrir ses peines par mon ignorance. Si seulement il me disait, si seulement il n'avait pas peur de vous, de voir qu'en fait, tout ça, c'est fini. Car moi, je suis prête à nous aider, à l'écouter et à le comprendre. Après tout, ne suis-je pas sa sœur ?

J'attends de vos nouvelles, madame Paix, et je vous souhaite de trouver des lieux agréables où  vous installer en attendant de pouvoir habiter chez moi.

Bonne route.

Céline.

10 commentaires:

  1. Très touchant, surtout en apprenant de qui parle ce texte...

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    1. C'est une situation qui en plus de me faire de la peine, fais peur à ma maman. Elle se souvient qu'elle a été fâchée longtemps avec son frère et ne veut pas qu'une telle situation nous arrive à nous aussi. C'est dommage d'être fâché avec sa famille, ça ruine des moments précieux. :-(

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  2. Je comprends tellement, ce n'est pas facile. Des fois, l'ego prend le dessus. La peur d'être blessé par l'autre aussi, de baisser la garde...on attaque pour ne pas être attaqué ou on est sans cesse sur la défensive. Il faut de la patience je crois...beaucoup de patience...et comme tu le fais déjà, essayer de comprendre l'autre...parfois, les mots ne suffisent pas, il faut montrer. Ne pas subir mais échanger sans hausser le ton, sans remontrance....

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    1. Merci Elodie pour ton commentaire.
      Tu as raison. J'ai peur d'être attaquée alors je suis rapidement sur la défensive. Mais nous en sommes à un point où l'échange n'est pas possible. Parce que nous ne nous comprenons pas et parce que l'un de nous deux refuse de voir que nous ne parlons pas le même langage et que nous ne partageons pas les mêmes valeurs…
      De la patience. C'est l'idée que je retrouve dans tous les commentaires que j'ai reçus. Je crois que c'est ce qu'il me faut apprendre maintenant.

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  3. C'est toujours très compliqué ce genre de situation. Essaye le plus possible de ne pas te laisser miner par cette incompréhension entre vous, je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire... Et pourquoi pas mettre un peu de distance entre vous, vous manquer pour mieux vous retrouver ? Courage <3

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    1. C'est une idée qui m'a aussi été suggérée par une autre lectrice… Laisser un peu de distance entre nous, le temps que nos blessures et rancoeurs respectives se tassent… pourquoi pas !
      C'est aussi ce que me dit souvent l'Explorateur : pourquoi cherches-tu tant à comprendre ce qu'il te dit ? Laisse lui l'occasion de chercher à être clair avec toi.
      En tout cas, après avoir écrit ce texte, je crois que c'est tout ce qui me reste à faire !

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  4. Oh c'est tellement dur d'être attaché à une personne, et de ne pas pouvoir faire la paix avec... Je te souhaite beaucoup de courage. Parce qu'il en faut du courage pour avoir cette paix qu'on recherche tant... Il n'y a que le temps qui peut parfois guérir les vieilles blessures top profondes... Je connais bien ça aussi avec des proches :-( Bisous

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    1. Je suis quand même rassurée de voir que ça n'arrive pas qu'à moi… ! Suite à cet article et grâce à vos commentaires j'ai, je pense, trouvé la paix avec moi même qui me manquait, avant de pouvoir trouver la paix que je cherche avec mon frère. Tout est question d'attitude. Ce n'est qu'un début, mais il faut toujours un début, n'est-ce pas ?
      Merci pour ton commentaire !
      A bientôt :-)

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  5. Je comprend ton désarrois Céline. Il m'est arrivé par d'autres occasions la même chose, comme tout un chacun, et cela laisse un goût amer dans la bouche. Un vertige dans le coeur, comme si on se trouvait au bord d'un gouffre sans fond, tellement prenant, on ne sait pas a quoi se raccrocher pour ne pas tomber.... Alors on se raccroche aux souvenirs... Ces moments où tout allait bien entre nous, où tout coulait de source, où nos pas foulaient un sol solide et réconfortant. On se demande bien ce qu'on a laissé passer... Il y a t-il, un moment donné, une petite fissure dans le sol qu'on a pas vu, ou qu on a pas voulu voir? A-t'on été trop paresseux pour le réparer? Ou trop sûr de soi? Aurait-on dû le réparer vite fait bien fait avant qu'il ne grandisse et devienne ce trou béant où tout s'enfui? Mais y serait-on arrivé malgré tous nos efforts? Et c'est là que le bas blesse. Car il y a des situations, des événements, que l'on ne contrôle pas. Il est des histoires qui ne peuvent se finir bien. Il arrive, malgré nos larmes et nos cris, que l'autre n'entende pas; n'écoute pas.
    Il est des paix qui n'ont d'autre avenir que le néant. "On ne tend pas la main à quelqu'un qui vous tourne le dos". Faire la paix, pardonner, écouter, dans meme parler de comprendre, mais juste essayer, n'est pas donner à tout le monde, hélas.
    Il se peut que ce gouffre ne se remplisse jamais.
    Mais pour ton bien, car tu n'y peux plus rien, laisse le temps s'occuper de ça, de combler tes chagrins et vos incompréhensions, et promets-moi de ne plus te pencher au dessus de ce gouffre, mais assis toi gentiment au bord, là où rien ne pourra t arriver, et prend une grande inspiration, et regarde le ciel bleu au-dessus de toi, regarde ce beau ciel qui t'illumine, et souri....

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    1. J'essaie de te répondre depuis des jours et je n'y arrive pas… je suis toujours interrompue !
      Je crois que lorsque les choses ont commencé à se gâter, nous étions tous les deux trop jeunes et trop égoïstes (trop occupés à devenir adultes) pour nous préoccuper de ce problème.
      Tu as raison : je pense qu'il n'y aura pas meilleur remède que le temps. Je vais le regarder faire et comme je le disais plus haut à Miss Thea, je crois que j'ai trouvé mon banc.
      Merci pour ce commentaire aussi inspirant que poétique (tu voudrais pas faire un blog toi aussi ?? :-D ). A bientôt !

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Céline.

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